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Le nouveau visage des immigrants chinois à Montréal

26 mai 2021

La population chinoise immigrante à Montréal a augmenté de façon vertigineuse depuis les deux dernières décennies. En 2016, elle constituait 5,1 % de l’ensemble des immigrants récents. 

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Photo d'une jeune fille d'origine chinoise tenant un objet de forme longue en bois dans une classe. L'arrière-plan est flou.
Photo d’Olivier Blondeau. MEM – Centre des mémoires montréalaises.
Les immigrants chinois au début des années 1990 sont surtout des professionnels éduqués. Ces immigrants sont de deux types et quittent le pays pour des raisons différentes. Ceux qui quittent la Chine continentale, qui commençait à s’ouvrir sur le monde après des décennies passées relativement refermée sur elle-même, veulent explorer le monde occidental. À cette époque, beaucoup de jeunes Chinois développent une curiosité sur ce qui s’étend au-delà des frontières et immigrent au Québec à la recherche d’opportunités. Ils emmènent avec eux des valeurs intellectuelles et une appréciation pour le monde de la culture qu’ils transmettent à leurs enfants qui grandissent à Montréal. D’un autre côté, ceux qui quittent Hong Kong le font par crainte d’instabilité politique et financière avant la remise de Hong Kong au gouvernement chinois en 1997. Ces professionnels éduqués ont plus de facilité à s’intégrer à la culture québécoise car ils ont déjà des contacts avec la culture occidentale depuis plusieurs années.

Ces immigrants, qui sont pour la majeure partie des diplômés universitaires, constituent la majorité des nouveaux arrivants chinois jusqu’au XXIe siècle. Depuis les années 1980, la Chine est en plein essor économique et le Québec convoite des immigrants chinois investisseurs, une catégorie qui prend de l’ampleur dans les années 2000. Ceux-ci, venus pour progresser encore davantage dans la carrière à succès qu’ils avaient en Chine, ont les moyens d’investir dans la société québécoise. Ils font notamment des partenariats professionnels avec des organismes locaux et établissent des réseaux d’affaires québécois. Mais ils ne sont pas là que pour avancer leur carrière. En effet, beaucoup d’entre eux, voyant que leurs enfants ne sont pas à l’aise avec le système d’éducation chinois très compétitif, immigrent pour leur payer une éducation occidentale. Ces jeunes, souvent qualifiés de « génération 1.5 », ont une expérience de vie perchée entre deux cultures. D’autres Chinois, enfin, arrivent en tant qu’étudiants universitaires et s’établissent à Montréal avec un diplôme québécois en poche.

La solidarité pour relever les défis de l’immigration

Service à la famille chinoise du Grand Montréal

Photo couleur montrant quatre femmes d’origine chinoise dans une salle, l’une tient un sac d’oranges et deux tiennent des cartons rouges avec un texte en chinois.
Service à la famille chinoise du Grand Montréal
Les nouveaux immigrants peuvent compter sur le Service de la famille chinoise du Grand Montréal, qui dessert la diaspora chinoise du Québec, pour y trouver du soutien et de l’accompagnement dans leur nouveau pays. Ils peuvent se tourner vers des intervenants sociaux de l’organisme pour les aider à subvenir à leurs besoins les plus pressants, tels que la recherche d’emploi, la recherche de logement et la recherche d’une école pour leurs enfants. Souvent, le Service à la famille chinoise leur sert de navigateur de la bureaucratie québécoise, et les intervenants gèrent beaucoup de cas qui sont compliqués par la barrière de la langue. Ils reçoivent de nombreux dossiers de Chinois dont la vulnérabilité, parce qu’ils ne sont pas à l’aise avec le français ou l’anglais, fait d’eux des cibles désignées. Ils se font poursuivre en Cour par le propriétaire de leur logement, se font intimider en milieu professionnel, se blessent sur leur lieu de travail sans connaître leurs droits. Ces cas sont ceux qui sont les plus complexes à gérer car ils requièrent de la coordination entre les clients, l’organisme, le gouvernement provincial, le lieu de travail ou de résidence.

L’expérience d’immigration est aussi un stress majeur qui peut bouleverser une famille. Après quelques années au Québec, plusieurs familles immigrantes, ayant dépensé presque toutes leurs économies ramenées de Chine et ne pouvant pas trouver d’emploi stable faute de maîtriser le français, se retrouvent dans une situation financière précaire. Guiying Wang, une intervenante sociale, raconte que, soumises à un stress financier d’un niveau jamais connu en Chine, plusieurs familles immigrantes craquent et sombrent dans la violence familiale et conjugale. Prises dans ces situations, beaucoup d’entre elles sont choquées d’apprendre que leurs enfants peuvent être retirés de leur garde par le gouvernement, car séparer une famille est impensable en Chine. Au fil des années, l’organisme a servi d’intermédiaire à de nombreux foyers familiaux qui se sont fait visiter par la police et par la DPJ après des épisodes violents. Il a aussi lutté pour que des enfants menacés de séparation familiale restent avec leurs parents en outillant ceux-ci de compétences recherchées par les employeurs et en procurant un service d’aide à la violence conjugale.

