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Les trésors de famille du projet « Vous faites partie de l’histoire! » en 2019-2020

29 juin 2020

Découvrez la variété des trésors choisis par les élèves qui ont participé au programme éducatif Vous faites partie de l’histoire! pendant l’année scolaire 2019-2020.

Classe de Geneviève Dion 2020

Douze élèves rassemblés autour d’une table. Une vidéaste filme.
Centre d’histoire de Montréal
Vous faites partie de l’histoire! (VFPH) est un programme éducatif du Centre d’histoire de Montréal pour les classes d’accueil du secondaire. En classe et au Centre, il initie les élèves aux musées et à l’histoire de Montréal. Puis il les invite à trouver leur trésor de famille et à raconter son histoire à leur classe et au public. Le trésor de chaque élève, son texte, sa vidéo ou ses photos sont mis en valeur sur un site Internet, dans un catalogue de classe et dans une exposition.

Pour la cohorte 2019-2020, en raison de la fermeture des écoles et des musées due à la COVID-19, le Centre d’histoire a utilisé de nouveaux moyens de diffusion : le dossier Vous faites partie de l’histoire! sur le site Internet Mémoires des Montréalais, des vidéos sur YouTube et un compte Instagram.

VFPH : Les trésors de classe de 2019-2020

VFPH : Les trésors de classe de 2019-2020

Durée : 9 min 34 s

Images et montage : Stéphanie Lessard-Bérubé

Montage vidéo : Marc Thomas-Dupuis

Réalisation : 
Marc Thomas-Dupuis

En septembre 2019, une nouvelle édition de Vous faites partie de l’histoire! est lancée. Au début du projet, les élèves passent la journée au musée et approfondissent leurs connaissances sur l’histoire de Montréal grâce à une visite et à un atelier qui leur permet d’enquêter sur des objets de la collection du musée. De retour en classe, ils partent à la recherche d’un trésor de famille et ils en racontent l’histoire dans un court texte. Cette année, en raison des bouleversements liés à la pandémie, toutes les classes n’ont pas été en mesure de rédiger le texte sur leur trésor de famille. Sur les 404 élèves inscrits au projet, 224 ont complété cet écrit. Quels sont ces trésors de famille si chers à leurs yeux?

Les trésors de famille

Le trésor de famille a une grande valeur sentimentale et raconte une partie de l’histoire de la famille de l’élève. La notion de transmission est centrale pour choisir un trésor. Ce dernier a déjà été légué ou le sera dans le futur. Lorsque le projet débute, nombreux sont les élèves qui croient ne pas avoir de trésor de famille. Puis, en réfléchissant bien aux personnes qui sont importantes dans leur vie et à ce qu’elles leur ont transmis, que ce soit matériel ou immatériel, les jeunes découvrent leur trésor.

Le choix du trésor symbolise souvent l’attachement de l’adolescent à la personne qui l’a cédé, comme l’ont indiqué les recherches récentes de Rachel Boivin-Martin du Laboratoire de recherches en relations interculturelles de l’Université de Montréal (LABRRI) qui a analysé les données de l’année scolaire 2018-2019. Le texte de Gold, originaire du Nigeria, en témoigne bien : « Ma mère est mon héroïne. C’est vraiment triste qu’elle soit restée au Nigeria. Elle me manque et, chaque fois que je regarde mon trésor, il me rappelle ma mère et tout ce qu’elle a déjà fait pour moi. » Plus que l’objet en lui-même, c’est la transmission par une personne chère qui confère de la valeur au trésor.

Parmi les trésors de famille choisis par les élèves cette année, 91,5 % ont déjà été transmis et 89,3 % l’ont été par un membre de la famille de l’élève. À eux seuls, les grands-parents et arrière-grands-parents comptent pour 58,5 % des personnes qui ont légué les trésors alors que les parents comptent pour 22,8 %. Les catégories d’objets les plus souvent transmis pour l’édition 2019-2020 sont les bijoux (29 %), les vêtements (9,4 %), les objets religieux (8,5 %), les recettes (8,5 %) et les photographies (6,7 %).

Les bijoux

VFPH Bijou

Une jeune fille tient un collier
Centre d’histoire de Montréal
Les bijoux représentent 29 % de tous les trésors de famille présentés par les élèves, et arrivent en tête comme cela avait aussi été le cas pendant l’année scolaire 2018-2019. Hyeonwoong, originaire de Corée du Sud, a choisi une bague qui lui remémore son père : « La raison pour laquelle cette bague est importante pour moi est que, quand nous sommes venus au Canada, mon père me l’a donnée et m’a dit qu’il doit rester pour travailler en Corée et que, maintenant, c’est moi seul qui peux protéger et aider ma mère et mon frère. Il espérait que j’aiderais et protègerais notre famille en son absence. À vrai dire, je sentais une grande responsabilité sur mon dos, mais, en même temps, j’ai compris l’inquiétude de mon père à cause de notre séparation. Alors, chaque fois que je vois cet objet, je me souviens de mon père. […] Je garderai cette bague et la transmettrai, un jour, à mon tour à mon fils parce qu’elle lie le cœur de trois hommes. » La bague lui rappelle ainsi son père, et ce qui les unit. Elle lui a été offerte au moment où il a quitté son pays et son père. C’est un trésor de famille qu’il souhaite léguer aux générations à venir.

