Pendant 136 ans, le High School of Montreal a préparé jeunes gens et jeunes filles à l’entrée à l’université. Cette école publique prestigieuse a occupé divers édifices, parfois toujours existants.
High School of Montreal - vue aérienne
Au début du XIXe siècle, l’éducation à Montréal, autant chez les francophones que chez les anglophones, est le fait d’initiatives privées comme celle d’Alexander Skakel qui inaugure sa Classical and Mathematical School en 1800. Mais l’éducation de la jeunesse prend de plus en plus de place au sein des débats publics à cette époque. En 1801 est promulguée la loi de l’Institution royale pour l’avancement des sciences. Elle aura des répercussions à long terme sur l’évolution de l’enseignement dans la province. C’est dans cette veine que sont créées, quelques années plus tard, les Royal Grammar Schools de Québec et Montréal. L’école de Skakel est intégrée à la Royal Grammar School de Montréal qui, elle-même, sera amalgamée au High School of Montreal quelques années plus tard.
La fondation et les premiers établissements
« Its imposing exterior, its extensive grounds, and the grandeur of its interior decoration, combined to lend an air of importance to the school and to exercise an elevating and a refining influence upon the pupils. » [Son extérieur imposant, ses jardins étendus et la splendeur de sa décoration intérieure, combinés, donnent un air d’importance à l’école et inspirent le raffinement aux élèves.] ― The High School Magazine, 1916.
High School of Montreal - vers 1890
Sous la direction du révérend George Foster Simpson, le High School of Montreal, qui s’inspire du modèle écossais, a d’abord pignon sur rue dans le Bingham Building au coin des rues Notre-Dame et Saint-Denis. Les 65 premiers élèves sont rapidement rejoints par des camarades au point où ils sont près de 170 à la fin de l’année scolaire en juillet 1844. L’espace devenant rapidement trop étroit pour les élèves toujours plus nombreux, une seconde école est donc construite à proximité de la côte du Beaver Hall au coût de 40 000 dollars. En 1846, Alexander Skakel, devenu directeur du Royal Grammar School montréalais, décède et l’école est intégrée au High School of Montreal. Ce qui en fait un des plus prestigieux établissements d’enseignement secondaire de la métropole.
Après quelque temps dans des locaux temporaires sur la rue Saint-Paul, l’école pose ses malles au Burnside Hall, situé au coin des voies Dorchester (actuel boulevard René-Lévesque) et University, en 1853, année au cours de laquelle elle est intégrée à l’Université McGill. L’édifice est victime d’un incendie qui oblige les élèves à retourner au Bingham Building en 1856, le temps des travaux. Ils font à nouveau leurs bagages alors que les classes déménagent en 1878 sur la rue Peel, avant un second mouvement sur la même rue en 1892. Fait intéressant à noter, lorsque le High School of Montreal quitte un bâtiment, celui-ci est bien souvent récupéré par un nouvel établissement scolaire. Par exemple, le Bingham Building devient l’École normale McGill tandis que l’édifice Burnside sera occupé par le Fraser Institute. Le dernier déménagement du High School a lieu au début du XXe siècle alors que l’établissement scolaire s’installe sur la rue University.
Un exemple de modernité
High School of Montreal - plan
Dans une soixantaine de classes sont enseignés les mathématiques, la littérature et les arts, par exemple. Du côté des garçons, on trouve également des laboratoires de physique et de chimie. Une salle de 25 verges (près de 23 mètres) de long sert à l’entraînement pour le tir, et un espace est conçu pour le « sloyd », un programme d’activités manuelles inspiré de la tradition suédoise datant des années 1870. Comme la pratique du tir, ce dernier n’est, bien entendu, pas accessible aux filles à qui on réserve les cours de cuisine et de couture. Pendant quelques années, la bibliothèque est le seul lieu où peuvent se côtoyer les élèves des deux sexes. Cette division genrée de l’enseignement n’est pas étrangère à la division des rôles sociaux ayant cours à cette époque. Toutefois, l’accès aux laboratoires scientifiques sera possible pour les élèves féminines au cours des années 1920.
Dès 1924, l’école est agrandie. On y trouve un nouvel auditorium, l’ancien ayant été transformé en gymnase pour les filles, ainsi qu’une piscine, grande nouveauté pour l’époque. Le High School of Montreal demeure ainsi à l’avant-garde du milieu scolaire montréalais. Par ailleurs, l’espace consacré aux activités sportives est un héritage de la période victorienne qui promeut « un esprit sain dans un corps sain ». Le prestige de l’école ne cesse de grandir. La princesse Elizabeth et son époux, Philip Mountbatten, y font un arrêt lors de leur visite royale en octobre 1951.
Une vocation éducative maintenue
École F.A.C.E
Le bâtiment fait désormais partie du parc immobilier du Centre de services scolaires de Montréal qui a acquis l’endroit en 2000. Il est de plus intégré à l’aire de protection du site patrimonial du Mont-Royal déclaré en 2005.
Merci à Dany Fougères pour la relecture de cet article et au Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal pour son soutien à la recherche. Merci aussi à Richard Phaneuf et à Charlotte Thibault de la Communauté Milton Parc pour leur relecture.
MacLEOD, Roderick, et Mary Ann POUTANEN. A Meeting of the People. School Boards and Protestants Communities in Quebec, 1801-1998, Montréal et Kingston, McGill–Queen’s University Press, 2004, 472 p.
The High School Magazine, Montréal, High School of Montreal, vol. IV, no 1, juin 1916, 68 p.