1841-1870
Montréal, métropole du Canada
En 1852, Montréal est la ville la plus populeuse du Canada, avec 58 000 habitants, un nombre qui double presque en 20 ans pour atteindre 107 000 en 1871. Elle connaît une forte croissance sur le plan économique, notamment par l’implantation d’une industrie manufacturière diversifiée. Elle a supplanté Québec pour devenir la riche et florissante métropole du Canada.
Au cœur de la vieille ville montréalaise, les activités portuaires, commerciales et industrielles dominent et créent de la richesse. Cependant, le bruit, l’agitation, les odeurs nauséabondes s’amplifient, au détriment des résidents. Les déchets jonchent le sol, les eaux d’égout ne sont pas évacuées. Peu de mesures d’hygiène publique existent à cette époque : des épidémies de choléra et de typhus déciment à quelques reprises les ménages entassés les uns sur les autres. La montagne offre alors un souffle d’air frais à ceux qui ont les moyens de s’y établir.
Le paysage de la montagne et de ses environs change
Au milieu du 19e siècle, il y a changement de propriétaires sur une partie du flanc sud de la montagne. Des promoteurs lotissent des terres et les structurent pour former une « ville nouvelle » (New Town), inspirée de celle d’Édimbourg en Écosse, y incorporant des terrains en longueur et des ruelles. Ils veulent y amener une clientèle aisée attirée par les points de vue et l’air sain. Deux types de résidences se construisent alors de part et d’autre de la rue Sherbrooke.
Il y a les magnifiques villas entourées de jardins, au nord, dans ce quartier qui sera plus tard connu sous le nom de Mille carré doré (Golden Square Mile), entre le chemin de la Côte-des-Neiges et l’actuelle avenue du Parc, au nord de la rue de la Gauchetière. L’une de ces somptueuses résidences est celle de sir Hugh Allan, Ravenscrag, située avenue des Pins, de laquelle le riche homme d’affaires voyait arriver ses bateaux dans le port.
Il y a également les maisons en rangée. On voit apparaître les maisons « terrasses » (terrace houses) inspirées d’un modèle britannique, construites surtout au sud de la rue Sherbrooke pendant une quinzaine d’années seulement.
Les autres types de maisons en rangée s’imposent cependant : il s’agit de maisons regroupées, mais dont chacune a gardé sa personnalité.
De l’autre côté du mont Royal, le versant nord est moins urbanisé, les agriculteurs y sont encore nombreux. Hosea Ballou Smith est l’un des propriétaires terriens qui exploitent une ferme sur un vaste terrain. La maison Smith est le seul témoin actuel de l’architecture rurale montréalaise de cette époque.
Certaines familles aisées continuent à venir passer leurs étés dans des villas de villégiature au sud du village de Côte-des-Neiges ou le long de l’actuel chemin Queen-Mary, comme c’est le cas pour la famille de John Molson fils dans sa résidence Terra Nova (BR-008). Ces maisons d’été deviendront bientôt permanentes.
La montagne et la qualité de vie des habitants de Montréal
La croissance de la population sur un territoire qui prend de l’expansion exige l’installation de systèmes d’hygiène publique. À partir de 1845, la Ville de Montréal met en place un système d’aqueduc, achevé en 1856, qui comprendra deux réservoirs d’eau potable sur la montagne, dont le réservoir McTavish.
Pour des raisons de salubrité, pour gagner plus d’espace et profiter de la tranquillité et de l’air pur, le plus ancien des établissements de santé quitte le Vieux-Montréal pour s’installer à flanc de montagne. L’Hôtel-Dieu déménage effectifs et patients au pied du mont Royal : le nouveau bâtiment est inauguré en 1861 sur l’avenue des Pins.
Un autre groupe fréquente bientôt assidûment le mont Royal : professeurs et étudiants des universités et collèges qui vont privilégier la montagne pour ériger les pavillons de leurs prestigieuses institutions. L’Université McGill amorce le mouvement en 1843 avec le bâtiment de la Faculté des arts, le premier d’une série sur le campus qui se développe au nord de la rue Sherbrooke.
En 1857, les Sulpiciens déménagent le Grand Séminaire du Vieux-Montréal dans un nouvel édifice sur leur domaine de la Montagne, puis le Collège de Montréal en 1862, qui s’installe à l’est de cet édifice imposant, sur la rue Sherbrooke Ouest.
La question de la salubrité est l’un des motifs qui incitent les gestionnaires des cimetières montréalais à acheter des terrains sur la montagne. Le cimetière anglo-protestant Mont-Royal est conçu selon le modèle des lieux de sépulture ruraux, de véritables jardins à l’aménagement paysager soigné qui charment les promeneurs.