Les vêtements

VFPH - Vêtement

Une élève tient une robe devant elle.
Centre d’histoire de Montréal
Les vêtements sont également bien représentés parmi les trésors d’élèves. Cette année, ils correspondent à 9,4 % des trésors choisis. Ce sont parfois des vêtements traditionnels ou des vêtements offerts par une personne importante dans la vie des adolescents. Parneet Singh, originaire de l’Inde, a choisi un pull qui lui rappelle sa grand-mère : « Mon trésor est un pull en laine bleu et blanc. Ma grand-mère me l’a donné quand je suis venu au Canada. Quand je le porte, je sens comme si ma grand-mère était avec moi. J’aime beaucoup mon trésor parce que c’est un cadeau de ma grand-mère et je l’aime beaucoup. » Ce cadeau d’adieu offert par sa grand-mère lui permet de se souvenir de cette dernière, restée en Inde.

Paymaan, originaire d’Afghanistan, a quant à lui choisi une tenue afghane, le perân tonbân. « En 2012, c’est mon grand-père qui m’a donné ce vêtement parce que j’étais le premier dans ma classe, et ça fait sept ans que ce vêtement est avec moi. […] Ce vêtement est très important pour moi parce qu’il appartenait à mon grand-père. Je pense garder ce vêtement précieusement et le léguer à mon fils plus tard en lui racontant son histoire. » Cette tenue lui rappelle à la fois son pays d’origine et son grand-père, et elle lui est suffisamment précieuse pour qu’il espère la transmettre.

Les objets religieux

VFPH - objet religieux

Un élève tient un tapis.
Centre d’histoire de Montréal
S’ils sont un rappel des traditions religieuses des élèves, les objets religieux sont aussi fréquemment liés aux traditions familiales. C’est le cas du trésor de Sofia, qui a choisi un chapelet transmis de génération en génération dans sa famille : « Ma grand-mère a eu cela pour sa première communion. Puis, elle a décidé de le garder pour la première communion de sa première fille qui est ma mère. Celle-ci a fait la même chose, elle l’a utilisé pour sa communion. Finalement, ma mère me l’a donné pour ma première communion. Je vais faire la même chose que ma grand-mère et ma mère, je vais donner le chapelet à ma première fille ou à la première fille de ma sœur. » Les trésors religieux sont souvent une évocation des moments familiaux qui ont marqué la vie des élèves.

Les trésors immatériels

Un trésor de famille n’est pas forcément un objet matériel. Plusieurs élèves choisissent ainsi un trésor immatériel. Il peut s’agir d’un savoir-faire qui leur a été légué, comme cela est souvent le cas des recettes qui, transmises de génération en génération, reflètent aussi les traditions culinaires de leur pays d’origine. Les recettes comptent pour 8,5 % des trésors de l’édition 2019-2020.

VFPH - Recette

Une élève tient un plat.
Centre d’histoire de Montréal
Kimberly, par exemple, a choisi une recette de samossa, apprise de sa tante, qui témoigne de la diversité des cultures au sein de sa famille : « Cette recette est africaine et indienne et on mange [le samossa] comme une collation. […] On le mangeait souvent pendant le ramadan ou à Noël. Dans ma famille maternelle et paternelle, il y a des mélanges de religions : les chrétiens et les musulmans; mais ma mère, ses frères, ses sœurs et moi, on est chrétiens. C’est pour cette raison qu’on mangeait les samossas pendant le ramadan ou à Noël. » La recette de samossa rappelle ainsi les différentes traditions célébrées par sa famille.

Un autre exemple de trésor immatériel, les histoires ou les contes, correspond quant à lui à 1,8 % des choix des élèves de la cohorte 2019-2020. Emmanuella, originaire du Nigeria, présente ainsi un trésor immatériel, d’une valeur inestimable pour sa famille. Il s’agit d’une histoire, racontée par sa grand-mère, qui lui remémore son aïeule, mais aussi le patrimoine de son pays d’origine : « Les histoires racontées par les grands-parents leur ont permis d’enseigner la morale et l’histoire de notre peuple à la jeune génération. Ma grand-mère m’a raconté cette histoire avant que je quitte mon pays. Elle est importante pour moi parce qu’elle me rappelle mon pays d’origine et mes proches. Moi aussi, je la transmettrai aux prochaines générations. » À la fois familial et patrimonial, son trésor matérialise les souvenirs précieux des moments familiaux partagés.

