L’élite montréalaise du XIXe siècle forme de nombreuses sociétés savantes pour favoriser la science et la culture. L’une d’entre elles lutte déjà pour préserver le patrimoine montréalais.
Société d’archéologie et de numismatique de Montréal - périodique The Canadian
En 1862, deux groupes de numismates montréalais étudiant la monnaie et les médailles s’unissent. La Natural History Society of Montreal rassemble les amateurs d’histoire naturelle anglophones depuis 1827, et les passionnés d’histoire d’origine canadienne-française se réunissent au sein de la Société historique de Montréal dès 1858. La fusion de ces deux sociétés regroupe alors une vingtaine de représentants de la bonne société montréalaise.
La sauvegarde du patrimoine montréalais
Adélard-Joseph Boucher
Les fondateurs de la Société, Adélard-Joseph Boucher et Stanley Clark Bagg, avaient la ferme intention de fonder une association biculturelle exprimant leur vision de Montréal. Le premier était marchand d’instruments de musique, organiste, maître de chapelle et chef d’orchestre du Gésu. Il dirigeait aussi la Revue des Beaux-arts et le mensuel Canada musical. Le second était notaire, chroniqueur et riche héritier et avait été l’un des organisateurs des festivités de l’été 1860 lors de l’inauguration du pont Victoria et de la visite du prince de Galles.
Des bourgeois montréalais patriotes
Stanley Clarke Bagg
Ces bourgeois montréalais, ces messieurs à gibus, tous très actifs dans leur domaine, avaient en commun l’amour du jeune dominion. Pour eux, la sauvegarde du patrimoine et l’éducation de la jeunesse étaient des éléments essentiels à la construction de la grande nation à laquelle ils rêvaient. Dans les années 1880, la Société organise une exposition de portraits historiques des bâtisseurs du pays, œuvrant ainsi à la construction d’un patriotisme canadien. Cette volonté de promouvoir et de consolider un sentiment national canadien chez les deux groupes fondateurs était manifeste dans les propos et les activités de la Société. Entre 1890 et 1895, elle installe plus de 50 plaques commémoratives aux endroits d’importance historique de Montréal.
Un musée au château Ramezay
Société d’archéologie et de numismatique de Montréal vers 1930
La Société et ses membres les plus influents entreprennent des démarches auprès de la Ville de Montréal afin qu’elle acquière le bâtiment. Celle-ci finit par le leur louer. La Société emménage dans le château le 1er mai 1895. Enfin, le soir du 9 avril 1896, la Galerie nationale et le musée d’histoire canadienne sont inaugurés au château Ramezay devant le Tout-Montréal victorien. Ce musée d’histoire est pleinement de son époque et regarde le passé avec les intérêts d’alors.
Au milieu du XIXe siècle, parmi les gens aisés regroupés en sociétés savantes, des hommes éclairés s’intéressaient donc à leur science favorite et discutaient des profondes mutations que subissait Montréal. Plusieurs des membres de la Société d’Archéologie et de Numismatique de Montréal ont joué divers rôles de premier plan dans la communauté montréalaise et canadienne de leur temps. Ils sont le reflet de Montréal à son âge d’or.
Cet article est paru dans le numéro 24 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il avait été rédigé par le Château Ramezay. Il a été remanié en 2015 par Anne Gombert.
Ucal-Henri Dandurand était passionné par la mécanique et notamment par cette nouvelle machine qu’était l’automobile. Au début du XXe siècle, il achetait une Dion-Bouton 1898. Premier Montréalais à rouler sur un de ces engins, il était aussi le premier Québécois à en faire immatriculer un. Pour un dollar, il fit peindre « Q1 » à l’arrière de sa voiture. Contemporain de l’ouverture du musée, Dandurand franchit peut-être les arches du château Ramezay au volant (ou plutôt aux manettes) de sa Dion-Bouton. Celle-ci y prend maintenant un repos bien mérité.