Le programme de gestion écologique mis en place par la Ville de Montréal en 1996 prévoit des inventaires réguliers de la faune du parc du Mont-Royal (herpétofaune, avifaune et chauve-souris) ainsi que des observations de certains mammifères. Ce programme assure une base de connaissances et un suivi dans le temps. Toutefois, des recherches complémentaires permettraient d’approfondir les connaissances existantes, d’apporter des connaissances sur des espèces non inventoriées, de situer le rôle de certaines espèces dans les écosystèmes et de contribuer à l’identification d’indicateurs écologiques.
Portrait des populations de mammifères et suivi écologique
Contexte
La diversité des populations de mammifères du parc du Mont-Royal est connue, toutefois leur abondance et leurs dynamiques le sont moins. La croissance des populations d’écureuils et de ratons laveurs, par exemple, pose différentes problématiques sur le plan social, de la santé et de la biodiversité. Le raton laveur peut être porteur de maladies et de parasites, comme la rage, l’infection à parvovirus, la leptospirose et Baylisascaris procyonis, susceptibles d’infecter d’autres espèces sauvages, les animaux de compagnie et les humains. Des recherches complémentaires seraient nécessaires.
Priorités de recherche
- Inventaires des mammifères (renard, marmotte, écureuil gris, raton laveur, moufette, etc.) et portrait des populations présentes.
- Documentation de la croissance des populations de raton laveur et les problématiques associées (prédation chez les amphibiens et les oiseaux).
- Proposition de mesures de suivi écologique.
- Étude de l’impact de l’écorçage de certaines essences d’arbres et d’arbustes causé par l’écureuil gris.
- Recommandations face à certaines espèces en surpopulation.
Portrait des populations de petits mammifères et de leur rôle dans l’écosystème
Contexte
Les micromammifères du mont Royal sont très peu connus, bien qu’ils jouent un rôle essentiel dans l’écosystème forestier. En effet, ils sont un maillon important de la chaîne alimentaire. Ainsi, les rongeurs participent au reboisement des forêts en enfouissant des semences, tandis que les insectivores creusent des galeries sous la terre qui contribuent à l’aération du sol.
Priorités de recherche
- Inventaire des micromammifères à l’aide de pièges-fosses (en prévoyant une solution contre les ratons laveurs) et portrait des populations. Précision concernant leurs rôles dans l’écosystème et particulièrement leur place dans la chaîne alimentaire pour mieux identifier les espèces qui dépendent de cette faune. Recommandations pour assurer ou favoriser leur maintien.
- Évaluation de la performance du réseau écologique du site patrimonial du Mont-Royal quant à la viabilité d’écosystèmes porteurs de vie animale (Ville de Montréal, Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal, 2009, p. 20).
Étude de l’évolution des populations de chauves-souris (chiroptères) du fait des modifications anthropiques et du syndrome du museau blanc
Contexte
Les activités anthropiques ont une influence sur la perte, l’altération et la fragmentation des habitats et, par conséquent, entraînent la réduction des populations de chiroptères du fait de la déstabilisation des lieux appropriés à la nidification et l’alimentation. De plus, depuis 2010, le syndrome du museau blanc affecte les populations de chauves-souris au Québec. Il s’agit d’une infection fongique causée par un champignon. Fabianek (2008) a répertorié plusieurs espèces de chiroptères au mont Royal et évalué l’influence des modifications apportées par l’urbanisation sur le choix des sites d’alimentation des espèces de chauves-souris présentes sur l’île de Montréal. St-Jean (2016) a réalisé une étude comparative qui dresse le portrait des populations de chauves-souris dans l’île de Montréal après l’incidence de la maladie. Il démontre la diminution de populations de certaines espèces tandis que d’autres ont augmenté. Le programme de gestion écologique de la Ville de Montréal prévoit des inventaires réguliers des populations de chauve-souris (espèces, abondance et occurrence), toutefois des recherches complémentaires permettraient d’enrichir la compréhension.
Priorités de recherche
- Répertoire des habitats de chiroptères, identification du mode d’utilisation du territoire par les populations ainsi que des pertes d’habitats éventuelles. Recommandations afin d’assurer le maintien des habitats et la création de nouveaux, tels que des structures artificielles ou aménagements particuliers.
- Évaluation de l’impact de la maladie du syndrome du museau blanc sur les populations.
- Réflexion sur la prise en compte des chiroptères comme indicateur écologique de la qualité de l’habitat.
