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Le Ballet Raíces de Colombia à Montréal

02 juin 2017

Le succès de la principale troupe de danse folklorique colombienne de Montréal prouve le rôle déterminant de la culture, du folklore et de la danse dans le rapprochement interculturel.

Ballet Raíces de Colombia

Spectacle de la troupe Ballet Raíces de Colombia
Ballet Raíces de Colombia

Depuis sa fondation en 2001, le Ballet Raíces de Colombia est devenu l’un des organismes folkloriques les plus reconnus de la scène culturelle latino-américaine à Montréal.

L’origine de ce ballet folklorique remonte à 1998. Cette année-là, le Consulat colombien de Montréal programme un spectacle de danses colombiennes, destiné à l’ensemble des représentants des organismes diplomatiques basés à Montréal, dans le cadre des célébrations de la fin du XXe siècle. Le Consulat demande la collaboration de l’une des plus prestigieuses troupes de danse folklorique de Colombie : le Ballet folklorique d’Antioquia (BFDA). Pour assumer cette responsabilité, le BFDA désigne Carlos Reyes, spécialiste en histoire de l’art, danseur, chorégraphe, couturier et écrivain.

À son arrivée à Montréal, Monsieur Reyes trouve une troupe existante, le groupe Orquídeas de Colombia. Mais celui-ci n’a pas les aptitudes techniques pour assurer un spectacle de grande envergure. Pour répondre à la demande des diplomates colombiens, une profonde restructuration est nécessaire : former les danseurs aux techniques de base des danses folkloriques, préparer les costumes, organiser des répétitions, etc. Le travail de réorganisation de la troupe et la préparation du spectacle durent huit mois. Étant donné son succès à la tête du groupe, les danseurs demandent à Carlos Reyes de poursuivre la tâche et d’assurer la direction artistique de la troupe. Ainsi est né le Ballet Raíces de Colombia en 2001. « L’un des moments les plus émouvants dans l’histoire du Ballet a été sa première représentation, le 8 août 2000. Tous les costumes étaient de véritables costumes de danses folkloriques colombiennes. Ce jour-là, les fillettes sont devenues des femmes et les enfants, des hommes. C’est quelque chose inexplicable », affirme Carlos Reyes.

L’engagement d’un homme

Ballet Raíces de Colombia

La troupe de Ballet Raíces de Colombia
Ballet Raíces de Colombia

Pendant la période de réorganisation du groupe et de préparation du spectacle, monsieur Reyes a obtenu son permis de travail et a appris le français. Il a ainsi pu être engagé comme entraineur par le Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal (CEPSUM) et par plusieurs gymnases. Carlos travaille à mi-temps comme instructeur d’aérobics, sa seule source de revenus. Il assure la direction du Ballet de façon bénévole. Son temps libre est consacré à l’organisation de la troupe : la création et la préparation des spectacles, la conception des costumes, la gestion et la comptabilité, etc.

Comme le Ballet ne reçoit pas des subventions gouvernementales ni de soutien d’organismes privés, ses activités sont financées par ses membres, qui le font par amour des danses folkloriques colombiennes et de l’art. Dans la troupe, 70 % des membres sont originaires de la Colombie et 30 % viennent de partout dans le monde. Les membres non colombiens apportent leur perception personnelle des danses folkloriques et leur vécu artistique. En retour, le Ballet leur offre son parcours culturel, l’opportunité de s’exercer à parler l’espagnol et un réseau socioculturel durable.

Selon Carlos, son implication au sein du Ballet lui a permis de retrouver une famille à Montréal. « Chacun des membres du Ballet est comme mon fils, mon ami, mon ennemi, tout. Moi, je dois être un exemple pour eux. Dans ma vie, tout ce que j’ai eu, c’est ce ballet. C’est ça qui me comble et me fait vivre et pleurer! » déclare Carlos Reyes manifestement ému. Bien sûr, la mission du Ballet est de diffuser le folklore de la Colombie à Montréal, au Canada et dans le monde. Mais la mission de ses membres est de grandir et de devenir de meilleurs êtres humains, puisque au travers de la danse leurs vies changent positivement.

Une école préparatoire

Ballet Raíces de Colombia - École

Jeunes filles qui dansent
Ballet Raíces de Colombia
En 2005, le Ballet Raíces de Colombia a fondé une école de danse dans le but de former de nouveaux danseurs. Ceux qui souhaitent appartenir au Ballet doivent d’abord passer par l’école. Après un an ou un an et demi, ils commencent à participer aux spectacles du Ballet. Ce processus permet d’observer l’implication des nouveaux membres dans le Ballet et leur acceptation par le groupe. C’est pourquoi, « chaque fois que le Ballet fait une présentation, c’est un moment très émouvant », assure Carlos.

Le Ballet Raíces de Colombia a fêté son 15e anniversaire le 29 octobre 2016 en présentant un spectacle nommé Colombie-Pays de Régions. Celui-ci a proposé aux spectateurs un voyage au travers des paysages colombiens, en mettant en valeur les costumes typiques, le folklore de chaque région du pays, l’odeur du café, les montagnes, la biodiversité des jungles et des plaines, la beauté de la mer de San Andrés, les couleurs imaginaires du Pacifique et les papillons jaunes de Gabriel Garcia Marquez.

Reconnaissance et distinctions

Ballet Raíces de Colombia

Couple qui danse
Ballet Raíces de Colombia
Durant ses 15 ans d’existence, le Ballet a donné un grand nombre de spectacles et a même représenté la Colombie dans plusieurs festivals de danse au Canada, dont, entre autres, le Mondial des Cultures à Drummondville, le Festival international de Percussions à Longueuil (où il a gagné le prix La relève) et le Festival des traditions du monde de Sherbrooke. Dans les derniers mois de l’année 2016, le Ballet a représenté la Colombie au Festival de tourisme de Bombay en Inde.

Pour Carlos Reyes, ces 15 années de labeur commencent à porter leurs fruits, car la qualité de sa troupe de danse folklorique est peu à peu reconnue à l’extérieur du Canada. En 2017, le Ballet est convié à se produire en Pologne et en Espagne. En 2018, il est invité au Sri Lanka. De plus, le Ballet a reçu plusieurs distinctions de la part de diverses organisations, notamment des organismes diplomatiques colombiens au Canada, la Cámara de Comercio Latinoamericana de Quebec et LatinArte.

Aujourd’hui, Carlos rêve d’avoir accès à un local totalement consacré au Ballet, pour les répétitions et pour entreposer le matériel, car cela permettrait à la troupe de se consolider. Les organismes à caractère folklorique comme le Ballet sont « une grande force », dit-il, car ils « enrichissent la vie culturelle de la ville et contribuent à dynamiser les relations interculturelles ».