Ancienne chapelle du collège Sainte-Marie, lieu de prière, de pèlerinage, d’art et de théâtre, le Gesù est aussi le dernier vestige témoignant de la présence jésuite au centre-ville de Montréal.
Gesù
Le collège Sainte-Marie
Le 20 avril 1846, le père jésuite Félix Martin achète un terrain à l’angle des rues Dorchester et de Bleury. C’est à cet endroit que commence, deux ans plus tard, la construction du collège Sainte-Marie, dont les plans sont dessinés par Victor Bourgeau et Étienne-Alcibiade Leprohon. En 1850, les jésuites emménagent dans leur nouveau collège. En raison des coûts élevés liés à la construction du collège, l’édification d’une chapelle d’envergure est remise à plus tard. Une petite chapelle temporaire est alors bénie dans l’enceinte du collège.
Disputes de clocher
Gesù - intérieur
Dès mars 1864, les Sulpiciens émettent des réserves quant à la taille de la future église. Les célébrants jésuites, reconnus pour leur verve et leur charisme, pourraient faire de l’ombre aux églises paroissiales environnantes. Des conflits émergent entre deux jésuites, les pères Berthelet et Schneider, à propos de la construction de la façade. Alors que le père Schneider souhaite que la construction de la façade soit remise à plus tard en raison de dépassements de coûts, le père Berthelet combine avec le maçon pour autoriser sa construction. La façade s’élève dans le style romain, au milieu d’un chantier désorganisé. Bien qu’elle ne soit pas achevée, l’église du Gesù est inaugurée le 3 décembre 1865. L’intérieur du bâtiment est d’inspiration Renaissance et la décoration est en trompe-l’œil.
Gesù
De nombreuses statues ornent l’Église, certaines sont ajoutées au fil des ans. Parmi celles-ci, la statue de Notre-Dame de Liesse est offerte par les Jésuites de Laon, en France. Cette statue renferme des cendres d’une statue plus ancienne de Notre-Dame de Liesse, ayant brulé pendant la Révolution française, et elle est réputée miraculeuse. À la fin de chaque année scolaire, les finissants du collège Sainte-Marie se recueillent devant l’autel de la Vierge miraculeuse. L’église du Gesù est ouverte aux étudiants, mais aussi au public. Les étudiants peuvent y accéder par un tunnel, qui la relie au collège. Si le Gesù n’est pas une église paroissiale, il n’en demeure pas moins que les prêches des jésuites, ainsi que leurs confessionnaux, sont fréquentés par de nombreux Montréalais.
Un lieu de théâtre
Gesù - comédiens
Transformations
Gesù
À partir de 1993, la mission de l’église se transforme. L’artiste jésuite Daniel LeBlond travaille alors au repositionnement du Gesù comme centre de créativité. Cette année-là, une première exposition multidisciplinaire se tient au centre de créativité du Gesù, dans l’église. L’exposition Art sacré présente la série de 58 estampes du miserere de l’artiste français Georges Rouault. De nombreux artistes ont depuis exposé au centre de créativité, où plusieurs concerts ont aussi lieu chaque année. Le Gesù demeure aussi un lieu de recueillement. Le sanctuaire consacré à la Vierge de Liesse accueille chaque année des pèlerins venus de partout afin de lui demander son intercession. L’amphithéâtre du Gesù continue quant à lui à accueillir concerts, pièces de théâtre et autres spectacles. Il demeure l’une des plus anciennes salles de spectacle francophones toujours en fonction dans la métropole.
COLLECTIF. Le Gesù, 150 ans d’histoire, Montréal, 2017, 80 p.
COMMUNAUTÉ URBAINE DE MONTRÉAL. SERVICE DE LA PLANIFICATION. Répertoire d’architecture traditionnelle sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal : architecture religieuse 1, Les églises, Montréal, CUM, Service de la planification du territoire, 1981, p. 40-45.
MARSAN, Jean-Claude. Montréal en évolution. Quatre siècles d’architecture et d’aménagement,Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2016, p. 249-252.
PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture, Montréal, La Presse-Éd. du Méridien, 1987-1995, vol. 2, p. 47-53.