Avec un bilan de 37 victimes et des dizaines de blessés, l’incendie criminel qui a ravagé le bar le Blue Bird, une institution en 1972, est l’une des pires tragédies survenues à Montréal.
Incendie Blue Bird
La soirée se déroule sans encombre jusqu’à ce que trois hommes en état d’ébriété, venus rejoindre des amis, se voient refuser l’accès au bar déjà bondé. En colère, ils décident de se venger. Ils reviennent avec un bidon d’essence qu’ils vident dans la cage d’escalier avant d’y lancer une allumette. Le feu se répand instantanément, bloquant l’entrée principale de l’édifice. À l’étage, les musiciens cessent de jouer dès qu’ils aperçoivent des flammes. Il suffit de quelques secondes pour que les 200 personnes qui se trouvent dans la salle prennent conscience du danger.
Sortir à tout prix
Incendie Blue Bird
Pendant ce temps, quelques hommes continuent à frapper à coups de pied sur la sortie de secours verrouillée. Au bout d’un long moment, le cadre de la porte finit par céder. Une fois sortis, des clients se transforment en sauveteurs. Ils retournent à l’intérieur pour sortir des corps inanimés, sans savoir si ces personnes sont encore vivantes ou non.
Environ 50 pompiers répondent à l’appel pour combattre l’incendie et évacuer les corps. Beaucoup resteront marqués par la tragédie, touchés par le jeune âge des victimes.
Un bilan tragique
Incendie Blue Bird
Le propriétaire du Blue Bird, Léopold Paré, est atterré au lendemain de la catastrophe. Il connaissait plusieurs des victimes. Certaines familles le tiennent pour responsable du drame, puisque c’est lui qui exige de verrouiller la porte, les soirs d’affluence, pour empêcher les clients d’entrer par l’arrière du bâtiment. Ce truc qui permettait d’éviter de payer était connu, et les plus jeunes victimes se sont peut-être faufilées par cette entrée, plus tôt en soirée, pour échapper au regard du portier.
Le Wagon Wheel comptait trois issues : l’entrée principale, bloquée par les flammes le soir du drame, la sortie d’urgence de la cuisine et celle qui était verrouillée. Le rapport d’enquête du coroner met en lumière la discordance des différents règlements quant au nombre d’issues requises dans les lieux publics.
Incendie Blue Bird
Quant aux incendiaires, ils sont retrouvés par la police à Vancouver. Gilles Eccles, Jean-Marc Boutin et James O’Brien, tous trois dans la vingtaine, sont condamnés à la prison à vie. Ils passent 10 ans derrière les barreaux avant de bénéficier d’une libération conditionnelle.
Quarante ans après la tragédie, en août 2012, la Ville de Montréal marque pour la première fois le triste anniversaire de ce qui a été le pire incendie criminel sur son territoire. Un hommage posthume aux victimes a lieu à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde et une exposition temporaire est installée à l’hôtel de ville. Une plaque commémorative portant le nom des 37 personnes décédées est dévoilée au square Phillips, près du lieu du drame.