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John Young

19 janvier 2016

Tout près de l’édifice Allan, au 333, rue de la Commune Ouest, un John Young de bronze veille sur ce secteur où les navires mouillaient autrefois par dizaines. Un honneur bien mérité.

John Young

Portrait de John Young.
Portrait de John Young, Source inconnue.
L’homme fut à la barre de l’aménagement des quais, de l’élargissement du canal de Lachine, mais aussi, et ce seul dossier donnera sa mesure, du creusement du chenal. John Young, nouveau président de la Commission du havre de Montréal en 1853, est un homme de vision.

La Commission du havre de Montréal était responsable, à partir de 1830, du développement du port. Elle agissait aussi comme tampon entre les autorités gouvernementales et les marchands montréalais, rassemblés au sein du Board of Trade. La majorité des échanges commerciaux se faisant par la mer, les marchands étaient très désireux de voir le port s’agrandir... en même temps que leurs profits. Les commissaires de la Commission étaient eux-mêmes de riches marchands ayant des intérêts dans différents secteurs de l’import-export.

Batailleur et progressiste

John Young - Shakespeare Club

Peinture de divers membres du Shakespeare Club de 1847. John Young apparaît sur la gauche du tableau, soufflant de la fumée dans l’air.
1847, Le Shakespeare Club, Montréal, 1847, Musée McCord, M2000.95.1.
Écossais d’origine, John Young arrive à Montréal en 1830, à l’âge de 19 ans, après un séjour de 4 ans à Kingston dans le Haut-Canada. Il amorce sa carrière dans l’import-export d’abord comme simple commis, pour devenir, quelques années plus tard, l’un des hommes d’affaires les plus influents de Montréal. Il se tourne aussi vers la politique et siège à titre de député de Montréal de 1851 à 1853, puis de 1854 à 1857. Partisan du libre-échange, il tente de convaincre le gouvernement du Canada-Uni et la population du bien-fondé d’une union économique nord-américaine. Son caractère batailleur et ses idées progressistes lui mettent toutefois à dos une partie de la bourgeoisie d’affaires qui prône le protectionnisme, dont le riche armateur Hugh Allan. En véritable chevalier du modernisme, Young n’hésitera jamais à mener la lutte contre ses nombreux adversaires. Il est d’ailleurs l’auteur de nombreux discours, ouvrages et lettres dans les journaux de l’époque.

John Young peut être considéré comme le véritable père du port de Montréal. C’est à titre de commissaire et de président de la Commission du havre, poste prestigieux qu’il occupera de 1853 à 1866, qu’il va s’attaquer aux déficiences qui empêchent la bonne marche du transport maritime. Par des projets souvent considérables, il va améliorer l’accessibilité et l’efficacité du port : construction de nouveaux quais, réorganisation des douanes, élimination de la Maison de la Trinité chargée de la navigation, dragage du chenal de navigation sur le Saint-Laurent pour permettre la remontée de plus grands navires, etc. Ses intérêts personnels en tant qu’actionnaire de diverses compagnies le poussent à soutenir certains projets qui lui sont favorables : la construction du pont Victoria et l’agrandissement du port vers l’est sur des terrains qui lui appartiennent. Mais malgré ce côté opportuniste, Young a contribué beaucoup plus au développement du port qu’à ses propres intérêts. Certaines de ses idées, restées à l’état de projet, illustrent son côté visionnaire. Il envisage ainsi le creusement d’un canal reliant Kahnawake au lac Champlain tout comme l’érection du pont Royal-Albert sur un emplacement où la Commission du havre inaugurera le pont Jacques-Cartier en 1930.

La reconnaissance des pairs

Probablement en raison de mauvaises spéculations, les affaires de John Young vont décliner à partir des années 1860. Il se trouvera dans une situation financière gênante dans les dernières années de sa vie, demandant même une pension, mais il se verra plutôt offrir plusieurs postes de faveur et demeura donc actif. Il conserva néanmoins une grande réputation qui lui valut à sa mort, en 1878, la reconnaissance de ses pairs.

La Commission du havre soutiendra le John Young Memorial Committee pour faire ériger un monument à sa mémoire, en 1908. D’abord localisé sur la pointe à Callière, il est déplacé à l’angle des rues de la Commune et d’Youville en 1997, devant l’édifice Allan.

Cet article est paru dans le numéro 21 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il a été remanié en 2015.