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Écrasement d’un bombardier dans Griffintown

19 avril 2017
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En 1944, un avion militaire s’écrase juste au sud du centre-ville de Montréal et ravage une partie de Griffintown. C’est un terrible rappel des horreurs de la guerre qui déchire alors l’Europe.

Écrasement d’un bombardier dans Griffintown

Site de l’écrasement d’un avion dans le quartier Griffintown. Plusieurs maisons sont complètement démolies. Des gens sont sur le site des maisons en ruine.
Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Fonds Roger Champoux, BAnQ P278 S9 P034.
Contrairement à des milliers d’autres villes, Montréal n’a jamais été visée par un bombardement aérien durant la Seconde Guerre mondiale. Au matin du 25 avril 1944, à proximité des usines de Griffintown, qui participent à un conflit qui semble lointain, la dévastation causée par une des rares catastrophes aériennes de l’histoire montréalaise est donc des plus singulières.

Tout a été pulvérisé et calciné, dix civils sont décédés, dont deux enfants. Sévèrement brûlés, cinq résidants du secteur survivent de justesse, tout comme ces trois enfants ayant désobéi à leur mère en allant jouer dehors ou ce chauffeur de taxi, William Ferland, sorti pour s’acheter une bière au dépanneur.

La photo est prise par le journaliste Roger Champoux quelques heures après le drame. Ce 25 avril 1944, à 10 h 26, le bombardier B-24 Liberator Consolidated s’est écrasé dans le quartier de Griffintown. Les cinq membres d’équipage ont péri. Quatorze logis ouvriers au coin sud-ouest des rues Shannon et Ottawa ont volé en éclat. Les réservoirs d’hydrocarbure de l’appareil ont explosé, créant une onde de choc digne d’un tremblement de terre et un incendie considérable. Rapidement appelés, les pompiers ont mis des heures à maîtriser le brasier. Au même moment, outre-Atlantique, c’est ce que chaque jour des millions de gens vivent dans une Europe ravagée par la guerre.

Un peu plus et le centre-ville y passait...

Bombardier Liberator

Un bombardier B-24 américain en plein vol en 1943.
Wikimedia Commons
Dans le ciel voilé de Montréal, se profile le gratte-ciel de Bell Téléphone, installé sur la côte du Beaver Hall. De là, la vue sur la ville est imprenable. Le matin du 25 avril 1944, vers 10 h 25, Mademoiselle Doris W. Kirk, travaillant au 12e étage de cet édifice, entend le bruit assourdissant d’un avion. Sous ses yeux, le bombardier s’écrase et s’embrase presque aussitôt.

L’appareil avait décollé de l’aéroport de Dorval quelques minutes plus tôt pour un paisible voyage transatlantique. Après le survol du mont Royal, l’équipage du Liberator réalise que l’appareil a un problème. Volant à une centaine de mètres du sol, le pilote expérimenté évite de justesse les gratte-ciels du square Dominion (aujourd’hui square Dorchester), l’immeuble de la Sun Life, l’hôtel et la gare Windsor et la cheminée de la brasserie Dow. Sa tentative d’atterrir d’urgence sur le fleuve ou à ses abords échoue. Les deux membres de la Royal Air Force et les trois aviateurs polonais perdent la vie dans le malheureux accident.

Cet article est paru dans la chronique « Montréal, retour sur l’image », dans le Journal de Montréal le 3 mai 2015 et dans le livre Promenades historiques à Montréal, sous la direction de Jean-François Leclerc, les Éditions du Journal, 2016, 240 pages.