Étude des causes du déclin de populations de l’herpétofaune et de la perte de leur diversité génétique
Contexte
Au cours des dernières années, la biodiversité herpétologique du mont Royal a connu des modifications. Sur huit espèces qui habitaient la montagne au siècle dernier, quatre ont déserté les lieux. Des inventaires récents (Ouellet, Galois et Pétel, 2004, et Ouellet et Galois, 2016) ont rapporté la présence de quatre espèces au mont Royal : la salamandre à points bleus, la salamandre cendrée, la couleuvre à collier et la couleuvre rayée. Aucun chant en période de reproduction d’anoures n’a été entendu de même qu’aucune observation d’individus n’a été mentionnée. Malgré la présence relativement stable des salamandres et couleuvres, certaines problématiques pourraient menacer leur survie à long terme. La principale cause est le peu de milieux humides d’intérêt sur le territoire, ce qui empêche certaines étapes du cycle de vie des amphibiens. Le marécage du mont Royal est le seul milieu humide d’intérêt écologique dans la montagne. Il est utilisé par la salamandre à points bleus pendant sa période de reproduction. Les autres menaces seraient les activités humaines particulièrement les fréquentations hors sentier qui altèrent les microhabitats de certaines espèces, notamment la couleuvre à collier et la couleuvre rayée. L’augmentation des prédateurs et la présence de chiens sans laisse s’ajoutent aussi au nombre des dangers.
Priorités de recherche
- Étude des causes qui pourraient expliquer la disparition de différentes espèces d’amphibiens et de reptiles : perte d’habitats; perte de sources alimentaires; augmentation du nombre de prédateurs; fragmentation du territoire et isolement des individus; diminution de la diversité génétique, manque de connectivité écologique, etc. Cette étude pourrait inclure une description de l’écologie des espèces associées aux milieux naturels de la montagne. En outre, l’identification de la présence de ces espèces ailleurs dans l’île de Montréal et dans les Montérégiennes serait pertinente, afin de connaître les enjeux reliés à leur survie et de mettre en place éventuellement une stratégie de réintroduction.
- Étude de la qualité de l’eau du marécage du parc du Mont-Royal et de son hydrodynamique, et recommandations de mesures pour remédier aux problèmes identifiés.
- Étude de l’impact de la création récente de milieux humides et hydriques pour la faune du parc du Mont-Royal.
Inventaire des abeilles
Contexte
Les abeilles jouent un rôle essentiel dans la pollinisation et donc dans la reproduction sexuée des plantes à fleurs. La disparition des abeilles aurait des conséquences majeures sur la biodiversité et la production agricole. L’engouement récent pour l’agriculture urbaine a amené le développement de l’apiculture avec des essaims d’abeilles domestiques, qui sont des espèces exotiques. La cohabitation des espèces domestiques et des abeilles indigènes engendrerait-elle une compétition qui se ferait au détriment des abeilles indigènes et aurait ainsi un impact sur la biodiversité?
Priorités de recherche
- Réalisation, dans les milieux ouverts du mont Royal, d’un inventaire des abeilles, tant indigènes qu’exotiques, sur le plan des espèces et de l’abondance. Évaluation des impacts écologiques de leur cohabitation sur la reproduction des espèces natives en milieu naturel, en matière de compétition pour l’habitat avec les abeilles exotiques et, par conséquent, de la flore associée.
Inventaire de l’entomofaune et identification d’indicateurs écologiques
Contexte
Très peu d’inventaires de l’entomofaune (insectes) ont été réalisés sur le mont Royal. Or, les insectes sont des composantes majeures des écosystèmes. Ils ont un rôle de pollinisateurs et certains, tels que les carabidés, apportent des informations intéressantes sur le niveau de perturbation des sites. Les papillons, par exemple, sont des indicateurs de biodiversité intéressants. Le papillon monarque a été évalué comme espèce en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).
Priorités de recherche
- Inventaire des insectes ou des groupes particuliers d’insectes qui jouent un rôle important en milieu forestier, et association de leur habitat et espèce végétale préférentiels.
- Identification des espèces indicatrices écologiques permettant de faire le suivi de populations et de l’état des écosystèmes ou d’espèces floristiques (espèce végétale associée à une espèce ou un groupe ou une famille d’insectes).
Inventaire des invertébrés (autres que les insectes) et identification d’indicateurs écologiques
Contexte
Les invertébrés ont très peu été inventoriés sur la montagne et des connaissances supplémentaires seraient pertinentes. Des questions se posent, par exemple, quant à l’escargot des bois, Cepaea nemoralis, et la possibilité qu’il soit une espèce envahissante.
Priorités de recherche
- Inventaire des invertébrés.
- Vérification de la présence de l’escargot des bois et son abondance, et analyse des bienfaits et des problématiques éventuelles reliées à cette espèce sur les écosystèmes.
- Inventaire des vers de terre, tant indigènes qu’exotiques, et évaluation de leur abondance, analyse, s’il y a lieu, des impacts de la présence des espèces exotiques sur les écosystèmes.