Un secteur industriel de l’ouest de Montréal abrite un impressionnant temple hindou, le premier construit au Québec en s’inspirant de l’architecture traditionnelle du sud de l’Inde.
Imaginez la scène : vous vous promenez sur le boulevard Saint-Régis, dans l’ouest de l’île de Montréal, quand devant vous se dresse, en plein hiver québécois, un majestueux temple hindou, surplombé de ses deux tours.
Un joyau d’architecture et de dévotion
temple hindou de Dollard-des-Ormeaux
Richement orné, l’extérieur du sanctuaire transporte le passant dans les paysages du sous-continent indien. Une fois à l’intérieur, il pourra admirer des sanctuaires dédiés aux multiples dieux de l’hindouisme, éclairés par la lumière du jour qui pénètre par de vastes puits de lumière. Entre les dalles de granit rouge et noir du sol montent de multiples colonnes, sculptées avec soin. L’ornementation traditionnelle qui donne tout son éclat à l’édifice est l’œuvre de 12 artisans venus du Tamil Nadu, une région du sud de l’Inde à majorité tamoule.
Trois divinités principales sont vénérées dans ce sanctuaire : Ganesha, reconnaissable à sa tête d’éléphant, Vishnu, dieu de l’amour, et surtout Murugan, dieu symbolisant la force et la justice.
Les efforts de la communauté tamoule
temple hindou de Dollard-des-Ormeaux
La volonté d’ériger un temple spécifique à ce culte remonte à 1983, avec la création de la Mission Saiva du Québec par la communauté hindoue tamoule de la métropole. Pendant plusieurs années, l’organisme a accumulé les dons privés pour acheter, en 1992, dans un secteur industriel de Dollard-des-Ormeaux, un terrain sur lequel a été installé un premier lieu de culte trois ans plus tard.
En 2002, lorsque la construction d’un nouveau sanctuaire a été lancée, on comptait à Montréal deux autres lieux de culte pour les Tamouls hindous, situés dans les quartiers Parc-Extension et Ahuntsic. Le temple Thiru Murugan se distingue en étant le premier construit au Québec en s’inspirant de l’architecture traditionnelle du sud de l’Inde. Son inauguration, le 28 mai 2006, a donné lieu à une impressionnante cérémonie de consécration.
Une année au rythme des rituels hindous
Deux décennies d’efforts et 3,5 millions de dollars investis ont donné aux fidèles du temple un lieu de culte digne de leur dévotion. Durant toute l’année, trois fois par jour, des hindous y viennent célébrer la puja, une cérémonie d’offrandes aux dieux. Les femmes, vêtues de leurs saris colorés, sont généralement plus nombreuses que les hommes au sanctuaire. En plus d’être un lieu de prière, celui-ci est un point de rencontres et d’échanges pour la communauté tamoule locale.
Suivant le calendrier lunaire, les grandes fêtes religieuses débutent en janvier avec Pongal, célébrant la remontée du soleil dans le ciel qui annonce la fertilité et les moissons : un repas communautaire est alors servi au temple après les cérémonies. Environ un mois plus tard, pendant la nuit précédant la nouvelle lune, les hindous du culte shivaïte jeûnent et se réunissent pour la Mahashivaratri, qui rend hommage au dieu Shiva.
À la fin de l’été, généralement en août, le temple tient un festival annuel d’une douzaine de jours, le Brahmotsava, qui culmine par une procession extérieure dans les rues du quartier. La représentation du dieu Murugan est descendue de son autel, installée sur un char orné de fleurs et de soieries et ainsi portée par les fidèles aux environs du temple. Comme ces célébrations sont accompagnées par le son de la musique, de la danse et des prières, on comprend le choix de l’emplacement dans un secteur industriel où les Tamouls hindous peuvent exprimer leur identité avec éclat, sans craindre de déranger les voisins!
THÉOPHILE, Julien, et Mark BRADLEY. « Le temple hindou tamou Thiru Murugan de Dollard-des-Ormeaux », [En ligne], Grimer, cahier de recherche, UQAM, no 19, avril 2006, 13 p. http://www.archipel.uqam.ca/3976/1/Cahier_19.pdf (Consulté le 26 février 2016).