En 1801, de riches marchands montréalais mettent sur pied un réseau privé de distribution de l’eau. La Ville de Montréal lui donnera l’ampleur que nécessitent les besoins croissants de la métropole.
Le charrieux d’eau de jadis, composition de Henri Julien
Un réseau privé embryonnaire
Joseph Frobisher
Toutefois, c’est la Ville de Montréal qui, propriétaire du réseau à partir de 1845, devait lui donner l’ampleur que nécessitaient les besoins croissants de la jeune métropole. Les dommages causés au réseau par le terrible incendie de 1852 et les pressions des compagnies d’assurance motivèrent la construction d’un premier aqueduc. Celui-ci, dessiné par un éminent ingénieur canadien, Thomas C. Keefer, et inauguré en 1856, puisait son eau dans le fleuve, en amont des rapides de Lachine et l’amenait au réservoir McTavish (à l’intersection de l’avenue du Docteur-Penfield et de la rue McTavish) à l’aide de pompes hydrauliques.
Des travaux de longue haleine
Réservoir McTavish en 1873
Au tournant du siècle, la plupart des citadins ont l’eau à portée de robinet. Mais quelle eau! Certains jours d’été, elle paraît aussi trouble que dangereuse. Après une épidémie de fièvre typhoïde, en 1910, la Ville prend la décision de chlorer et de filtrer son eau, au même moment que Toronto et plusieurs agglomérations américaines. Une première usine de traitement des eaux sera mise en service en 1918, au pied de l’avenue Atwater. Enfin, après plus de 100 ans de travaux, les Montréalais pouvaient jouir sans trop s’inquiéter d’un des plus beaux avantages de leur ville insulaire.
Usine de filtration Atwater
Cet article est paru dans le numéro 12 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
Jusqu’en 1880, on aurait pu facilement se noyer sur le site du square Saint-Louis (carré Saint-Louis). En effet, à cet endroit, en haut de la Côte-à-Baron, se trouvait un réservoir d’une capacité de trois millions de gallons. Construit par la Ville en 1849 pour y recevoir l’eau pompée de l’aqueduc municipal, il fut jugé insuffisant et définitivement abandonné en 1879. Ce réservoir fit donc place au parc ombragé que l’on connaît, baptisé en l’honneur des frères Saint-Louis, d’actifs entrepreneurs qui y habitaient. Seule une fontaine, érigée en 1894, rappelle ses humides origines.
DAGENAIS, Michèle. Montréal et l’eau. Une histoire environnementale, Montréal, Boréal, 2011, 306 p.
FOUGÈRES, Dany. L’approvisionnement en eau à Montréal : du privé au public, 1796-1865, Sillery, Septentrion, 2004, 472 p.