Une quinzaine de visites à l’Expo 67 ont marqué Jean Huard pour la vie. Avec enthousiasme, il évoque les activités, les lieux et les découvertes, sans oublier sa collection de souvenirs.
Dans le cadre de son exposition Explosion 67. Terre des jeunes, soulignant le 50e anniversaire d’Expo 67, le Centre d’histoire de Montréal a reçu des messages de personnes qui souhaitaient témoigner de leur expérience. C’est ce qu’a fait Jean Huard, qui a spontanément livré ce témoignage écrit. Il nous fait découvrir l’événement par le regard d’un jeune Québécois qui a visité l’Exposition à de nombreuses reprises, même s’il habitait la Mauricie.
Jean Huard
Que dire de l’architecture des pavillons! On les reproduirait dans une exposition universelle des années 2000 et ils cadreraient toujours dans le décor. Tout me fascinait : les canaux, les immenses fontaines, les lampadaires, le Minirail… même les espaces dédiés aux téléphones avec leur « chapeau » rond pour protéger les utilisateurs de la pluie.
Comme je me rendais à l’Expo en voiture avec ma famille ou de la parenté, un de mes souvenirs sont ces immenses stationnements et, pour y retrouver notre voiture à la fin de la journée, les grands panneaux d’animaux accrochés aux lampadaires. Je disais à mon père : « C’est facile de se retrouver, on est sous la girafe! »
Cinéma et nouvelles technologies
Jean Huard
Je n’avais pas peur des hauteurs. J’aimais mieux gravir rapidement les escaliers de la pyramide inversée du pavillon du Canada que prendre le petit ascenseur vitré. Par contre le très long escalier mobile à l’intérieur du pavillon des États-Unis était impressionnant. Et grimper sur le dernier balcon du pavillon de la France me fascinait. On pouvait voir les milliers de visiteurs circuler tout en bas. Et à La Ronde, le téléphérique au-dessus du lac des Dauphins nous donnait le vertige, surtout quand il ventait un peu. Mais on aimait ça. On était jeune.
Les odeurs de nourriture et tous ces restaurants! Que de découvertes! Je pense que c’est à l’Expo 67 que j’ai mangé de la pizza pour la première fois! Mais, en famille, on amenait souvent un lunch. Mon père louait un casier. On y plaçait les sacs et on partait à la découverte des pavillons. À l’heure du dîner, mes parents avaient identifié quelques endroits plus calmes avec tables à pique-nique ou simplement du gazon, et on dégustait nos sandwiches. Nos endroits favoris : le parc derrière le pavillon de l’Allemagne quand on était sur l’île Notre-Dame et les bancs et tables au rez-de-chaussée du pavillon de la Scandinavie quand on était à l’île Sainte-Hélène.
Des souvenirs inestimables
Jean Huard
Que dire des « étampes » dans les passeports? C’était la folie furieuse. Après avoir attendu plusieurs minutes pour entrer dans un pavillon, il y avait parfois une autre file d’attente pour faire « étamper » notre passeport. Mais quelle bonne idée! Plusieurs étaient électroniques avec la date et parfois l’heure. Aujourd’hui, avec notre passeport, on peut retrouver les dates de nos visites. Mais il y avait aussi un inconvénient à ces machines automatiques : elles manquaient souvent d’encre. J’étais alors grandement déçu! Par contre les hôtesses étaient assez vigilantes et réagissaient vite : une « étampe » manuelle était toujours disponible. Et je me souviens de la belle Lucie, hôtesse au pavillon de la République du Rwanda dans la Place d’Afrique, qui a même autographié mon passeport. Quelle fierté pour un jeune homme de 13 ans!
L’Expo en famille
Jean Huard
Un mot en terminant sur les spectacles de l’Expo. Je me souviens surtout de celui du cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey à l’Autostade et des démonstrations de ski nautique à La Ronde. J’adorais les soirées à l’Expo, tous les pavillons illuminés et surtout les balades et les amusements à La Ronde. Pas surprenant qu’on s’endormait rapidement dans la voiture durant le voyage de retour. Je devais déjà rêver à ma prochaine visite.
Merci à mes parents, André et Rollande, aujourd’hui décédés, qui m’ont permis de faire ces belles découvertes et qui m’ont accordé leur permission d’accompagner la parenté dans ce monde fascinant que fut l’Expo 67.
Jean Huard
Notre-Dame-du-Mont-Carmel, Mauricie
Avril 2017