Fondée à Montréal en 1858, la Macdonald Tobacco prospère rapidement en transformant et en commercialisant du tabac. Dans les années 1880, elle emploie 1000 personnes, dont de nombreux enfants.
Manufacture Macdonald Tobacco, 1877
Au fil des ans, l’entreprise innove en offrant aux consommateurs des cigarettes, de plus en plus populaires, et des cartes illustrées à collectionner dans les paquets. Les cigarettes ont en effet un succès croissant depuis la fin de la Première Guerre mondiale et le retour des soldats. Pendant le conflit, ceux-ci en ont reçu plusieurs envois et y ont pris goût. Ce n’est qu’à partir de 1922 que la Macdonald Tobacco commence à vendre des cigarettes roulées et empaquetées à l’usine. Cette production s’ajoute à celle du tabac à chiquer, du tabac à pipe et du tabac fin à cigarette. En 1974, David M. Stewart vend la compagnie à la multinationale R.J. Reynolds Tobacco Co. au coût de 100 millions de dollars. Celle-ci sera par la suite rachetée par la Japan Tobacco Inc. en 1999. L’usine de la rue Ontario est quant à elle toujours active.
Au travail!
Manufacture Macdonald Tobacco, 1877 - détail
Une habitude très ancienne
Macdonald Tobacco - publicité
Utilisé depuis longtemps par les Autochtones, le tabac rencontra un fort succès auprès des premiers explorateurs qui arrivèrent en Amérique aux XVe et XVIe siècles. Dès les débuts de la colonisation, on en fait le commerce à Montréal, et des plantations de tabac voient le jour dans le sud des États-Unis. Macdonald s’approvisionne pour sa part au Kentucky et fait sécher et transformer son tabac à Montréal. En 1870, le Québec est ainsi le premier producteur de tabac au pays et fabrique annuellement plus d’un million de livres de tabac. Au commencement du XXe siècle, Montréal profite toujours d’un statut privilégié dans la production canadienne de tabac : 73 % de la production totale du pays est montréalaise. Pendant tout le premier tiers du XXe siècle, le tabac occupe d’ailleurs le septième rang de la production industrielle québécoise.
Macdonald se distingue en apposant sur ses produits une étiquette avec la mention « Tobacco with a heart » (le tabac qui a du cœur). En 1934, toutefois, une nouvelle effigie fait son apparition. Peinte par l’artiste Rex Woods et inspirée par le modèle Betty Annan, la Macdonald Lassie devient la marque de commerce de l’entreprise et annonce, encore aujourd’hui, les cigarettes de la compagnie.
Manufacture Macdonald Tobacco, 2004
Cet article a été rédigé par Maryse Bédard. Il est paru dans la chronique « Montréal, retour sur l’image », dans le Journal de Montréal du 23 novembre 2014 et dans le livre Promenades historiques à Montréal, sous la direction de Jean-François Leclerc, les Éditions du Journal, 2016, 240 pages. Il contient aussi des passages d'une chronique parue en 2013 et en p. 202 du livre Promenades historiques à Montréal.