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Le grand feu de 1852

21 juin 2016
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Tous les efforts des pompiers volontaires montréalais pour stopper l’incendie de juillet 1852 sont vains. En effet, un malheureux hasard permet au feu de se propager et de détruire 1200 maisons.

Incendie 1852

Page du journal Pilot Extra sur le grand incendie de 1852.
Pilot Extra, Montréal, Lundi, 26 juillet 1852, gravé par J. Walker. Université McGill. Lande S1794.
Le faubourg Saint-Laurent, qui existait déjà en Nouvelle-France, comme le chemin du même nom qui le traverse, est un quartier en rapide croissance au XIXe siècle : de 3500 habitants en 1813, sa population passe à 25 500 personnes en 1861. Cette expansion fulgurante est encouragée par le faible coût des nouvelles constructions, qui ne sont pas soumises à l’obligation d’être en pierre comme au centre-ville. C’est dans le faubourg Saint-Laurent que va débuter le feu le plus dévastateur de l’histoire de Montréal, en 1852.

Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, la protection contre les incendies a fait des progrès timides : quelques équipes de pompiers volontaires sont équipées de pompes à eau manuelles ou à vapeur. Au son du tocsin, qui résonnera jusqu’en 1904, ces bénévoles s’assemblent près des églises ou sur les places publiques où sont rangées les pompes. Tirées par des chevaux, ces machines et leurs équipes partent au galop combattre le feu. Une fois arrivés sur les lieux, les pompiers trouvent une borne fontaine reliée par un système d’aqueduc aux réservoirs d’eau municipaux.

Un funeste concours de circonstances

Incendie 1852 - planche 112

Dessin montrant des maisons en feu et des meubles au milieu du square Dalhousie
Tiré de : Montréal, recueil Iconographique, de Charles P. De Volpi et Peter S. Winkworth, Montréal, Dev-Sco Publications Ltd., 1963, Volume 1, plance 112.
Le 8 juillet 1852, à neuf heures, un incendie éclate au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Dominique, par une journée très chaude où la température approche 40 °C à l’ombre. Les pompiers volontaires arrivent rapidement dans les rues du faubourg Saint-Laurent et installent leurs pompes. Pendant plusieurs dizaines de minutes, ils donnent de vigoureux coups de bras pour actionner les machines. Malgré tous leurs efforts, aucune goutte d’eau ne sort des bornes fontaines : le réservoir d’eau principal de la ville, alors situé sur le site actuel du square Saint-Louis, a été vidé cette journée-là pour des réparations…

Les pompiers ne peuvent pratiquement rien faire pour empêcher le feu de se répandre dans la ville : un premier secteur est détruit dans le carré des rues Saint-Laurent, Maisonneuve, Saint-Hubert et de la Gauchetière. Le brasier semble se calmer vers 18 heures, avant de se réveiller 1 heure plus tard au coin des rues Bonsecours et Notre-Dame pour détruire un second quartier à l’est du centre-ville. Bilan au matin du 9 juillet : 1200 maisons emportées par les flammes, soit un cinquième de la ville. Environ 11 000 personnes perdent leur logement : on établit des camps de réfugiés dans des espaces publics comme le Champ-de-Mars ou le mont Royal. Dans les semaines suivantes, des dons seront envoyés de partout dans le monde pour la reconstruction de la ville sinistrée.

Incendie 1852 - planches 109-111

Trois dessins montrant les lendemains du grand incendie de 1852
Tiré de : Montréal, recueil Iconographique, de Charles P. De Volpi et Peter S. Winkworth, Montréal, Dev-Sco Publications Ltd., 1963, Volume 1, planches 109 à 111.

Pour éviter une autre catastrophe, la ville de Montréal opte pour deux solutions. Elle crée, en 1863, un service professionnel de pompiers qui disposera de casernes réparties dans les différents quartiers de la métropole. Enfin, l’interdiction de construire des maisons en bois est étendue aux faubourgs, lointain écho de l’ordonnance prise au lendemain de l’incendie de 1721.