Au début du XXIe siècle, Montréal est encore une destination secondaire pour les immigrants du sous-continent indien. Pourtant ce flux migratoire s’est accentué à partir des années 1980.
Selon le recensement de 2011, près de 87 000 habitants de la région métropolitaine de Montréal viennent du sous-continent indien : Sri-Lankais, Bangladais, Pakistanais et bien sûr Indiens. Si la grande majorité de ceux-ci sont arrivés au Québec à partir des années 1980, c’est en réalité 100 ans plus tôt que débute leur installation au pays.
Une immigration récente à Montréal, mais plus ancienne ailleurs au Canada
Nurun Nahar - Bangladaise
Au début du XXe siècle, une autre approche est adoptée par le moyen de lois visant à limiter au maximum l’immigration asiatique. Les douaniers font payer un droit d’entrée de 250 $ aux gens venant de ce continent (principalement les Chinois et les Indiens), un montant que les arrivants européens n’ont pas à débourser. En 1907, 2600 Indiens réussissent malgré tout à s’établir au Canada. L’année suivante, le gouvernement fédéral ajoute un obstacle presque infranchissable : tous les immigrants d’outre-mer devront arriver au Canada par un aller simple, sans escale, un voyage pratiquement impossible depuis l’Asie à cette époque. Résultat : six immigrants indiens seulement débarquent dans les ports canadiens en 1908.
La nouvelle vague
Rupinder Miani - Indienne sikh
Le profil de ces immigrants change durant les années 1980, et de plus en plus de réfugiés cherchent un asile au Canada au moment où leur région d’origine est secouée par les crises. L’Inde est frappée par de violentes émeutes antisikhes en 1984, la guerre civile se prolonge de 1983 à 2009 au Sri Lanka, le Pakistan s’enlise dans l’instabilité politique, tandis que la pauvreté extrême afflige le Bangladesh.
Alors qu’au Canada anglais, le sous-continent indien est la principale source d’immigration au début du XXIe siècle, Montréal et le Québec sont encore des destinations secondaires pour les gens de cette communauté. Elle a malgré tout commencé à façonner le paysage de la métropole avec une « Petite Inde » bien vivante dans la rue Jean-Talon entre l’avenue du Parc et le boulevard de l’Acadie. Elle se concentre également dans Côte-des-Neiges tout comme dans l’ouest de l’île (à Dollard-des-Ormeaux par exemple).
Une diversité à l’image de la métropole
Amjad Ghafar - Pakistanais
Dans le domaine linguistique, la variété reste la règle. On peut ainsi désormais entendre parler une dizaine de langues provenant du sous-continent indien dans les rues de la métropole! Au recensement de 2011, on comptait par exemple 14 355 locuteurs pour le pendjabi, 12 810 pour l’hindi, 14 040 pour l’ourdou et 19 210 pour le tamoul.
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