Raconte-moi… Haïti et Montréal. À la rencontre de l’artiste Geneviève Lahens (Iris)
À l’écrit et en parole, Geneviève Lahens, aussi connue sous le nom d’Iris, communique son expérience en tant qu’immigrante et artiste invitée pour le projet Raconte-moi… Haïti et Montréal.
En 2012, la Ville de Montréal et le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec (MICC) ont confié au Centre d’histoire de Montréal la mission de recueillir et de raconter l’histoire récente des Haïtiens qui, en 2010, ont souffert du terrible séisme qui a détruit plusieurs villes et villages de l’île. Ce projet culturel et patrimonial a été réalisé dans le cadre du programme de Soutien à l’intégration, liaison et accompagnement (SILA) mis en place par la Ville à la suite du séisme.
Pour l’exposition Raconte-moi… Haïti et Montréal, un défi a été lancé aux artistes invités : travailler à partir de mannequins pour témoigner des minutes fatidiques du tremblement de terre; utiliser des valises qui rappellent les parcours sinueux de ceux qui ont quitté Haïti et ont été accueillis à Montréal par des amis ou membres de leurs familles.
S’inspirant de leur propre vécu et de leur expérience du séisme, les artistes ont créé des œuvres teintées de courage, de vitalité et d’espérance. Ils ont aussi été invités à témoigner de leurs propres histoires, car elles racontent si bien celles de milliers de leurs compatriotes.
Geneviève Lahens (Iris)
Geneviève Lahens (Iris)
Démarche artistique
Iris a fait des études d’architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Elle commence à peindre dans son pays d’origine, Haïti, et est appelée très vite à le représenter sur la scène internationale, notamment dès 1996, à Miami, en Floride, à l’exposition Art America. Le succès de cette exposition lui ouvre les portes de galeries en Floride, avec des expositions en solo à la Ryals Gallery à Boca Raton et dans d’autres espaces à Delray Beach, Miami et Fort Lauderdale.
L’année 2000 est une année charnière dans l’essor de sa carrière artistique et marque aussi son arrivée au Québec. Elle est ponctuée d’abord par une exposition majeure en solo au prestigieux Centre d’art de Port-au-Prince, puis par une exposition regroupant 50 femmes de partout à travers le monde au siège des Nations Unies à New York. Achetée par l’organisation, une de ses œuvres fait la couverture de tous les rapports et documents de l’UNIFEM (maintenant l’ONU Femmes) pendant l’année.
Depuis, Iris expose tant au Québec qu’à l’international : Annapolis (Maryland), Paris, New York, Washington, Valence, Pékin, Port-au-Prince et les Antilles. Ses œuvres font partie de collections de musées et de collections privées.
Iris poursuit ses recherches artistiques en suivant des séminaires, des formations diverses et en participant à des ateliers d’artistes. Peinture, gravure, collagraphie, sculpture sur pierre, dessin, autant de moyens qu’elle utilise pour exprimer ses émotions et ses rêves.
Son art s’épanouit et se nourrit au quotidien grâce à l’exploration de différents médias et à l’expérimentation continue et méticuleuse de nouvelles thématiques afin d’assouvir sa curiosité innée.
Bien que l’inspiration soit axée sur la recherche perpétuelle, Iris révèle également les multiples facettes de l’évolution d’un art influencé par des parcours de transhumance, de quête de lumière et de guérison, par un appel vers l’élévation et par un désir de conscientisation. L’œuvre de l’artiste dévoile une identité métissée qui s’abreuve au confluent de deux cultures, celle de son pays d’origine, Haïti, et celle de sa terre d’accueil, le Québec. C’est dans cette mouvance que sa création prend vie. Elle se situe dans un espace non encore classifié, où le traditionnel, l’ancestral et le spirituel s’absorbent et se confondent au parfum de la modernité dans laquelle Iris vit.
De ses œuvres surgit en filigrane une suite ininterrompue d’émotions fortes et de souvenirs d’une expérience inoubliable chargée de drames humains : le tremblement de terre qui frappa Haïti, le 12 janvier 2010 à 16 h 50.