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La restauration de la maquette de Montréal en 1745

À l’été 2015, le Centre d’histoire a entrepris une mise à jour de sa maquette représentant la petite ville fortifiée en 1745. Ce Montréal miniature est ainsi devenu beaucoup plus vivant.

Maquette Montréal 1745

Maquette de Montréal en 1745, vue générale.
Centre d'histoire de Montréal.
Dans sa grande boîte-vitrine, elle accroche l’œil des visiteurs qui entrent au Centre d’histoire de Montréal. En allant vers le comptoir d’accueil, ceux-ci s’approchent et découvrent, sous une vitre présentant le tracé actuel des rues du Vieux-Montréal, une maquette de la petite ville fortifiée au XVIIIe siècle. Cette maquette se trouve au musée depuis au moins 1992, peut-être même depuis l’ouverture en 1983; il faudrait fouiller dans les archives du Centre pour le vérifier. Elle a été réalisée par Simon Drolet, qui a aussi fait deux autres modèles présentés dans le musée.

La maquette d’origine se voulait une représentation très simplifiée de la ville vers 1742, en trois dimensions et à échelle réduite. Aucun détail architectural n’y était donné, les maisons étaient toutes pareilles, sauf quelques variations dans la dimension, et elles n’étaient pas à l’échelle. Malgré ses limites, la maquette a toujours été très appréciée des visiteurs et elle est un outil d’animation utilisé aussi bien par les guides du musée que par des guides touristiques, qui font des visites extérieures et qui entrent au musée avec des groupes pour quelques minutes. Mais au fil des années, de nouvelles recherches sur l’histoire de Montréal ont permis une meilleure connaissance de la ville au XVIIIe siècle, mettant en évidence les lacunes et les limites de la maquette aux yeux de l’équipe du musée.

Que faire de la maquette?

Lorsque le Centre d’histoire a renouvelé son exposition-synthèse au rez-de-chaussée du bâtiment en 2014, avec l’exposition Traces. Lieux. Mémoires, il a été question de se départir du modèle réduit. Mais l’équipe d’animateurs et les gens à l’accueil sont montés au front pour le conserver et, surtout, pour l’améliorer! C’est ainsi qu’il a été décidé de le garder, et une partie de l’équipe s’est attelée à la tâche.

Lancée à l’été 2015, la restauration avait d’abord pour but de corriger une quarantaine d’erreurs observées par l’équipe avec l’aide de l’historien Alan Stewart. Il fallait aussi choisir une année précise pour dater la maquette et ainsi déterminer ce qui devait être représenté ou pas. Il a été décidé que ce serait la ville en 1745. Ensuite, plusieurs calculs ont été effectués pour établir une échelle qui permettrait de distinguer les édifices et les maisons de façon plus juste; elle a été fixée à 1:760.

Le projet pouvait alors démarrer avec la correction d’anachronismes et autres erreurs à l’aide de différents documents historiques, de cartes de la ville, de devis de construction de l’époque, de plans d’architectes ou de documents écrits par Alan Stewart. La plupart des grands édifices, comme l’église Notre-Dame, le séminaire des sulpiciens, le Château Ramezay et l’Hôtel-Dieu, ont été refaits à l’échelle en leur apportant des détails architecturaux. Dans le cas de l’Hôtel-Dieu, par exemple, il était trop long et comportait une annexe inexistante en 1745. Également, le fossé autour des fortifications, considéré comme une douve, avait été mal interprété à l’époque. Cette partie a donc été repeinte en brun, plutôt qu’en bleu.

Une équipe aux talents variés

C’est sur ces éléments principaux que l’équipe s’est concentrée lors du premier été, en misant sur les talents de chacun : la rigueur historique et la minutie de l’animateur Tyler Wood, le savoir-faire de bijoutier de l’assistant technique Olivier Mondor, de même que l’enthousiasme de l’animatrice étudiante Marianne Fleury-Ross et des stagiaires Miranda Pettengill et Dominic Massicotte. L’ouvrage étant réalisé dans l’aire d’accueil, devant le public, la restauration a suscité beaucoup d’intérêt chez les visiteurs qui n’hésitaient pas à questionner les employés, créant de ce fait une belle animation spontanée jusqu’à la fin de l’été 2015.

Il n’était donc pas question de s’arrêter en si bon chemin. Au printemps 2016, le travail a pris de l’ampleur, avec le même noyau d’employés motivés et une nouvelle stagiaire, Anaïs Roy. Il fallait continuer à corriger la liste d’erreurs établie en 2015, mais aussi continuer à ajouter des détails architecturaux. Sur la maquette originale, les maisons étaient presque toutes de dimensions similaires avec des toits imitant la taule, alors qu’à l’époque ils étaient principalement en bardeaux. Pour rendre justice à ce qu’était Montréal en 1745, environ 100 bâtiments doivent être remplacés pour résoudre les erreurs liées à l’échelle, l’emplacement et l’architecture.

Un document de référence a été important : Aveu et dénombrement de la seigneurie de l’île de Montréal. Rédigé en 1731 par les sulpiciens à la demande du roi, il s’agit d’une liste détaillée des propriétaires des concessions de terres dans la ville. Il faut toutefois être vigilant, car certaines informations sont incorrectes ou manquantes, sans compter que ce document donne un portrait en 1731 alors que la maquette montre la ville 14 ans plus tard. On doit alors recouper les renseignements avec d’autres documents.

Exactitudes et touches de vie

Malgré les nombreux obstacles, le travail de restauration effectué sur la nouvelle maquette correspond le plus fidèlement possible à l’information recueillie. La mise à jour est exécutée avec un grand souci du détail. Le caractère unique de chacun des bâtiments est représenté le mieux possible, avec les types de matériaux utilisés, le nombre d’étages, de portes, de fenêtres, de même que la couleur des toits. La demeure de Marguerite d’Youville ayant brûlé lors d’un incendie en janvier 1745, ce sont les décombres de la maison qu’on peut maintenant voir sur la maquette. Le faubourg Saint-Laurent, inexistant sur la maquette originale, et pourtant développé en 1745, a été ajouté. Et des touches de vie ont été données avec l’addition de vergers, de ponts, de puits, de bottes de foin, de canots ou de canons, rendant la maquette beaucoup plus réaliste.

À la fin de l’été 2016, l’équipe du Centre d’histoire de Montréal travaillait sur le secteur au sud de la rue Saint-Paul, mais ses ambitions sont bien plus grandes : être en mesure de restaurer toute la maquette! En accumulant aussi des informations sur l’identité des propriétaires et des locataires des lots et des anecdotes sur la vie à Montréal en 1745, l’équipe du Centre d’histoire de Montréal souhaite transmettre une vision plus humaine de ce qu’était la ville à l’époque et non simplement une image figée de celle-ci.