Le 9 septembre 2017 est inauguré le parc Sarah-Maxwell en l’honneur de celle qui, le 26 février 1907, donna sa vie pour sauver les élèves de son école. Son histoire mérite d’être mieux connue.
Sarah Maxwell
Sarah Maxwell naît dans une maison de la rue Parthenais le 6 mars 1875. Elle est fille de James Walter Maxwell et Sarah Margaret Stanley. Le père de Sarah est commis-comptable dans l’entreprise de son frère Edward John, un commerce de bois de construction. Sarah est la cadette d’une famille de cinq enfants. Comme sa sœur Winnie, elle veut devenir enseignante. À l’âge de 16 ans, elle entre à l’École normale McGill comme l’avait fait sa sœur. Elle obtient son diplôme d’enseignement élémentaire en 1892, puis celui d’enseignement en école modèle l’année suivante.
Sarah Maxwell commence à travailler à la Hochelaga Protestant School, voisine de la St. Mary’s Anglican Church. Les deux établissements sont situés rue Préfontaine, entre les voies Rouville et Adam. Elle devient directrice de l’école protestante en 1901 tout en continuant d’enseigner. Selon le recensement de 1901, elle avait gagné un salaire de 500 dollars l’année précédente. Elle parle également le français, l’école étant située dans un milieu autant anglophone que francophone. À cette époque, elle pouvait fréquenter sa sœur Minnie qui avait épousé un pasteur méthodiste, dont l’église était située à deux rues de son école, rue Marlborough (aujourd’hui Alphonse-D.-Roy).
Une école montréalaise vers 1900
École d’Hochelaga
Dans l’école protestante d’Hochelaga, il y a quatre classes dont deux pour les garçons du côté de la rue Adam et deux pour les filles du côté de la rue Rouville. Lors de la construction de l’école, en 1890, les commissaires avaient décidé que les élèves les plus âgés seraient au rez-de-chaussée et les plus jeunes, y compris les élèves de maternelle, à l’étage. On disait qu’en cas d’incendie, les élèves plus âgés auraient piétiné les plus jeunes en descendant les escaliers.
L’école n’est pas dotée d’issues de secours et d’escaliers de secours comme beaucoup d’écoles de l’époque. Au moment de l’incendie, les journaux la décrivent comme une « trappe à feu ». La chaufferie au charbon est située au sous-sol. D’ailleurs, en novembre 1906, Sarah Maxwell avait averti la Commission scolaire que la chaufferie était inadéquate.
L’incendie du 26 février 1907
Sarah Maxwell - funérailles enfants
Pendant ce temps, Mlle Campbell, une des deux enseignantes travaillant à l’étage, parvient à casser des vitres. Des employés de la glacière Benoit, de biais avec l’école, réussissent à la sauver de même que certains élèves en utilisant leurs propres échelles. Les pompiers arrivent enfin, même si le poste est situé tout près, rue Sainte-Catherine. Ils avaient eu des problèmes avec un cheval rétif. On installe immédiatement des échelles. Une fois l’évacuation du rez-de-chaussée complétée, Sarah se précipite à l’étage. Deux enseignantes s’y trouvaient : Mlle Carley et Mlle Keyes. Avec deux élèves, Mlle Carley réussit à traverser l’épaisse fumée noire qui montait du sous-sol. De son côté, Mlle Keyes et un certain nombre d’élèves ont pu descendre par l’échelle des pompiers.
Sarah Maxwell est donc seule avec les plus jeunes élèves. Elle réussit à en remettre plusieurs aux pompiers en haut des échelles. À un moment donné, on entend une puissante explosion. Le capitaine Carson, chef des pompiers, supplie alors Sarah de redescendre avec lui. Elle lui répond qu’elle ne pouvait abandonner les élèves restants. Elle retourne dans le brasier pour tenter de sauver les derniers élèves. C’est la dernière fois qu’on la verra vivante. Une fois l’incendie éteint, on retrouve Sarah Maxwell morte asphyxiée et affreusement brûlée. Son corps recouvrait celui d’une des plus jeunes victimes. On aura à déplorer 17 victimes dans cet incendie dont 16 enfants âgés de 3 à 8 ans.
Émotion et honneurs
Sarah Maxwell - carte postale
Le 1er mars, un service funèbre fut célébré à l’église anglicane adjacente à l’école pour une grande partie des petites victimes. Des milliers de personnes se massèrent devant l’église pour assister au cortège funèbre. Cette cérémonie donna lieu à des scènes déchirantes pour les parents accompagnant leurs enfants à leur dernier repos.
L’école fut reconstruite l’année suivante et rebaptisée Sarah Maxwell Memorial School. On y aménagea des escaliers de secours. Il a donc fallu 17 victimes pour que les commissaires, tant protestants que catholiques, se décident enfin à construire des écoles plus sécuritaires.
Puisque Sarah Maxwell était le seul soutien financier de sa mère, l’Assemblée législative du Québec vota quelques semaines plus tard une loi pour lui verser une pension annuelle de 300 dollars. Dans le quartier, le seul témoignage de cet acte de bravoure était jusqu’à tout récemment une murale en décrépitude sur une maison de la rue Adam dont les passants ne connaissent pas vraiment la signification.
Reconnaissance
Sarah Maxwell - école 1952
C’est ainsi que le 9 septembre 2017, une vingtaine de descendants de Sarah Maxwell venus de l’extérieur de Montréal, du sud de l’Ontario et même du Manitoba ont assisté à la cérémonie et rendu hommage à l’héroïne. Plusieurs ne connaissaient pas son histoire avant d’être contactés.