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La ruelle Saint-Éloi

19 janvier 2016

Dans la ruelle Saint-Éloi, une brève fouille de sauvetage a mis à jour un site archéologique aussi riche que minuscule. Les analyses ont révélé qu’il est un des plus anciens sur l’île de Montréal.

Ruelle Saint-Éloi

La ruelle Saint-Éloi, très étroite, avec un stationnement à droite et les façades de bâtiments à gauche.
2016. Centre d'histoire de Montréal.

Les fouilles archéologiques réalisées depuis plusieurs années dans le Vieux-Montréal nous ont révélé la richesse du site. Les archéologues n’ont souvent que très peu de temps pour faire leur travail. La plupart de ces fouilles, qu’on qualifie de sauvetage, sont généralement une course contre la montre pour connaître la nature du site avant le début des travaux de voirie ou de construction.

Les traces de la présence autochtone préhistorique sont encore plus difficiles à déceler dans le Vieux-Montréal : les vestiges datant de la colonisation européenne couvrent parfois un site d’occupation autochtone encore plus ancien! Des fouilles entreprises entre 1982 et 1999 sur la place Royale ont ainsi permis de mettre à jour près de 5000 artéfacts préhistoriques autochtones, soit la plus forte concentration découverte à ce jour dans le quartier.

Fouilles archéologiques - Ruelle Saint-Éloi

Deux archéologues effectuent des fouilles en 2000
2000. Fouilles archéologiques réalisées par la firme Ethnoscop inc. dans la ruelle Saint-Éloi. Photo de Roland Tremblay pour Ethnoscop inc.
Le métier d’archéologue en milieu urbain n’est pas de tout repos. Celui-ci fait des pieds et des mains pour fouiller et explorer les sols à la recherche d’artéfacts. En 2000, des travaux d’installation effectués dans la ruelle Saint-Éloi par la Commission des services électriques ont permis de mettre à jour une portion d’un site, d’une superficie de 2,5 m2, très riche en informations. Une fouille de sauvetage de une semaine a permis de trouver, à environ 1,5 m de profondeur, 443 artéfacts dont un épilateur en os, un racloir de quartzite et une mandibule d’ours. Toutefois, la découverte la plus importante est celle de deux foyers. Des échantillons de charbons de l’un d’eux ont été soumis au carbone 14 et ont révélé que ce site datait de la période archaïque post-laurentienne, c’est-à-dire de 4000 ans. Ce qui en fait l’un des sites les plus anciens sur l’île de Montréal. Tout comme le site de la place Royale, celui de la ruelle Saint-Éloi était situé près de l’ancienne embouchure de la Petite Rivière.

On peut imaginer, il y a 4000 ans, à cet endroit, un petit campement où l’on aurait mangé de l’ours auprès d’un feu, peut-être après s’être approvisionné en pierre cornéenne sur les flancs est du mont Royal. Le chasseur en profite pour se retailler de nouveaux outils. 

Cet article est paru dans le numéro 47 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.