L’histoire de l’école Riverside, autrefois située au sud-est de Pointe-Saint-Charles, est intimement liée à celle des habitants de ce secteur, longtemps tributaire de l’industrie ferroviaire.
Lieu : Rue Favard, entre les rues Bourgeoys et Sainte-Madeleine
1876 : Ouverture de l'école
Dans les années 1850, Pointe-Saint-Charles est en plein développement. En 1853, par exemple, la compagnie de chemin de fer du Grand Tronc acquiert des terres dans la partie sud-est du quartier. On y construit en 1856 d’imposants ateliers ferroviaires qui attireront de nombreux travailleurs dans les environs. La même année, les terres de la congrégation de Notre-Dame, adjacentes aux ateliers, sont vendues et séparées en lots par l’arpenteur Henri-Maurice Perreault. Sur un plan de 1860, on identifie les noms des nouveaux occupants, Walter Scott, James Leonard, Michael Burk et leurs voisins, dont la sonorité démontre l’arrivée dans le quartier d’une population majoritairement anglophone, provenant d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande. Dès les années 1870, la communauté est déjà bien installée sur les nouvelles rues Sainte-Madeleine, de la Congrégation, Bourgeoys, Charon, Favard et Sébastopol.
Sur les traces de l’école Riverside
École Riverside
Peu de documents permettent de reconstituer entièrement l’histoire de l’institution. Toutefois, certaines traces historiques en donnent un aperçu. De 325 étudiants en 1876, l’école passe à 720 étudiants en 1898. Elle est aussi agrandie en 1894 et en 1908 pour s’adapter au nombre grandissant d’élèves. Le bâtiment, outre sa fonction éducative, sert à une panoplie d’activités et de rencontres. On y donne, entre autres, des cours de cuisine dès 1896. Un club d’horticulture y est également hébergé. Certains magazines, dont le Educational Record of the Province of Quebec, parlent de rencontres entre les enseignants et les mères du quartier dans les années 1890 : on souhaite ainsi que les méthodes d’enseignement appliquées dans la classe soient aussi utilisées par les parents à la maison. L’école Riverside collabore, au début du XXe siècle, avec la nouvelle Railroad Young Men’s Christian Association (RRYMCA), installée au coin des rues Le Ber et Sébastopol. Le gymnase de l’école est par exemple utilisé par la RRYMCA pour diverses activités sportives.
La fermeture de l’école Riverside
Il est difficile d’identifier la cause exacte de la fermeture de l’école Riverside en 1978. Au courant du XXe siècle, le quartier subit des transformations majeures qui permettent toutefois de proposer certaines hypothèses. Entre 1900 et 1917, on observe une baisse du nombre d’employés aux ateliers du Grand Tronc. Les activités de la compagnie sont peu à peu relocalisées ailleurs dans la ville pendant les décennies suivantes. En 1924, une étude du YMCA indique que le secteur est très peu attrayant pour élever des enfants. Déjà à l’époque, on s’inquiète du fait que l’importance numérique de la communauté anglophone soit à la baisse, au profit de nouvelles communautés culturelles. En 1921, 46 % de la population de Pointe-Saint-Charles est protestante, contre seulement 33 % en 1949. L’école Riverside, qui compte environ 2000 étudiants en 1929, n’en accueille plus que 1050 en 1949. Plusieurs familles déménagent et s’établissent en dehors du quartier. Ces données suggèrent la lente érosion d’une communauté autrefois homogène, un processus qui s’étale sur plusieurs décennies.
En 1978, l’école Riverside ferme ses portes. Un incendie endommage ensuite sérieusement la structure du bâtiment. Malgré la mobilisation citoyenne, on annonce en 1984 la démolition de l’école. Un parc sera finalement aménagé sur le site de l’ancienne école Riverside. En 1990, il est renommé « parc des Cheminots », commémorant l’existence des travailleurs des ateliers ferroviaires de Pointe-Saint-Charles.
Contribution à la recherche : Société d’histoire de Pointe-Saint-Charles.