Athlète de haut niveau, Myrtle Cook passe de la compétition au journalisme en prenant la plume dans un journal montréalais. Sa chronique, publiée dès 1929, porte sur les femmes et le sport.
Myrtle Cook
En route vers Amsterdam
Les Jeux olympiques de 1928 marquent un jalon dans l’histoire du sport : pour la première fois, les femmes sont admises aux épreuves d’athlétisme. L’équipe canadienne est dans la mire des spectateurs. Myrtle Cook, devenue rapidement la favorite pour le 100 mètres, déçoit en se disqualifiant avec deux faux départs. Pour le relais 4 x 100 mètres, on retrouve Myrtle avec Jane Bell, Ethel Smith et Fanny « Bobbie » Rosenfeld. Ces femmes n’ont jamais compétitionné ensemble auparavant, mais la traversée de l’Atlantique par bateau, qui dure 10 jours à l’époque, leur a permis de s’exercer au passage du bâton. Le jour de la compétition, les Canadiennes soulèvent la foule en bouclant la course en 48,4 secondes, marquant un nouveau record du monde et raflant la médaille d’or.
Myrthle Cook, Matchless Six
Une nouvelle carrière à Montréal
Myrtle Cook et Josie Dyment
Après Amsterdam, Myrtle Cook continue de courir. Elle établit des records canadiens, américains et mondiaux. L’année 1929 marque un tournant important sur le plan personnel pour la Torontoise d’origine : elle épouse Lloyd McGowan, un rédacteur sportif établi à Montréal. Venue le rejoindre, elle commence une nouvelle carrière en journalisme sportif au Montreal Daily Star, le journal où travaille son mari. Sa chronique s’intitule In the Women’s Sportlight. Elle est publiée dans la section des sports, et non dans les pages féminines. Ses articles parlent des femmes et leur sont destinés, mais pas exclusivement. Elle y encourage les femmes à pratiquer tous les sports, et de manière compétitive si elles en ont envie. À l’époque, Myrtle Cook est la seule à publier ce genre de chronique au Québec. Sa carrière journalistique durera une quarantaine d’années.
Dans un article de 1929, Cook déplore que l’équipe canadienne ne comptât aucune Montréalaise dans ses rangs aux Jeux d’Amsterdam. Elle profite de sa chronique pour encourager les femmes de Montréal et du Québec à poursuivre des objectifs de performance et d’excellence, afin d’accéder aux plus hauts niveaux de compétition. Les prochains Jeux olympiques ont lieu à Los Angeles, en 1932, et Cook veut y voir sa ville représentée.
C’est ce qui arrivera grâce à Hilda Strike, une jeune sprinteuse repérée par Myrtle Cook, qui remportera l’argent au 100 mètres. Elle devient ainsi la première médaillée olympique montréalaise. En plus d’encourager la participation des femmes aux sports de compétition par sa chronique, Myrtle Cook agit comme repéreuse de nouveaux talents sportifs féminins et aide ses recrues à s’entraîner sérieusement. Elle découvre des skieuses, des nageuses et d’autres athlètes québécoises qui connaîtront des succès internationaux.
Même si Cook est essentiellement associée au sport au féminin, elle n’hésite pas à prêter main-forte aux joueurs des Montreal Royals, l’équipe de baseball professionnelle de sa ville, en leur enseignant ses techniques de course. Elle participe aussi à l’entraînement des recrues militaires durant la Seconde Guerre mondiale.
Myrtle Cook siège à de nombreux comités sportifs internationaux de 1932 à 1972. Elle jouit d’une importante reconnaissance publique, comme en témoigne son admission au Temple de la renommée olympique du Canada en 1949, au Panthéon des sports canadiens en 1955 et au Temple de la renommée du panthéon des sports québécois en 1974. Elle fait aussi son entrée au Temple de la renommée du ski des Laurentides, pour son travail journalistique. Un trophée commémoratif portant son nom est décerné chaque année à un jeune athlète canadien. En 2016, la Ville de Montréal souligne sa contribution remarquable à l’avancement et au rayonnement du sport féminin en la proclamant « Bâtisseuse de la Cité ». Beau coup de chapeau à cette grande dame qui a consacré sa vie à encourager les femmes à faire du sport!
Myrtle Cook est décédée à Elora, en Ontario, à l’âge de 83 ans.
Le Comité olympique canadien a fait preuve d’audace en déléguant une équipe féminine d’athlétisme à Amsterdam en 1928. Le fait que des femmes soient invitées pour la première fois à participer à des compétitions olympiques d’athlétisme, à titre d’essai, fut vivement controversé à l’époque, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Plusieurs experts et une grande partie du public considéraient ces épreuves comme malsaines ou même dangereuses pour la constitution féminine. Ils redoutaient les conséquences possibles d’activités si vigoureuses sur le corps supposément plus délicat des femmes.
Même à Montréal, des personnalités importantes du milieu sportif se sont opposées à la présence des femmes en athlétisme aux Jeux. Myrtle Cook, de retour d’Amsterdam, n’hésite pas à remettre en question, dans sa chronique, la crédibilité des soi-disant experts d’ici, qu’ils soient médecins ou journalistes. Forte de son expertise d’athlète de calibre olympique, elle déclare ne pas comprendre pourquoi une blessure serait plus dangereuse pour une femme que pour un homme, et rappelle que tous les athlètes peuvent se blesser, quel que soit leur sport. Elle se prononce aussi contre les remarques sur l’apparence peu féminine de certaines sportives, et affirme qu’elles n’ont pas à se conformer à un stéréotype.
DETELLIER, Élise. Mises au jeu. Les sports féminins à Montréal, 1919-1961, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2015, 299 p.
Bibliothèque et Archives Canada. « Myrtle Cook (1902-1985) - Épreuves d’athlétisme », dans Femmes à l’honneur : Leurs réalisations, [En ligne]. [http://www.collectionscanada.gc.ca/femmes/030001-1503-f.html].
FOISY, Paul. « Myrtle Cook-McGowan », [En ligne], Encyclopédie canadienne, 12 mai 2013. [http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/myrtle-cook-mcgowan/].
PANTHÉON DES SPORTS CANADIENS. « Membres honorés, Myrtle Cook », dans Inspiring Canadians - In Sport and Life, [En ligne]. [http://www.sportshall.ca/stories.html?proID=181&catID=all].