Les services publics démystifiés

En Chine, les immigrants sont habitués à ce que leur famille élargie et leur communauté répondent à leurs besoins quotidiens. Tous mettent la main à la pâte pour s’occuper des enfants, prendre soin des aînés, apprendre aux nouveaux parents comment prendre soin de leur bébé, régler les disputes, se trouver du travail et se trouver un logement. Pour beaucoup d’entre eux, quitter leur réseau social en Chine pour un pays où la mentalité dominante est individualiste est un choc. C’est pour cette raison qu’un des services les plus populaires du Service de la famille chinoise est leur événement sur les CLSC et les services publics québécois. Chaque année, des centaines d’immigrants s’entassent dans une grande salle de conférence pour écouter une des intervenantes démystifier les services offerts par les CLSC et les services publics – services qu’ils sont habitués à recevoir de leur famille et de leur communauté en Chine. Plusieurs d’entre eux, installés au Québec depuis des décennies, apprennent pour la première fois l’existence de ces services, inaccessibles lorsqu’on ne parle pas le français ou l’anglais. Cet engouement montre clairement le besoin de soutien de la part des institutions publiques afin que tous les immigrants puissent s’épanouir pleinement dans leur nouvelle vie québécoise

蒙特利尔华人移民的新面孔

自1990年以来,来自中国的移民大都是受过良好教育的专业人士,他们来到蒙特利尔的目的是为了寻求新的机会。从2000年开始,随着中国经济蓬勃发展,魁北克开始接受有能力在该省投资并为其子女提供西方教育的企业家投资移民。

「 1.5代」一词是指在青少年时期之前就移民到魁北克的华裔儿童。大多数人首先会上欢迎班学习法语和认识魁北克文化。他们很快就融入了一个压力比中国小的教育系统。然而,因为父母要努力工作养家或有感必须融入主流文化,这些年轻人与父母相处的时间很少,造成他们逐渐偏离了自己的文化。到了成年,这过渡性的一代便会身兼两种文化。

La traduction en chinois simplifié a été faite par Serena Xiong (熊吟) et révisé par Philippe Liu (刘秦宁).

滿地可華人移民新面孔

自1990年代以來,在中國出生的移民大都是受過教育的專業人士,他們到來尋求機會。從2000年代開始,隨著中國經濟蓬勃發展,魁北克開始歡迎有能力投資在該省並為其子女提供西方教育的企業家。

「 1.5代」一詞是指在青少年時期之前移民到魁北克的華裔兒童。大多數人首先會上歡迎班學習法語和認識魁北克文化。他們很快就融入了一個壓力比中國少的教育系統。然而,因為父母要努力工作養家或有感必須融入主流文化,這些年輕人與父母相處的時間很少,造成他們逐漸偏離自己的文化。到了成年,這過渡性一代故此身兼兩種文化。

Traductrice : Wai Yin Kwok.

Une élève en classe d'accueil présente son trésor de famille, le zhudi

Bonjour, tout le monde! Je suis Siyan, j’ai 15 ans et je viens de Chine. Je suis à Montréal depuis un an. Aujourd’hui, je vais vous présenter mon trésor de famille. Mon trésor de famille est un instrument de musique. Son nom est zhudi. C’est une flûte en bambou. Le zhudi est un instrument de musique national des habitants Hans, en Chine. Il existe depuis plus de 4000 ans. Mon zhudi vient de mes grands-parents. Ils ont toujours joué de ce bel instrument d’origine très ancienne.

Chaque zhudi a un majeur fixe et on compte 6, 7 ou 12 flûtes dans chaque ensemble de zhudi, parce que les flûtes, dans différents majeurs, jouent le même son, et ils sont tous différents. Habituellement, le zhudi a un trou de soufflage et un trou de membrane. Ce dernier doit être bloqué avec une membrane de bambou très fine. Bien sûr, il y a six trous sonores de pression, deux trous sonores de base et deux trous sonores auxiliaires.

À l’été 2019, ma mère m’a soudainement offert le zhudi de ses parents. Elle m’a dit : « Tu disais que tu voulais apprendre à jouer d’un instrument de musique classique chinois. Que penses-tu du zhudi? » Comme je voulais surtout connaître les instruments à vent, je l’ai accepté avec joie. Immédiatement, ma mère a ajouté : « Mais tu dois apprendre par toi-même. » Je me suis dit : « Ce ne sera pas si difficile de jouer de la flûte! » Donc j’ai accepté d’apprendre à jouer du zhudi par moi-même.

Mais je me suis trompée. Très vite, j’ai compris que jouer du zhudi, c’est vraiment très difficile. Au début, je ne savais pas coller la membrane, donc je ne pouvais pas en jouer. Et même si j’arrivais à bien placer la membrane au bon endroit, le son du zhudi n’était pas juste. Plus tard, j’ai découvert que j’avais utilisé la mauvaise méthode. J’ai regardé beaucoup de vidéos pédagogiques. C’était un travail très exigeant, mais je n’ai pas abandonné. Je trouve cela toujours intéressant d’apprendre selon les instructions des vidéos pédagogiques. Je pratique encore aujourd’hui et je progresse lentement.

C’est devenu mon instrument préféré. Mes grands-parents sont très fiers de moi. C’est pour cela que j’ai l’intention de garder pour toujours ce bel instrument. C’est mon trésor de famille.

Merci

Siyan, née à Guangzhou en Chine, école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d'Outremont

Référence

Ville de Montréal. Coup d’œil sur les immigrants nés en Chine. 2019.
http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/MTL_STATS_FR/MEDIA/DOCU...