Le cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges affiche un caractère monumental inspiré de la tradition française et des valeurs catholiques. Il devient le plus important cimetière catholique du pays.
À ces deux vastes espaces de sépulture s’ajoutent deux cimetières de confession juive : Shaerith Israel, de rite sépharade, et Shaar Hashomayim, de rite ashkénaze.
Études sur le site patrimonial déclaré du Mont-Royal
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal. 2005.
POITRAS, Claire. L’arrondissement historique et naturel du Mont‐Royal, une montagne dans la ville. Une identité façonnée par les interactions entre les activités humaines et un milieu naturel. Rapport présenté au Bureau du Mont‐Royal et au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Montréal, juillet 2011.
Publications
DE LAPLANTE, Jean. Les parcs de Montréal : des origines à nos jours. Montréal, Éditions du Méridien, 1990.
Sous la direction de Dominique DESLANDRES, John A. DICKINSON, Olliver HUBERT. Les Sulpiciens de Montréal. Une histoire de pouvoir et de discrétion – 1657-2007. Montréal, Les Éditions Fides, 2007.
FOUGÈRES, Dany. L’approvisionnement en eau à Montréal : du privé au public, 1796-1865. Québec, Septentrion, 2004.
LINTEAU, Paul-André. Brève histoire de Montréal. Montréal, Boréal, 1992.
LINTEAU, Paul-André. La rue Sainte-Catherine au cœur de la vie montréalaise. Montréal, Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal / Les Éditions de l’Homme, 2010.
RÉMILLARD, François. Demeures bourgeoises de Montréal : le Mille carré doré, 1850-1930. Montréal, Éditions du Méridien, 1986.
ROBERT, Jean-Claude. Atlas historique de Montréal. Montréal, Art Global, Libre Expression, 1994.
YOUNG, Brian. Photos de Geoffrey James. Une mort très digne. L’histoire du cimetière Mont-Royal. McGill-Queen’s University Press, 2003.
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1842
Début du lotissement des grands domaines du quartier Saint-Antoine.
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1843
Ouverture du pavillon de la Faculté des arts de l’Université McGill.
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1852
Premier enterrement au cimetière protestant Mont-Royal.
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1854
Ouverture du cimetière de la congrégation juive Shearith Israel, adjacent au cimetière Mont-Royal.
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1855
Inauguration du cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges.
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1856
Mise en service du système d’aqueduc municipal, avec notamment la construction du réservoir McTavish sur la montagne.
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1861
Création du village Saint-Jean-Baptiste.
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1861
Inauguration des nouveaux bâtiments de l’Hôtel-Dieu au pied du mont Royal.
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1862
Création du village de Côte-des-Neiges.
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1863
Achat de terrains par la synagogue Shaar Hashomayim à proximité de l’autre cimetière juif pour en faire un lieu de sépulture.
Plusieurs bâtiments de cette période sont toujours visibles aujourd’hui, dont quelques maisons témoignant des styles de l’époque et des pavillons institutionnels, ainsi que les cimetières ouverts à ce moment.
Montréal en quartiers : Côte-des-Neiges
Réalisé par Héritage Montréal
Université McGill : 190 ans d’histoire
Université McGill
Grand Répertoire du patrimoine bâti de Montréal : le Mille carré doré
Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine de la Ville de Montréal
Le mont Royal, un territoire-exposition : la maison Smith
Les amis de la montagne
La maison Smith, la sentinelle du mont Royal
Dinu Bumbaru et Sylvie Guilbault, dans Continuité, no 121, 2009, p. 51-53
Musée McCord
690, rue Sherbrooke Ouest
Montréal (Québec) H3A 1E9
Renseignements généraux : 514 398-7100
info@mccord.mcgill.ca
Les amis de la montagne et la maison Smith
1260, chemin Remembrance
Montréal (Québec) H3H 1A2
Téléphone : (514) 843-8240, poste 0
info@lemontroyal.qc.ca
Centre d’histoire de Montréal
335, place D’Youville (coin St-Pierre)
Vieux-Montréal (Québec) H2Y 3T1
Renseignements : 514 872-3207
chm@ville.montreal.qc.ca
Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal
201, avenue des Pins Ouest
Montréal (Québec) H2W 1R5
Téléphone : 514 849-2919
museehospitalieres@bellnet.ca
L’Écomusée de l’au-delà
C.P. 365, succ. C,
Montréal (Québec) H2L 4K3
Téléphone : 514 528-8826
courriel@ecomuseedelaudela.net
Société d’histoire de la Côte-des-Neiges
5347, chemin de la Côte-des-neiges, 3e étage
Montréal (Québec) H3T 1Y4
Téléphone : 514 342-6754
pierre.ramet@sympatico.ca