Pour Vues transversales. Panorama de la scène artistique latino-québécoise de LatinArte, 10 LatinArtistes évoquent leurs expériences professionnelles et Montréal. Ici, le parcours de María Ezcurra.
« Les vêtements sont un aspect central de mon processus de création, qui fonctionne comme une expérience et un lieu d’échange; une façon de comprendre la négociation de notre relation avec le monde, avec les autres et avec nous-mêmes. » — María Ezcurra
L’artiste multidisciplinaire et éducatrice argentine, mexicaine et canadienne, María Ezcurra mène, depuis plus de deux décennies, des réflexions critiques sur la déconstruction des identités sociales et collectives. Son travail incorpore des pratiques artistiques collaboratives et l’éducation artistique, selon un engagement pour la participation et l’inclusion. Parmi les sujets abordés dans son travail, on compte la violence de genre, la construction de l’identité et l’immigration.
María Ezcurra s’est établie à Montréal en 2010. Lauréate du Prix de la diversité en arts visuels du Conseil des arts de Montréal en 2019 pour son parcours exceptionnel dans les arts visuels montréalais, elle a obtenu un doctorat en éducation artistique à l’Université Concordia. Elle a travaillé en tant qu’artiste en résidence à la Faculté d’éducation de l’Université McGill, où elle enseigne actuellement. Elle est en même temps animatrice artistique à McGill Art Hive et pour d’autres groupes communautaires.
María Ezcurra a participé à de nombreux événements publics et expositions dans le monde entier. Son travail plastique explore les plis de mémoire narrative de la matière, plus précisément ceux des objets trouvés. Elle s’intéresse particulièrement à la relation complexe que l’on établit avec nos objets quotidiens, ces derniers étant des dispositifs attachés à des rôles de genre et aux identités sociales.
Mise en relief artistique
María Ezcurra
Pour sa démarche de déconstruction, María Ezcurra emploie différents médiums, comme la sculpture, la performance, etc., qui rendent compte de la richesse de ses ressources plastiques et esthétiques. Telle une archéologue des objets communs, l’artiste suit les traces de subjectivité sociale et de récits personnels qu’ils portent. Par exemple, les vêtements qui étaient utilisés par un corps à un moment et dans un espace précis se disloquent et transcendent son état matériel pour éclore dans une constellation ludique de signes et de tensions ouverte à l’interprétation. Cette éclosion de sens rend compte de la complexité des relations sociales, archipel hybride des identités multiples et des interactions sociales.
Dans sa volonté de repousser les frontières d’un système de représentation, Ezcurra déshabille et expose à nu l’architecture irrégulière du pouvoir, des liens d’appartenance et les enjeux de domination et du genre qui normalisent le corps social. C’est une stratégie critique de représentation plastique que l’artiste mène avec des objets ou des actions symboliques qui s’incarnent dans la culture.
ARGONZA, Mariza Rosales (dir.). Vues transversales. Panorama de la scène artistique latino-québécoise, Montréal, Éditions du CIDIHCA, 2018, 300 p.