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Sortir dans le Vieux-Montréal des années 1970

29 novembre 2021
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6 minutes

En transition, le Vieux-Montréal des années 1970 attire jeunes et anticonformistes. Sur la place Jacques-Cartier, la salle de spectacle de l’hôtel Nelson est l’un de ses lieux emblématiques.

Le Vieux-Montréal, berceau des pionniers du punk québécois

C’est à la fin des années 1970 que le genre musical punk fait son apparition au Québec. Éminemment provocant par son style musical et vestimentaire, il s’inspire du mouvement punk né en Angleterre au milieu des années 1970. Cette forme de rejet radical de l’establishment est d’abord exprimée par plusieurs groupes britanniques, dont les Sex Pistols sont la figure de proue.

Attirés par ce nouveau style underground, les quelques Québécois qui séjournent à Londres à l’époque rapportent au pays tous les disques, vêtements et revues sur lesquels ils ont pu avidement mettre la main. Diffusant ce nouveau mouvement de bouche à oreille, les plus enthousiastes forment les premiers groupes de l’avant-garde punk au Québec, reproduisant ce désir brut d’expression sans contrainte, en opposition complète avec la musique populaire et la société de l’époque.

Mais il n’est guère facile de trouver un endroit qui accepte ces prestations hors norme. Robert Ditchburn, fondateur du 364, rue Saint-Paul Ouest, est le premier à vraiment donner une chance aux groupes punks, comme The Chromosomes, The Normals, The 222s, The Punketariot et quelques autres. Accessible par une ruelle sombre, l’entrée du 364 était indiquée par un « rideau » de pattes de poule attachées à des fils, se souvient Fortner Anderson, l’un des poètes de The Punketariot, en entrevue dans le documentaire MTL PUNK – The First Wave. Située dans un bâtiment à l’abandon, à l’image de bien des édifices du Vieux-Montréal de l’époque, la salle de spectacle ne paie pas de mine. Mais comme pour un speakeasy (bar clandestin américain) de jadis, le bouche-à-oreille fait son œuvre. Les soirs de spectacles, l’endroit s’anime au rythme frénétique d’une foule des plus bigarrées. Si le 364 est parmi les premiers lieux emblématiques du punk dans le Vieux-Montréal, l’hôtel Nelson y a eu lui aussi ses heures de gloire auprès des contestataires entre 1977 et 1982.

Cependant, mis à part quelques inconditionnels, le public reste peu réceptif à cette première vague punk, probablement musicalement trop brute pour l’oreille encore peu exercée de la plupart des contemporains. Au début des années 1980, la majorité des groupes se sont dissous, c’est déjà la fin de cette vague pionnière du punk made in Québec. Bien que marginaux et ignorés par l’industrie musicale de l’époque, ces musiciens ont été de vrais précurseurs, ouvrant le chemin au mouvement punk qui prendra de l’ampleur au cours des décennies suivantes.