Jusque dans les années 1860, le mont Royal était partagé entre quelques riches propriétaires terriens. Entre 1844 et 1855, Hosea Bonen Smith, un prospère marchand étasunien, fait l’acquisition d’une propriété de 186 hectares sur le mont Royal, l’un des plus vastes domaines de la montagne. En 1858, il mandate le maître maçon André Auclair pour la construction d’une maison. De 1869 à 1872, la Ville de Montréal acquiert une à une les grandes propriétés de la montagne, dont le domaine Smith, en vue de la constitution du parc du Mont-Royal, conçu par l’architecte paysagiste Frederick Law Olmsted entre 1874 et 1876. De 1874 à 1934, la maison sert de résidence au gardien du parc, notamment à William McGibbon et à John Henderson. Entre 1940 et 1980, diverses activités sociales et culturelles s’y déroulent.
La maison Smith est érigée sur un plateau au sommet du mont Royal dans le secteur de la Clairière bordé de collines boisées. Durant un siècle, elle est entourée de dépendances agricoles, dont une étable, une grange, une remise et un caveau à légumes, tous détruits au tournant des années 1960 lors du tracé de la voie Camillien-Houde et de l’aménagement du stationnement. La maison Smith demeure ainsi le seul témoin attestant la fonction agricole de la montagne avant sa conversion en parc urbain. Située à la périphérie d’espaces dégagés de la Clairière, la demeure est visible à distance à partir des chemins d’approche et des collines environnantes. L’effet de continu obtenu par les alignements d’arbres le long du chemin Smith et de l’allée d’accès met en valeur son caractère résidentiel et architectural ancien, unique au cœur du parc du Mont-Royal.
Le bâtiment a subi peu de modifications sur le plan de son architecture d’inspiration néoclassique, style dont il est représentatif notamment par ses murs en pierre à moellons extraite de la montagne, son gabarit, son toit pavillonnaire à quatre versants et ses cheminées intégrées, ainsi que par la composition sobre et symétrique de ses façades. Malgré les travaux de réaménagement, les intérieurs ont conservé leur organisation spatiale d’origine ainsi que quelques composantes de leur décor, dont l’escalier, les hautes plinthes, les boiseries encadrant les ouvertures, les moulures au plafond et les foyers.
Depuis 1989, la maison accueille les bureaux de l’organisme Les amis de la montagne et comprend une salle d’exposition permanente sur l’histoire et les patrimoines du mont Royal, une boutique nature, un café-restaurant et des salles de réunion. En 2014, la valeur patrimoniale de la maison Hosea-Ballou-Smith a été reconnue à la suite du dépôt d’un énoncé de l’intérêt patrimonial qui repose sur les valeurs historique, paysagère, architecturale ainsi que sociale du lieu.