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La fête de la Saint-Michel, patron des policiers

28 septembre 2020
Robert CôtéRobert Côté
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Il fut un temps où les policiers montréalais célébraient en grande pompe la fête de leur saint patron, ils défilaient alors du Champ-de-Mars jusqu’à la basilique Notre-Dame.

Fête de la Saint-Michel

Illustration en couleurs sur laquelle est visible au premier plan un policier dans un uniforme bleu. Derrière lui se tient un personnage ailé. Sous eux, il y a une banderole où on peut lire « Saint-Michel Archange Patron des Policiers ».
Musée de la police, Service de police de la Ville de Montréal.
Entre 1920 et 1960, une vue particulière attend les jeunes recrues policières qui s’apprêtent à entrer dans la salle de formation de l’École de police logée dans le bain public Maisonneuve, au 1875 avenue Morgan. D’un côté, on peut apercevoir un feu de circulation ordinaire, alors que de l’autre se dresse une impressionnante statue de saint Michel terrassant Lucifer au moyen d’une lance!

Ayant expédié le malheureux personnage aux enfers après que ce dernier a refusé d’obéir à Dieu, l’ange Michel est promu archange et acquiert une renommée certaine. Il prend les rênes des armées célestes et devient rapidement le patron des corps policiers lorsque ceux-ci prennent forme. En effet, qui de mieux placé que le premier général du paradis pour protéger ceux et celles qui assurent la sécurité du public? C’est d’ailleurs bien ce rôle de protecteur que le lieutenant Paul Picard du Service de police de la Ville de Montréal rappelle aux cadets à la fin des années 1950 alors qu’il est instructeur. Robert Côté, inspecteur-chef retraité et membre du Musée de la police, est devenu policier à Montréal en 1959, et il se souvient bien des termes élogieux de son instructeur à propos de saint Michel.

Célébrée le 29 septembre, la Saint-Michel est l’occasion pour les différents services de se réunir et de partager un moment de recueillement et de réjouissance. M. Côté indique que, dans les années 1950 et 1960, aux policiers montréalais se joignent les membres de la Gendarmerie royale du Canada, de la Police provinciale (ancêtre de la Sûreté du Québec), mais aussi les collègues des villes de banlieue, les gardiens de prison et d’autres agents de la paix. La célébration se fait en deux temps. On assiste d’abord à un défilé dans les rues. Pendant les premières années où se tient cet événement, le cortège se réunit au Champ-de-Mars, à proximité de l’hôtel de ville, puis il se dirige vers la rue Gosford et descend sur la rue Notre-Dame à destination de la basilique du même nom. S’y déroule alors une messe solennelle présidée par l’archevêque de Montréal. Ce dernier est assisté par les aumôniers des corps policiers présents. Les servants de messe et les responsables de la quête sont des policiers vêtus de leur uniforme. Selon M. Côté, la célébration est déplacée à l’Oratoire Saint-Joseph, nouveau lieu de culte montréalais, au début des années 1960.

Fête de la Saint-Michel

Article du journal La Presse de 1956 s’intitulant « Fête patronale célébrée par les policiers ».
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Soulignée à une période où la religion prenait une grande place dans le quotidien des gens, la fête de la Saint-Michel est un spectacle pour les Montréalais qui voient défiler nombre de policiers dans leurs uniformes rutilants. Toutefois, la laïcisation de la société québécoise fait en sorte que cette fête cesse d’être célébrée vers le milieu des années 1960.

Merci à Paul-André Linteau pour la relecture de cet article et au Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal pour son soutien à la recherche.

Contribution à la recherche : Renaud Béland.

Référence bibliographique

CÔTÉ, Robert. « La fête de saint Michel, patron des policiers et des policières », Chroniques d’hier à aujourd’hui, septembre 2010.