Ernest Cormier est un des architectes majeurs du XXe siècle montréalais. Parmi ses œuvres, classiques ou fleurtant avec l’avant-garde, figurent des édifices marquants de la métropole.
Ernest Cormier
Ernest Cormier poursuit des études supérieures en génie civil à l’École polytechnique de Montréal, dont il obtient son diplôme en 1906, avant d’effectuer un stage dans ce domaine à la Dominion Bridge Company. Quelques années plus tard, en 1909, il se rend à Paris où il complète une formation en architecture à l’École des beaux-arts. Cormier y acquiert une maîtrise complète de son métier, de la conception architecturale au design intérieur, dans un style classique très épuré. Son travail est vite remarqué alors qu’il obtient, en 1914, la bourse Henry Jarvis décernée par le Royal Institute for British Architects entre 1913 et 1928. Cet honneur est associé à un séjour à Rome où Cormier passe les années qui suivent. Il y développe sa vision et son métier avant de rentrer dans la Ville Lumière en 1917. Cormier revient au Canada en 1918, année malheureuse où son épouse meurt de la grippe espagnole. Le jeune veuf se plonge dans le travail et fonde son cabinet d’architecte-ingénieur.
Le Montréal bâti de Cormier
Palais de justice - vers 1926 et 1930
À la suite de cette réalisation, Cormier se remet à la table dessin pour des clients de plus en plus nombreux. On lui doit l’annexe du palais de justice de Montréal construit dans les années 1920 en collaboration avec Louis-Auguste Amos et Charles Jewett Saxe. L’édifice à la colonnade imposante de la rue Notre-Dame abrite, au XXIe siècle, la Cour d’appel du Québec. Les contrats s’enchaînent, et Cormier fait partie du groupe d’architectes derrière la reconstruction de l’hôtel de ville de Montréal à la suite de l’incendie de 1922. Ses services sont également retenus par l’Université de Montréal afin de concevoir les plans de son campus sur les flancs du mont Royal. Il est le concepteur du pavillon principal de l’université dont la tour emblématique est terminée en 1943. Pendant les années 1930 et 1940, Cormier sort du Québec et conçoit le bâtiment de la Cour suprême du Canada à Ottawa ainsi que les portes d’entrée de l’édifice de l’Organisation des Nations Unies à New York. L’un de ses derniers projets d’envergure sera le grand séminaire de Québec qui fait désormais partie de l’Université Laval (pavillon Louis-Jacques-Casault).
Outre ces bâtiments civils, Ernest Cormier laisse aussi sa trace sur le bâti religieux montréalais. Il dessine les églises Sainte-Marguerite-Marie-Alacoque (devenue Notre-Dame-de-la-Guadeloupe), rue Ontario, et Saint-Ambroise, rue Beaubien. Dans les deux cas, la construction de l’église fait suite à l’érection canonique de leur paroisse respective et est un exemple de la vitalité religieuse à Montréal dans les années 1920.
L’architecture privée de Cormier
Ernest Cormier - studio
Construite en 1930-1931, sa maison peut, quant à elle, être considérée comme un exemple particulièrement réussi du courant Art déco à Montréal, notamment pour son intérieur et son usage de matériaux modernes. Cormier parvient, par ailleurs, à bien intégrer la maison à son environnement immédiat. En effet, elle épouse la pente de ce terrain du Mille carré doré faisant en sorte qu’un seul étage soit visible de la rue alors que l’on peut en apercevoir quatre à l’arrière. La réalisation de cette demeure témoigne du succès professionnel de Cormier qui s’est taillé une place de choix dans sa sphère d’activité. À la suite du décès de l’architecte en 1980, c’est Pierre Elliott Trudeau, ancien premier ministre du Canada, qui occupera la résidence jusqu’en 2000.
Cormier est par ailleurs responsable de la réalisation du 3535-3537, avenue Lorne dans le quartier Milton Parc qui reflète ses intérêts en termes d’architecture privée. À l’instar de sa propre demeure, les façades avant et arrière de celle de l’avenue Lorne sont bien différentes. En effet, l’avant s’intègre élégamment dans un cadre bâti d’inspiration victorienne faisant la part belle à la pierre, alors que l’arrière s’inspire directement du style Bauhaus, un choix avant-gardiste dans les années 1920 à Montréal.
Reconnaissance d’une carrière florissante et multiple
Ernest Cormier - salon
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS. « Cormier, Ernest », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Gouvernement du Québec.
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS. « Maison Ernest-Cormier », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Gouvernement du Québec.
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS. « Studio Ernest-Cormier », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Gouvernement du Québec.
VANLAETHEM, France. « Cormier, Ernest », L’Encyclopédie canadienne, 4 mars 2015.