À une époque où l’homosexualité est considérée comme un crime, Armand Larrivée Monroe révolutionne les bars gais, en offrant à leur clientèle des spectacles conçus pour elle.
« J’ai pris le microphone, pis j’venais de me trouver. C’était ma baguette magique. »
– Armand Larrivée Monroe
Armand Larrivée Monroe
À une époque où l’homosexualité est encore considérée comme un crime, le jeune homme révolutionne l’univers des bars gais, peu nombreux et illicites, en offrant à la clientèle homosexuelle des spectacles conçus pour elle, à la différence de Guilda ou encore de Lana St-Cyr, dont les spectacles sont destinés à une clientèle hétérosexuelle. Il élabore des programmes différents chaque soir, avec au menu, bingo, films, tirage, spectacles amateurs, etc. Il se costume parfois en femme et interprète différents personnages comme Joséphine Baker, Marlene Dietrich ou encore celui de « la grande folle émancipée », un des personnages fictifs préférés du public.
En 1958, après avoir fait pression auprès du propriétaire du Tropical Room, Armand Larrivée obtient finalement la permission que les hommes puissent danser ensemble, une première à Montréal. Son bilinguisme lui permet également de présenter ses spectacles dans les deux langues, un grand atout qui lui servira durant toute sa carrière, qui prend fin dans les années 1990.
Ce texte de Maryse Bédard est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p. 79.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.
HIGGINS, Ross. « Des lieux d’appartenance : les bars gais des années 1950 », dans Irène DEMCZUK et Frank W. REMIGGI (dir.), Sortir de l’ombre : histoires des communautés lesbienne et gaie de Montréal, Montréal, VLB éditeur, 1998, p. 103-128.
NAMASTE, Vivane. C’était du spectacle! : l’histoire des artistes transsexuelles à Montréal, 1955-1985, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2005, 266 p.