Pour Vues transversales. Panorama de la scène artistique latino-québécoise de LatinArte, 10 LatinArtistes évoquent leurs expériences professionnelles et Montréal. Ici, le parcours de Beatriz Herrera.
Beatriz Herrera est une artiste multidisciplinaire née au Chili pendant les dernières années du régime Pinochet. Elle a grandi dans les Prairies canadiennes et vit depuis plusieurs années à Montréal. Elle est titulaire d’un baccalauréat et d’une maitrise en arts de l’Université Concordia. Beatriz se décrit comme une « luddite hermétique », ayant un rapport amour/haine avec la technologie. Elle explore dans son travail artistique, d’un œil critique, la complexe relation du monde postindustriel à la révolution numérique, dans des expériences sociales et culturelles.« Le mythe de la modernité, des nouveaux médias, ou de tout autre nouveau monde intrépide entièrement dissocié de toute expérience humaine antérieure, ne m’enthousiasme pas. Je ne veux pas mesurer la vitesse pour ce qu’elle est. Et puis il est trop tard pour que j’apprenne l’ingénierie ou la physique. Mais je veux toujours comprendre comment le monde se construit, — en tant qu’artiste. »
— Beatriz Herrera
Son œuvre plastique transite entre la chair et la machine, la robotique, les techniques manuelles traditionnelles, la mécanique, le dessin, l’installation, la beauté et les impulsions électriques. Beatriz s’intéresse aux discours autour des robots et leur place comme symboles d’un pouvoir industriel et militaire. Elle tisse dans son travail différentes analyses et réflexions face aux paradoxes sociaux contemporains et à notre fascination pour les technologies. Ses dessins tout autant que ses œuvres « robots » reflètent sa résistance vis-à-vis de cette dépendance aux technologies. Ses productions dégagent une complexité et une beauté énigmatique, la plupart d’entre elles étant conçues à partir de collages ou de recyclages de matières industrielles. C’est ainsi que Beatriz propose une désarticulation conceptuelle et matérielle des contradictions de la vie contemporaine, au travers d’« objets ridicules, maladroits et passionnants, destinés à servir d’antenne pour capter ce qui murmure autour [d’elle] ».
ARGONZA, Mariza Rosales (dir.). Vues transversales. Panorama de la scène artistique latino-québécoise, Montréal, Éditions du CIDIHCA, 2018, 300 p.