Poète tourmenté, Émile Nelligan a marqué la littérature québécoise par son œuvre singulièrement mélancolique. Sa gloire fut éphémère, pourtant ses poèmes sont connus et admirés comme des classiques.
Émile Nelligan
Issu de la bourgeoisie, Nelligan fréquente de bonnes écoles, mais sa nature indisciplinée et son manque d’assiduité font de lui un élève médiocre. À 16 ans, il abandonne ses études au Collège Sainte-Marie et s’engage dans sa vie de poète, non sans contrarier ses parents. Le 13 juin 1896, dans l’hebdomadaire Le Samedi, le jeune homme publie son premier poème, Rêve fantasque, sous un pseudonyme, Émile Kovar, tiré d’une œuvre de l’Américain Steele Mackay.
Des cercles d’intellectuels à l’hôpital psychiatrique
École littéraire de Montréal 1899-1900
Sa gloire est éphémère. Souffrant de cyclothymie, Nelligan sombre dans la démence et est interné à l’âge de 20 ans à la retraite Saint-Benoît. Seul le dévouement de son guide et ami, le père Eugène Seers, mieux connu sous le pseudonyme de Louis Dantin, et de sa « sœur d’amitié », Robertine Barry, dite « Françoise », chroniqueuse à La Patrie, permettra aux poèmes de Nelligan d’être connus et admirés comme des classiques.
Émile Nelligan finira sa vie en 1941 à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu. À la lumière de ce destin tragique, les derniers vers du célèbre poème Le Vaisseau d’Or prennent tout leur sens :
Émile Nelligan en 1920
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, ont entre eux disputés.
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève?
Qu’est devenu mon cœur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l’abîme du Rêve...
Cet article est paru dans le numéro 31 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
Émile Nelligan en 1932