Construite en 1893-1894 pour l’industriel Louis-Ovide Grothé, fondateur de l’une des plus importantes industries de cigare à Montréal, cette maison unifamiliale est implantée face au parc Jeanne-Mance. Entre 1929 et 1953, le bâtiment est occupé par la Bibliothèque publique juive de Montréal, avant son déménagement dans son nouvel immeuble à l’intersection des avenues de l’Esplanade et Mont-Royal.
Le quadrilatère délimité par le parc du Mont-Royal (aujourd’hui le parc Jeanne-Mance), l’avenue Duluth, l’avenue du Mont-Royal et la rue Saint-Urbain, qui fait partie du « Mile End Farm » de la famille Bagg, est loti dès 1862. La situation urbaine particulière des lots qui ont front sur la rue Saint-Urbain est saisie par leurs propriétaires en 1890, qui signent majoritairement une pétition pour demander l’ouverture de l’avenue de l’Esplanade. Ils proposent de céder gratuitement une largeur de 20 pi (6,1m) de leur arrière-lot à la Ville à la condition qu’elle cède à son tour une largeur équivalant à 40 ou 50 pi (12,2 ou 15,2 m) du territoire réservé au parc afin d’aménager une avenue de prestige qui l’embellira. La plupart des lots transversaux d’origine sont alors subdivisés et des critères d’approbation sont appliqués pour la construction des bâtiments de l’avenue de l’Esplanade. Cette opération immobilière profite de la perspective dégagée sur le mont Royal offerte par la position des lots pour produire un front bâti de qualité.
Bien que les résidences de l’avenue de l’Esplanade soient généralement destinées à la classe moyenne, cette maison unifamiliale est associée à la classe supérieure. En plus de se distinguer par son mode d’occupation, elle se démarque avec la mise en forme et le traitement du garde-corps du large balcon qui surmonte le portique et l’oriel.