Le Village-aux-Oies (Goose Village), aussi appelé Victoriatown, forme une petite enclave résidentielle au cœur d’une zone ferroviaire et industrielle. En 1964, tout est rasé.
QD - Goose Village, avant-après
Le nom du village lui vient sans doute des oies que l’on pouvait autrefois chasser en bordure du fleuve. Quant à l’appellation Victoriatown, elle a manifestement un lien avec le pont nommé en hommage à la reine Victoria.
Au milieu du XIXe siècle, les premières constructions y sont des baraquements temporaires érigés pour loger les immigrants irlandais, puis les ouvriers qui, entre 1854 et 1859, construisent le pont Victoria. Les résidences permanentes commencent à apparaître dans les années 1860, mais deviennent plus nombreuses au cours de la décennie suivante. À la fin du XIXe siècle, le territoire est à peu près entièrement bâti.
Les résidants n’ont aucune difficulté à se trouver des emplois dans les environs. Tout juste à l’ouest, le Grand Tronc (devenu le Canadien National) a une vaste gare de triage et ses principaux ateliers d’entretien et de réparation du matériel ferroviaire. Au nord et à l’est, de nombreuses usines bordent le canal de Lachine et les bassins du port. Au tournant du XXe siècle, on note la présence de journaliers, mais la majorité des chefs de ménage occupent un emploi qualifié dans un métier du fer (forgeron, mouleur, etc.) ou au Grand Tronc. Quelques francophones habitent alors parmi une population surtout anglophone, notamment irlandaise.
Une mixité de longue date
goose_village001.jpg
La petite superficie du secteur et son isolement relatif favorisent le développement d’une solidarité locale. La sociabilité urbaine se déroule au parc Victoriatown et au Victoriatown Boys’ Club, mais aussi dans les rues et les ruelles du quartier. Les petits commerces qui parsèment le territoire forment autant de lieux de rencontre, tandis que les loisirs des familles italiennes sont rythmés par l’entretien du potager aménagé dans la cour. D’anciens résidants témoignent de l’intensité des relations de voisinage au cours de l’après-guerre.
QD - Carte des quartiers
Ce texte de Paul-André Linteau est tiré du livre Quartiers disparus. Red Light, Faubourg à m’lasse, Goose Village, sous la direction de Catherine Charlebois et Paul-André Linteau, Les éditions Cardinal, 2014, p. 174-175.