Les photos

VFPH - Une photo

Un élève tient une photo.
Centre d’histoire de Montréal
Les photographies lient les adolescents à des personnes et à des moments déterminants dans leur vie. Elles sont ainsi des souvenirs précieux et représentent 6,7 % des trésors des élèves de cette année. Pour ces objets, ce n’est pas toujours la personne qui les a transmis qui a de l’importance pour l’élève, mais souvent celle qui est immortalisée par l’image. C’est le cas de Madgess, originaire de Libye : « La photo a été prise quand j’avais sept mois par ma grand-mère à la ferme de mes grands-parents. La photo appartenait à ma grand-mère, mais maintenant elle est à nous. Nous avons eu la photo quand elle est morte. J’aime cette photo, car elle me rappelle mes grands-parents quand ils étaient vivants et mon frère et moi quand nous étions plus jeunes. J’aimais vraiment beaucoup mes grands-parents! » Les photographies sont ainsi souvent des souvenirs de moments chers au cœur des élèves.

Des trésors plus rares

Si certains trésors appartiennent à des catégories qui sont bien représentées, d’autres se font plus rares. Quelques trésors sont plus inusités. S’il peut s’inscrire dans la catégorie des documents officiels, l’arbre généalogique présenté par Guanye, originaire de Chine, compte parmi les trésors plus rarement choisis : « C’est un long rouleau avec trois pages en trois langues : les caractères traditionnels chinois, le mandchou et le mongol. Ce trésor a des particularités : ce papier qui a plus de 200 ans est imputrescible (il garde son aspect intact). […] Sa valeur historique est inestimable pour notre famille et la société. J’espère que cet arbre généalogique peut être préservé de génération en génération. » Le coffre-fort de Soorosh, qui a plus de 150 ans, est aussi un objet plus rare. « C’est une très vieille antiquité, c’est notre trésor de famille. Mon grand-père m’a dit que, quand il était enfant, il ne pouvait pas ouvrir le coffre-fort parce que la clé du coffre-fort était très petite et qu’il n’avait pas vu la serrure. » Ces objets fascinants, transmis de génération en génération, apparaissent plus rarement parmi les trésors de famille choisis par les élèves.

Les récits de trésors de famille des élèves de la cohorte 2019-2020 du programme éducatif Vous faites partie de l’histoire! sont marquants à plusieurs égards. Ils nous révèlent des histoires d’immigration et de courage ainsi que les forts liens familiaux de ces adolescents établis dans la grande région de Montréal récemment. Ils nous permettent de mieux connaitre l’histoire de ces élèves qui participeront à la construction de la ville de demain.

Le programme éducatif Vous faites partie de l’histoire! est financé dans le cadre de l’Entente MIFI-Ville 2018-2021 pour les écoles de Montréal. Pour celles de la Rive-Sud et de la Rive-Nord, il est financé dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal conclue entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.

Les trésors de classe

Lorsque tous les élèves d’une classe ont rédigé leur texte, la classe doit choisir le trésor qui sera habituellement exposé au musée à la fin du projet. La sélection de ce « trésor de classe » est déterminée par le groupe. Les adolescents doivent ainsi transcender leurs partis-pris ethniques, nationaux et religieux et faire un choix collectif pour représenter l’ensemble de la classe. Les trésors de classe sont ceux autour desquels un consensus s’est bâti au sein du groupe, ceux dont les histoires ont le plus touché le cœur des autres élèves.

Une fois le trésor de classe choisi, la classe prépare une mise en scène pour le présenter. Une équipe du Centre d’histoire se rend alors en classe pour filmer le travail des élèves. Parmi toutes les classes qui ont participé au projet pendant de l’année scolaire 2019-2020, 10 classes ont complété les tournages avant la fermeture des écoles. Le Centre d’histoire a donc pu réaliser des montages vidéo pour les jeunes de ces classes. Lors du tournage, l’élève dont le trésor a été choisi comme trésor de classe raconte son histoire. L’ensemble des élèves de la classe imaginent une mise en scène pour valoriser l’histoire de ce trésor.

Les trésors de classes choisis cette année racontent tous des histoires de transmission familiale. Parmi ces 10 trésors de classe, 8 sont matériels. Il s’agit de bijoux (3), d’objets religieux (2), d’un vêtement (1), d’un jouet (1) et d’un objet domestique (1). Deux sont immatériels : une recette et un conte. La majorité d’entre eux sont des cadeaux offerts par les grands-parents des élèves. Découvrez ces trésors de classe dans le montage vidéo ci-dessous!