Dans le cadre de l’exposition Dialogue avec la communauté sino-montréalaise, le MEM est allé à la rencontre de personnes de la communauté. Ici, le parcours d’Andong Wang.
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Depuis bientôt 50 ans, Andong Wang explore le dessin et la peinture comme vecteurs d’expression. Jumelant rigueur et intuition, Orient et Occident, ses œuvres laissent place à la conquête de nouvelles expériences et permettent à l’artiste d’étaler, en trames épaisses ou traits subtils, la richesse de son monde intérieur.
Un talent inné
Né avec l’amour du dessin, Andong a d’abord été un artiste autodidacte. Il a passé son enfance à dessiner en classe et à réaliser des portraits de ses camarades. Ce n’est qu’en 1980, après la fin de la Révolution culturelle et la reprise de l’examen d’admission national au collège, qu’il a pu entrer à l’Académie des beaux-arts de Guangzhou pour y suivre une formation artistique formelle de quatre ans. Après sa graduation, Andong travaille comme éditeur artistique à la maison d’édition des Sciences et des Technologies de Guangdong. En 1991, il est le seul étudiant chinois à s’inscrire en tant qu’étudiant international pour une formation en gravure à la Faculté des beaux-arts de l’Université de Concordia. L’artiste décrit cette expérience de deux ans comme un saut artistique : il approfondit ses connaissances des mouvements et techniques artistiques occidentaux et les intègre à sa pratique traditionnelle. Durant son parcours, il explore particulièrement la lithographie inuite, un art riche en symbolisme qu’il avait découvert lors de ses études en Chine.
Un style d’avant-garde
Andong a toujours été attiré par l’art du portrait et le dessin figuratif. Inspiré du néo-réalisme, il va au-delà de la stricte représentation physique et étudie la vaste palette des émotions chez l’individu. Se rebellant contre les pratiques traditionnelles, Andong cherche à poser un regard différent et rejette l’esthétisme imposé : « L’art est un langage, l’œuvre d’un peintre n’est pas seulement l’expression de la beauté, mais aussi l’expression de sa vision de la société. » Pour lui, la beauté c’est « de la simplicité, du mouvement, du mystère, de l’abstrait, du grotesque. » À travers l’agencement des couleurs et le choix de thèmes non conventionnels, chacune de ses œuvres représente la tension entre les différentes références culturelles qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Intrigantes et chargées, les compositions méticuleuses de Wang dégagent une puissance émotionnelle qui ne laisse aucun public indifférent.
Redéfinir l’art chinois
Au cours de sa carrière grandissante, les œuvres de maître Wang ont fait l’objet de nombreuses expositions à Montréal et en Chine. Parmi ses aspirations, il s’occupe aussi activement de promouvoir l’art chinois et estime que certains artistes chinois d’outre-mer ont besoin du soutien de la communauté pour persévérer dans leur travail. Il décide donc de former la Société de recherche sur les arts visuels chinois de Montréal, dédiée à la diffusion et la préservation de cet art. Son plus grand souhait est d’ouvrir un musée d’art pour que la communauté chinoise puisse organiser des expositions et des événements culturels sur une base régulière. Il veut aussi faire évoluer l’art chinois dans un contexte de modernité et le faire sortir de sa cage traditionnelle et rigide. « Nous ne devrions plus nous appuyer sur les méthodes esthétiques traditionnelles pour apprécier l’art moderne. À partir d’une bonne méthodologie de base, il est important d’innover, d’adopter un esprit d’ouverture et de trouver son propre style. Je veux que les artistes chinois de la relève puissent apprendre et briller dans ce courant contemporain », déclare Andong.
Le studio d’art du Quartier chinois
Ouvert en 2014 et situé dans le Quartier chinois, le studio galerie Andong devient une place d’échange culturel permettant aux petits et aux grands de découvrir l’art chinois. Andong expose et vend régulièrement les meilleures œuvres d’artistes chinois émergents, donne des cours de dessins, et invite des artistes établis à donner des conférences et à faire des démonstrations artistiques. Pour maître Wang, c’est l’aboutissement d’une carrière : « C’est important d’avoir un artiste chinois qui pratique et préserve l’art dans le Quartier chinois. C’est une représentation essentielle pour notre communauté sur notre territoire. Je veux que le Quartier chinois soit plus qu’un site touristique : un espace dont les visiteurs se souviennent pour son art et sa culture. »