Premier propriétaire et conducteur d’une automobile à Montréal, il a fait fortune dans un nouveau secteur de l’économie à la fin du XIXe siècle, l’immobilier. Qui est cet homme?
Ucal-Henri Dandurand
Dandurand est un homme au physique imposant et au visage sévère, qu’on considère comme un peu excentrique. Il est certainement à l’avant-garde par certaines de ses passions et de ses méthodes de travail. On lui doit d’abord une nouvelle technique de vente, la vente à tempérament, permettant aux candidats désireux d’accéder à la propriété de le faire en répartissant l’achat d’un lot en plusieurs paiements. Les clients de ce promoteur immobilier s’établissent notamment à Rosemont et à Verdun.
Ucal Hisopompe
Ucal-Henri Dandurand - Famille posant avec la Waltham
C’est lui qui achète et conduit la première automobile qui circule dans les rues de la ville. Imaginez l’étonnement des habitants attroupés, en cette fin de novembre 1899, pour observer M. Dandurand et son passager, rien de moins que le maire Raymond Préfontaine, dans la Waltham à vapeur, véhicule à deux places fabriqué au Massachusetts. Ingénieux, Ucal-Henri Dandurand y fait ajouter un tricycle en remorque, entre autres choses, pour faire des promenades en famille.
L’automobile comme argument de vente
Ucal-Henri Dandurand - Publicité pour les automobiles, 1903
Ucal-Henri Dandurand à son bureau
Comme la plupart des bourgeois de cette époque, Dandurand ne limite pas sa participation aux seules affaires. Catholique actif, on le retrouve parmi les organisateurs locaux du Congrès eucharistique de 1910. Membre de la chambre de commerce, du National Board of Trade, il s’intéresse aussi à la politique municipale. En 1904, il est même candidat à la mairie, mais il est défait par Hormidas Laporte, appuyé par La Presse, La Patrie et les réformistes. Le promoteur immobilier est vu comme le candidat des trusts, ces grands monopoles qui contrôlent gaz, électricité et tramways. Dandurand est en effet associé à Herbert Holt, riche et puissant financier à la tête de la Montreal Light, Heat and Power Company, pour le développement de Rosemont. En 1910, c’est comme conseiller municipal de Saint-Jacques qu’il sera élu. Ucal-Henri Dandurand meurt en 1941, à l’âge de 74 ans, laissant dans le deuil quatre fils et deux filles.
Cet article est paru dans le numéro 43 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
Ucal-Henri Dandurand - Carton publicitaire petit train à vapeur
Excentrique Ucal-Henri Dandurand? Quelques mois après avoir conduit la première voiture à Montréal, voilà qu’il invite la population à venir voir le plus petit train à vapeur du monde. Non pas un train miniature pour la maison, mais un train dans lequel on peut prendre place et qui est une reproduction fidèle d’une locomotive et de wagons de passagers de grandeur moyenne. La photographie nous le montre qui circule sur le terrain d’une ancienne propriété familiale, Queen’s Park. Sur la carte au verso de la photo, on peut lire qu’Ucal-Henri Dandurand en est le propriétaire et le directeur et que son fils aîné, Henri-Ucal, sept ans, en est le chef conducteur. Le train circule tous les jours à Queen’s Park de 13 h à 23 h.
Ucal-Henri Dandurand - Pullman
Quoique sévère, Ucal-Henri Dandurand était un père de famille qui aimait consacrer du temps aux siens. Pour les randonnées de fin de semaine, il imagina un moyen de transporter toute sa famille, sa femme et ses onze enfants, ainsi que quelques amis. Il acheta donc un camion Packard de trois tonnes et demanda à un carrossier de l’aménager en voiture familiale. En 1910, la famille Dandurand pouvait se rendre à sa maison d’été, à Rosemère, à bord de la Pullman, nom choisi en référence aux wagons-lits des trains de l’époque. Une vingtaine de personnes pouvaient s’y asseoir et une douzaine pouvait y dormir en tout confort. L’intérieur du véhicule était équipé d’une cuisinette et de toilettes. La famille se servit de la Pullman jusqu’en 1924.