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Expo 67. Logexpo ou le casse-tête de l’hébergement

05 juillet 2017

L’organisme Logexpo a été le motif de multiples plaintes, critiques et moqueries, et même d’une enquête provinciale. Son but, fort louable, paraissait pourtant assez simple.

Logexpo - feuillet promotionnel

Feuillet promotionnel expliquant ce qu'est Logexpo
Collection du Centre d’histoire de Montréal
Afin de faciliter l’hébergement des millions de visiteurs attendus à Expo 67, le gouvernement du Québec met sur pied Logexpo, un organisme chargé d’harmoniser les réservations auprès d’hôtels, de motels, de terrains de camping et de résidants prêts à accueillir des visiteurs sous leur toit. Victime de son succès et de la popularité d’Expo 67, Logexpo est vite incapable de répondre à la demande et connaît de multiples ratés qui lui vaudront de nombreuses plaintes et moqueries.

Avant même l’ouverture d’Expo 67, Logexpo est vivement critiqué par des agences de voyage américaines qui dénoncent un fouillis dans le traitement des réservations. Dans les semaines qui précèdent l’inauguration d’Expo 67, l’organisme reçoit jusqu’à 40 000 demandes par semaine et se montre incapable d’y répondre dans les délais souhaités. Les responsables de Logexpo attribuent alors les retards occasionnés à un manque de personnel et promettent d’y remédier aussitôt.

L’embauche d’employés supplémentaires n’éliminera cependant pas les retards. D’autres facteurs compliquent également le traitement des demandes. Le gouvernement provincial tarde notamment à transmettre aux responsables de Logexpo le prix des chambres de certains établissements.

L’offre privée est boudée

À la fin mars, on dénombre déjà 2,3 millions de nuitées réservées par 500 000 clients. Alors que près des deux tiers des demandes concernent des réservations de chambres d’hôtel et de motel, à peine 5 % se rapportent à des résidences privées, bien que plus de 30 000 places y soient disponibles.

Afin d’accroître l’offre d’hébergement, des motels préfabriqués devaient être en opération pour la durée de l’exposition. Toutefois, la construction de plusieurs d’entre eux accuse d’importants retards et s’avère inachevée au moment de l’ouverture de l’Expo. Plusieurs visiteurs ayant déboursé une somme pour leur réservation se plaignent alors de ne pas avoir accès aux chambres promises. Du côté des responsables de Logexpo, la confusion est palpable. Un porte-parole d’Expo 67 affirme notamment que les dépôts versés en garantie pour les réservations ne peuvent être récupérés, alors qu’un autre avait dit quelques jours plus tôt qu’ils pouvaient l’être.

Logexpo

Terrain de camping près d'une raffinerie au moment d'Expo 67
Archives de la Ville de Montréal. P14012P38.
Tout au long de l’été, les médias rapportent divers exemples de motels inachevés ayant généré des maux de têtes aux administrateurs de Logexpo et bien des frustrations chez les visiteurs. Un des cas les plus célèbres est celui de 1,000 Motels Inc., qui devait comporter 1000 unités, mais n’en offre finalement que 44.

Face au nombre croissant de plaintes de visiteurs et d’agences de voyage, le gouvernement du Québec déclenche une enquête afin de faire la lumière sur les divers cafouillages rapportés. Le gouvernement force la fermeture de certains motels, considérés comme non conformes aux standards exigés. Parmi ceux-ci, le motel Poulin, à Brossard, devait comprendre 200 chambres, mais n’a finalement pas été complété à temps, et a vu apparaître sur son terrain ce que des journalistes ont qualifié de « mini-bidonville ». Des dizaines de roulottes y étaient alignées en guise de solution à l’indisponibilité des chambres. En plus de déplorer l’apparence générale des lieux, des clients se plaignaient de l’absence de douches.

Des réservations, mais pas d’hébergement

Logexpo - caricature

Caricature montrant un homme en train de construire une cabane en bois pour le bureau des plaintes de Logexpo
Source inconnue
En dépit des mesures entreprises par le gouvernement provincial pour sévir contre les établissements fautifs, des visiteurs étrangers qui ont réservé leur hébergement plusieurs semaines à l’avance continuent de se retrouver sans gîte à leur arrivée à Montréal. Des agences de voyages américaines se plaignent notamment d’avoir été dirigées par Logexpo vers des motels dont la construction est inachevée ou encore vers des motels dont le gouvernement a forcé la fermeture. Les critiques sont particulièrement vives à l’endroit des motels préfabriqués, qui devaient être en opération uniquement pour la durée de l’Expo.

Alors que des clients ne peuvent accéder aux chambres de motel qu’ils ont réservées, des citoyens qui souhaitent héberger des visiteurs sont laissés pour compte. À la mi-juillet, l’agence Un Toit 67 Inc., qui regroupe plus de 6000 propriétaires montréalais, déplore que Logexpo ne lui ait acheminé aucun visiteur depuis l’ouverture de l’Expo, alors qu’elle est en mesure d’en héberger jusqu’à 40 000 par nuit. À Laval, 350 familles inscrites à Logexpo se plaignent également de ne toujours pas avoir reçu de réservations, trois mois après l’inauguration d’Expo 67.

Logexpo - livre de commentaires

Commentaire d'un visiteur dans le livre de signatures d'
Collection personnelle Cécile Côté
À cause de tous ces déboires qui entachent la réputation de Logexpo, le nombre de réservations qui s’y fait chute considérablement au cours de l’été. À la fin du mois de juillet, l’enquête provinciale révélera pour sa part de nombreuses fraudes et irrégularités dans la gestion de l’organisme. Objet de multiples critiques et railleries, Logexpo constituera pour plusieurs le plus grand fiasco d’Expo 67.