Célébrée à Montréal dès le XVIIe, la Fête-Dieu est contestée par des groupes protestants au XIXe. Tenue 60 jours après Pâques, elle donne lieu à des processions majestueuses jusqu’aux années 1960.
Fête-Dieu
La Fête-Dieu à Montréal aux XVIIe et XVIIIe siècles
Les célébrations de la Fête-Dieu donnent lieu à des processions minutieusement organisées et à des réjouissances populaires à Montréal dès le XVIIe siècle. Les habitants de la ville décorent alors leur maison et assistent à la procession qui s’arrête devant des reposoirs qui ponctuent le trajet. On en trouve par exemple dans la rue Notre-Dame devant l’église des Jésuites et celle des Récollets, puis devant l’Hôpital général sur la rue Saint-Pierre. La musique est à l’honneur et des chants sont prévus pour chacune des stations. À Montréal, un coup de feu tiré dans le toit de l’Hôtel-Dieu lors de la procession de la Fête-Dieu du 19 juin 1721 est à l’origine d’un important incendie dans la ville.
Opposition protestante au XIXe siècle
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La Fête-Dieu aux XXe et XXIe siècles
Fête-Dieu
Les processions de la Fête-Dieu demeurent très suivies à Montréal au tournant du XXe siècle. Membres des communautés religieuses, enfants, notables ou simples citoyens marchent dans les processions ou regardent le cortège passer. Des fleurs, drapeaux, fanfares et l’ostensoir qui contient le Saint-Sacrement agrémentent les processions. Les Irlandais catholiques se joignent souvent aux francophones lors de la Fête-Dieu.
En 1956, le grand défilé se déroule sur le Plateau en direction du parc La Fontaine où le reposoir orné de fleurs et de drapeaux est aménagé. De plus petits cortèges ont lieu dans les quartiers avoisinants comme ici, à Griffintown. Vêtue d’une belle robe blanche et d’ailes décorées d’étoiles, Lise Jetté-Mercier sourit timidement sur ce cliché de 1956. Sagement réunies sous l’arche fleurie, les fillettes aux atours angéliques côtoient de jeunes garçons habillés en petit page. C’est uniquement lors de cette année-là que les festivités de la Fête-Dieu prennent une telle ampleur à Griffintown. Alors enfants, Lise Jetté-Mercier et Claude Mercier se rappellent cette procession mémorable. Après un départ de l’église Sainte-Hélène dans la rue Saint-Maurice, les enfants défilent dans les rues de Griffintown. L’arche splendide de la rue Ottawa est l’endroit tout désigné pour une photographie commémorant l’événement. Remarquez les niches en hauteur, ce sont de véritables enfants qui y prennent place : l’une, au centre, en tant que représentation de la Vierge et ses sœurs, à ses côtés, en anges. Leur mère ayant fabriqué tous les costumes et leur père ayant élevé l’arche, ces trois sœurs eurent le privilège d’être les vedettes de la Fête-Dieu.
Fête-Dieu 2016
BERNIER-CORMIER, Marie-Eve. « La Fête-Dieu dans trois quotidiens québécois (1910-1970) », Études d’histoire religieuse, vol. 78, no 2, 2012, p. 41-58.
GALLAT-MORIN, Élisabeth. « La musique dans les rues de la Nouvelle-France », Les cahiers de la société québécoise de recherche en musique, vol. 5, nos 1-2, p. 45-51.
HAQUIN, André. « Fête-Dieu (1246-1996) », Actes du colloque de Liège 12-14 septembre 1996, Louvain-la-Neuve, Université de Louvain, 1999, 244 p.
RUDIN, Ronald. « Marching and Memory in Early Twentieth-Century Quebec La Fête-Dieu, la Saint-Jean Baptiste, and le Monument Laval », Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, vol. 10, no 1, 1999, p. 209-235.
SHEITO, Christine. Une fête contestée : La Procession de la Fête-Dieu à Montréal, au XIXe siècle, Mémoire (M.A.), Université de Montréal, 1983, Cap-Saint-Ignace, Cahiers du Septentrion, 1999, 179 p.