À l’occasion d’Expo 67, un voyage officiel conduit Charles de Gaulle, président de la France, à Montréal. Il y prononce un discours, historique et controversé, en faveur du nationalisme québécois.
Charles de Gaulle

Les foules attendent de Gaulle et son entourage un peu partout le long de la route. L’entrée sur l’île de Montréal se fait dans l’est où la population agite des drapeaux du Québec et de la France de part et d’autre de la voie. Une fois à l’hôtel de ville, Charles de Gaulle et son épouse ainsi que le premier ministre Johnson et sa femme sont accueillis par le maire Drapeau et son épouse.
On monte à l’étage, et la foule peut voir les dignitaires sur le balcon. Des microphones sont installés, pourtant, aucun discours n’est au programme. De Gaulle saisit l’occasion et s’adresse aux Montréalais et Montréalaises rassemblés. Son discours se conclut sur le célèbre : « Vive Montréal! Vive le Québec! Vive le Québec libre! Vive le Canada français et vive la France! » Aussitôt terminée, l’allocution de quelques minutes entre dans la mémoire collective québécoise.
Un électrochoc nationaliste
Foule - De Gaulle

« Vive le Québec libre! », en 1967, est aussi le slogan du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), un parti politique fondé en 1960. Depuis quelques années, un éveil nationaliste secoue le Québec, le mouvement souverainiste prend de l’ampleur et trouve des appuis de plus en plus nombreux. Le Parti québécois est d’ailleurs créé l’année suivante, le 11 octobre 1968.
Une partie de la population francophone de la province réclame, entre autres choses, une réappropriation de sa destinée économique, la possibilité de travailler en français à tous les échelons hiérarchiques, la mise en valeur de la culture francophone du Québec et la reconnaissance de son passé riche et dont elle se doit d’être fière. C’est dans ce contexte que Charles de Gaulle s’adresse à un public attentif et silencieux, qui explose soudainement. Les applaudissements, les cris heureux et revendicateurs envahissent l’espace public.
Une visite écourtée
Le lendemain, le 25 juillet, alors que son discours fait la une des différents journaux, Charles de Gaulle foule le site d’Expo 67 et y inaugure la journée nationale de la France. Il visite différents pavillons; celui de la France en premier. Pendant ce temps, le premier ministre du Canada, Lester B. Pearson, s’insurge contre son ingérence dans les affaires canadiennes. Le discours de De Gaulle est considéré comme inacceptable.
Au cours de la nuit, le président français, qui devait se rendre à Ottawa, décide d’écourter son séjour et rentre en France le 26 juillet, sans passer par la capitale fédérale.
LEVINE, Marc V. La reconquête de Montréal, Montréal, VLB éditeur, 1997, 410 p.
ROBERT, Mario. « Le 50e anniversaire de la visite du général de Gaulle », Archives de la Ville de Montréal, 24 juillet 2017.
ROBERT, Mario. « Le général de Gaulle à Montréal, 1967 : le départ », Archives de la Ville de Montréal, 27 juillet 2007.