Le Jardin botanique de Montréal : les hauts et les bas de la naissance d'une institution
Créer le Jardin botanique de Montréal pendant des années de crise était un véritable défi. Ce bijou de nature au cœur de la ville a pourtant pris forme, grâce au frère Marie-Victorin.
Jardin botanique - carte postale
Marie-Victorin n’est pas le premier à avoir eu l’idée d’un jardin botanique à Montréal, mais c’est grâce à lui que ce jardin existe aujourd’hui et qu’il séduit des milliers de visiteurs chaque année. Il fallait vraiment avoir la foi de ce frère des écoles chrétiennes, botaniste passionné, pour soutenir un tel projet pendant la crise économique des années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale.
De retour d’un voyage qui le sensibilise à la flore internationale, Marie-Victorin présente officiellement son projet de jardin botanique en 1929, année du krach boursier qui amorce la Grande Dépression. Camillien Houde, à qui il avait enseigné au Collège de Longueuil, est dans la salle. Une fois élu maire de Montréal, Houde appuie le projet : le Jardin botanique est fondé en 1931 et un budget de 100 000 $, sous forme de fonds de chômage, permet le début des travaux. La somme est vite épuisée, Houde perd le pouvoir et le chantier est paralysé pendant quatre ans.
Des rencontres, des rêves et de la ténacité
Marie-Victorin et Henry Teuscher
Camillien Houde revient au pouvoir en 1934. L’année suivante, Marie-Victorin publie sa Flore laurentienne et en profite pour relancer son projet de jardin : « Bientôt, on célébrera le troisième centenaire de Montréal. […] Mais Montréal, c’est Ville-Marie! C’est une femme et je suis sûr que cela vous émeut déjà! Vous ne pouvez tout de même pas […] lui offrir un égoût collecteur ou un poste de police! Mettez des fleurs à son corsage! »
Jardin botanique - édifice Marie-Victorin
Le Jardin sauvé une fois de plus
Le gouvernement passe aux mains des libéraux, avec Adélard Godbout à leur tête. Le nouveau premier ministre s’oppose à cette « entreprise somptuaire » qu’est le Jardin. Grâce aux appuis qu’il a développés, Marie-Victorin arrive à convaincre Godbout de la pertinence du projet et sauve le Jardin.
Les travaux n’ont pas encore repris quand Marie-Victorin meurt, en 1944, au retour d’une sortie d’herborisation à Saint-Hyacinthe. Il n’aura pas la chance de visiter les serres d’exposition, inaugurées en 1956. Il ne verra pas non plus l’Arboretum, le Jardin japonais, le Jardin de Chine et les autres réalisations majeures de ses successeurs. Mais il a eu le génie de créer ce bijou de nature au cœur de Montréal, il l’a vu naître et grandir et il espérait sans doute que le Jardin allait continuer à évoluer après son passage…