La plupart des Montréalais qui se souviennent du stade De Lorimier ont en tête les matchs de baseball des Royaux, mais ce lieu a accueilli de nombreux évènements, comme un étonnant rodéo en 1946.
Stade De Lorimier - baseball
Sous la responsabilité de Louis Athanase David, député de Terrebonne à l’Assemblée nationale du Québec, la Compagnie de l’Exposition de Montréal a entrepris la construction de ce nouveau stade en janvier 1928, avec pour objectif de le terminer à temps pour le début de la saison en avril. Selon différentes sources de l’époque, le coût de construction du stade varie entre 850 000 dollars et 1,5 million de dollars. « Un des plus beaux stades des ligues mineures et mieux que certains des majeures », soutient alors le commissaire du baseball majeur, le juge Kenesaw Mountain Landis.
De 1928 à 1960, le stade De Lorimier vibre au rythme des Royaux de Montréal. Pour certains, les noms de Duke Snyder, Don Drysdale, Jackie Robinson et Tommy Lasorda évoquent les grands joueurs qui sont passés à Montréal. L’équipe montréalaise était en effet la filiale des Dodgers de Brooklyn, ce qui signifie que les meilleurs baseballeurs en devenir venaient jouer à Montréal avant de tenter leur chance dans le grand club. En 1946, le stade accueille ainsi Jackie Robinson pour sa première saison à Montréal.
Sport et industrie se côtoient
Stade De Lorimier - vue aérienne
Mais le stade n’était pas seulement un terrain de baseball. Avec ses 25 000 places, il pouvait accueillir des évènements d’envergure. Abondent dans les journaux d’époque les publicités annonçant les spectacles en plein air d’orchestres de musique classique, de ténors à la mode, de cirque, les galas de lutte, les matchs de football des Alouettes et les compétitions d’athlétisme.
Comme au Stampede
Stade De Lorimier - rodéo
Malgré la variété des spectacles offerts, le stade De Lorimier reste fortement associé au baseball. Dans ce lieu, un contact privilégié s’est établi entre les Montréalais et les joueurs des Royaux. Mais l’aventure se termine à la fin de la saison 1960 lorsque l’équipe est transférée à Syracuse. Le stade De Lorimier est détruit en 1965 pour faire place, en 1971, à la polyvalente Pierre-Dupuy. À quelques pas de l’école, le parc des Royaux et un monument rappellent l’existence du stade et de la populaire équipe de baseball, grande favorite des Montréalais de 1928 à 1960.
Cet article est la synthèse de deux textes, l’un paru dans la chronique « Montréal, retour sur l’image », dans Le Journal de Montréal du 15 août 2015, l’autre paru dans le numéro 42 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de Montréal de 1991 à 2008.
L’industriel Hyman Grover fait construire en 1923 une usine textile dans le quartier ouvrier Sainte-Marie. Connu sous le nom de La Grover, l’édifice abrite la compagnie Knit-to-Fit. Ses travailleurs filent la laine et tissent chapeaux, foulards et chandails. L’usine est agrandie d’une deuxième aile en 1941 pour répondre à l’augmentation des commandes due à la Deuxième Guerre mondiale.
En 1944, Hyman Grover achète la Regent Knitting Mills de Saint-Jérôme. Dans les années 1950, l’usine montréalaise compte plus de 500 employés. En 1970, Marvin Grover, le fils d’Hyman, et son épouse donnent une seconde vie à la Grover en relaçant la fabrication de vêtements pour dames. À la suite de nombreuses années de relations de travail difficiles, l’usine de Saint-Jérôme est fermée par Marvin Grover en 1974. Celle-ci est aussitôt reprise par les ex-employés et employées qui fondent la société populaire Tricofil, un rare exemple québécois d’autogestion ouvrière, qui prend fin en 1982. La Grover ferme à son tour en 1993, vaincue par la féroce concurrence internationale.
Dans les années qui suivent, des artistes installent leur atelier dans l’ancienne usine abandonnée. En 1995, lorsque l’artiste en arts visuels, Renée Gélinas, aménage au troisième étage du 2065, rue Parthenais, les machines à tricoter de la Knit-to-Fit sont toujours en place, figées dans le temps, leur dernière pièce de tissu inachevée encore dans les rouleaux. Lorsque, en 2004, la menace de transformation en appartements en copropriété plane, les artistes locataires s’unissent dans la lutte « Sauvons l’usine », puis mettent sur pied une coopérative pour acquérir le bâtiment et le garder accessible pour les travailleurs culturels, artistes et artisans. Aujourd’hui, la Grover est l’un des plus importants pôles culturels de l’Est montréalais.
JONCAS, Christophe-Hubert. « Blue Bonnets et l’histoire hippique de Montréal », Spacing Montreal, 12 février 2014.
http://spacing.ca/montreal/2014/02/12/blue-bonnets-et-lhistoire-hippique...
FORAN, Charles. Mordecai: The Life & Times, Knopf Canada, 19 octobre 2010, 800 p.
OKRENT, Daniel, Harris LEWINE et David NEMEC. The Ultimate Baseball Book: The Classic Illustrated History of the World’rs Greatest Game, Houghton Mifflin Harcourt, 2000, 442 p.