Au XIXe siècle, à la faveur de la révolution industrielle et de l’urbanisation, certains commerces de nouveautés se transforment. De simples boutiques, ils deviennent les fameux grands magasins.
« C’était la cathédrale du commerce moderne, solide et légère, faite pour un peuple de clientes. »
— Émile Zola, Au bonheur des dames
Grands magasins - Rue Saint-Jacques vers 1870
Mais dans toutes les localités, urbaines ou rurales, un marchand général a pignon sur rue, seul commerçant à proposer une certaine variété de produits : vêtements et tissus résistants, denrées alimentaires, quincaillerie et même quelques médicaments. On y trouve bien sûr l’essentiel de la production locale, mais aussi des produits importés de Grande-Bretagne, de France et des États-Unis. Dans le Vieux-Montréal, plusieurs marchands importateurs se lancent dans le commerce de gros et de détail.
Les usages commerciaux évoluent
Grands magasins - Rue Sainte-Catherine, 1961
C’est dans ce contexte changeant que se développe, en Amérique comme en Europe, un nouveau type de commerce urbain, celui des « marchandises sèches », qu’on appelle aussi « commerce de nouveautés ». Il s’agit en effet de susciter une demande pour les articles de mode — textiles, lainages, soieries, rubans, gants et accessoires, etc. — dont la plupart sont importés.
À la faveur de la révolution industrielle et de l’urbanisation, grâce aussi à l’amélioration des moyens de communication, certains de ces commerces de nouveautés entreprennent de se transformer. Des deux côtés de l’Atlantique, ils s’agrandissent, se modernisent, se mettent au goût du jour : de simples boutiques qu’ils étaient, ils se font peu à peu connaître sous le nom de grands magasins.
Des édifices innovants sont créés
Grands magasins - Rue Sainte-Catherine, 1964
Des vitrines sophistiquées remplacent les panneaux de bois ou le verre teinté qui, jusque-là, camouflaient souvent les marchandises. Désormais, les prix seront fixes et clairement affichés. Fini le marchandage : on paie comptant. L’entrée est libre, nul ne doit se sentir obligé d’acheter.
Pour la première fois, on expose en abondance une grande variété de marchandises à la mode. L’étalage est savamment étudié, l’ambiance est feutrée. L’élégance règne dans ces nouveaux palais de la consommation où l’on peut passer une journée entière à fureter, à se détendre ou à se restaurer... entre quelques achats.
Femmes, hommes et enfants, gens de toutes les conditions sociales, francophones et anglophones de Montréal ou de l’extérieur de la ville, c’est à cette vaste population que s’adressent les grands magasins de la rue Sainte-Catherine.
L’ère du « magasinage » a sonné.
Cet article est paru dans le numéro 23 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.