L’industrie touristique montréalaise prend son envol dès l’aube du XIXe siècle. Et déjà, les touristes apprécient les villages autochtones, les rapides de Lachine et les sports d’hiver!
Bateaux à vapeur vers 1875
En l’espace de quelques décennies, les modes de transport se perfectionnent rapidement. À partir du milieu du XIXe siècle, les voies de chemin de fer s’étendent à une vitesse fulgurante tandis que la navigation à vapeur prend un essor considérable. Au fur et à mesure que les déplacements s’améliorent, en termes de rapidité et de confort, un nombre grandissant de riches Américains, Canadiens, Anglais et Français s’empressent de découvrir Montréal.
De nombreux hôtels de luxe
Hôtel Ritz Carlton et rue Sherbrooke Ouest
Une multitude d’activités attendent les visiteurs à leur arrivée. Descendre les rapides de Lachine en bateau à vapeur constitue alors une aventure exaltante pour les touristes. Les bateaux sont pilotés par des Autocthones, la croyance populaire voulant qu’ils soient les seuls à pouvoir franchir cette périlleuse aventure sans danger. Les touristes sont fascinés par les peuples autochtones et plusieurs Français visitent le village de Caughnawaga (Kahnawake). Tous sont cependant déçus de ne pas voir de wigwam et de ne pas se faire offrir le calumet de la paix…
Des souvenirs de l’hiver
Carnaval d'hiver - palais de glace et Condora, 1885
L’organisation d’événements d’envergure, aux XIXe et XXe siècles, permet aussi à Montréal d’accueillir des milliers de touristes. Pensons aux Carnavals d’hiver (1883-1889), qui attirent annuellement plus de 50 000 Américains, aux expositions industrielles et commerciales (1850-1896), au Congrès eucharistique de 1910 et, bien entendu, à l’Expo 67, qui a modifié considérablement le paysage urbain de Montréal ainsi que son image.
Tourisme - Guide de voyage, 1939
Cet article est paru dans le numéro 19 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
C’est en ces termes que Jules Leclercq, voyageur français de la fin du XIXe siècle, résuma son séjour de deux mois en Amérique. À cette époque, les voyages étaient réservés aux plus fortunés. On voyageait alors pour agrémenter sa vie, se distraire, se rendre utile et, aussi, parce que les voyages forment la jeunesse!
Croyez-vous qu’il était le premier touriste à visiter Montréal? Pas du tout. Un jeune Français, du nom d’Asseline de Ronval, l’avait déjà précédé au XVIIe siècle.
Animé par la curiosité et la soif de découverte, ce jeune homme, d’origine normande, s’embarqua à bord d’un voilier en mai 1662. Il était très rare, à l’époque de la Nouvelle-France, de voyager pour le plaisir; on se déplaçait alors essentiellement pour des raisons économiques ou politiques. Le voyage en mer de notre aventurier dura plus d’un mois.
Après avoir séjourné à Québec et à Trois-Rivières, Asseline de Ronval visita Montréal. C’était alors une petite ville qui avait peu d’attractions et de distractions à offrir à ses visiteurs : quelques rues et l’Hôtel-Dieu, qui incluait la maison de Jeanne Mance, la chapelle et l’hôpital. Son séjour de deux semaines dans la ville lui permit néanmoins de rencontrer tous les notables de Montréal. Il regagna Dieppe, sa ville natale, en décembre de la même année.
Tous les voyageurs du XIXe siècle qui visitèrent Montréal vantèrent les beautés de la ville dans leurs récits de voyages. Les lieux qu’ils fréquentaient à l’époque correspondent aujourd’hui à ce que l’on nomme le Vieux-Montréal. Pendant longtemps, la ville s’est épanouie à l’intérieur des limites des rues McGill, Saint-Antoine, Berri et de la Commune. Ce n’est qu’au début du XXe siècle, au moment où Montréal se développa réellement et prit de l’expansion, qu’on désigna ce quartier comme étant le secteur historique de la ville. Il obtient du gouvernement québécois le statut d’arrondissement historique en 1964.
Un grand nombre de monuments et de bâtiments suscitèrent plusieurs commentaires de la part des visiteurs. Hier, comme aujourd’hui, on s’imprégnait de l’animation du port ou du marché sur la place Jacques-Cartier, on appréciait l’architecture du palais de justice, de la bourse, de l’hôtel de ville et des banques, on se promenait sur le Champ-de-Mars, la place d’Armes, etc. La visite de l’église Notre-Dame constituait également une activité très appréciée des touristes. Jusqu’au tout début du XXe siècle, ces derniers eurent accès à l’une des tours de l’édifice religieux offrant une vue imprenable sur la ville.
Au XIXe siècle, les expositions de curiosités humaines et animales réjouirent de nombreux touristes. Dans les hôtels, auberges et cafés de la ville, on s’extasiait devant les jumeaux siamois Chang et Eng, une famille d’albinos de Madagascar, une femme à deux têtes, des animaux difformes, etc. Au Museo Italiano, ouvert en 1824 dans une auberge de la place Royale, une collection permanente de spécimens rares et insolites avait été constituée afin d’accroître la clientèle. Le musée ferma ses portes à la suite du décès du propriétaire en 1826.