La longue histoire de ces pôles du Vieux-Montréal est jalonnée de rebondissements. Terrain militaire, marché public, parlement, stationnement, place publique : ils ont accueilli tant de fonctions!
Champ-de-Mars, 15 novembre 1916
Le Champ-de-Mars était propice aux grands rassemblements depuis les années 1740 alors qu’il servait de terrain pour les parades et les manœuvres militaires. La construction des fortifications en maçonnerie condamnera le Champ-de-Mars pour un temps. Après la destruction du mur, en 1812, le gouvernement consacre le terrain aux militaires qui doivent d’abord niveler le terrain, qui s’inclinait doucement vers la rue Saint-Antoine. Le Champ-de-Mars devient, durant quelque temps, un camp de réfugiés accueillant les sinistrés du grand incendie de 1852, lequel a brûlé près de 1200 maisons à Montréal. Un marché public y est établi durant les années 1890 et, en 1926, on transforme l’ensemble en un immense stationnement. La récupération et la mise en valeur des vestiges du Champ-de-Mars ont été rendues possibles grâce aux travaux des archéologues, qui ont fouillé ce lieu de 1986 à 1991, révélant l’ampleur des remparts qui entouraient la ville d’autrefois. C’est à l’occasion des festivités entourant le 350e anniversaire de Montréal qu’est inauguré le nouveau Champ-de-Mars, celui-là même que nous connaissons aujourd’hui.
Champ-de-Mars en 1866
Des marchés publics en grand nombre
Tout au long de la deuxième moitié du XIXe siècle, dans les grandes villes comme Québec, Trois-Rivières et Montréal, on assiste à un important développement urbain lié à l’exode des Canadiens français qui quittent la campagne pour trouver du travail en ville. Pour répondre à l’approvisionnement de ces nouveaux quartiers, on construit de plus en plus de marchés publics. À Montréal, ils sont nombreux. Il y a, entre autres, le marché de la place Jacques-Cartier (1804), le marché Bonsecours (1849) et, sur la place d’Youville, le marché Sainte-Anne. Ce dernier dessert la population locale, surtout celle du quartier du même nom, situé à l’ouest de la rue McGill et habité majoritairement par des Irlandais.
Champ-de-Mars en 1920
Un marché public devient parlement
Marché place Jacques-Cartier vers 1930
Le marché Sainte-Anne est reconstruit par l’architecte George Brown en 1851 et, le 14 juin de l’année suivante, les marchands le réintègrent. Un incendie accidentel endommage en partie le marché Sainte-Anne en 1893. Six ans plus tard, la Commission des marchés recommande la fermeture du marché. Ce qui sera fait en 1901. En septembre la démolition est complétée et on nomme, en décembre de la même année, cet endroit place d’Youville, en souvenir de Marguerite d’Youville, fondatrice des Sœurs de la charité de Montréal et administratrice de l’Hôpital général de Montréal. Dans les années 1920, au moment où la voiture prend de plus en plus de place, on convertit la place en stationnement municipal. La partie est devient pour la première fois une véritable place publique en 2000, selon le concept élaboré par le groupe Cardinal Hardy, architectes, en collaboration avec Claude Cormier, architecte paysagiste.
Cet article est paru dans le numéro 45 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
DESCHÊNES, Gaston. Une capitale éphémère, Montréal et les événements tragiques de 1849, Cap-Saint-Ignace, Cahiers du Septentrion, 1999, 160 pages.