Regard du directeur sur l’exposition « Quartiers disparus »
Réalisée avec la collaboration de partenaires engagés et compétents, l’exposition Quartiers disparus a été un moment clé du chantier sur la mémoire des Montréalais du Centre d’histoire.
L’exposition-documentaire Quartiers disparus a été présentée au Centre d’histoire de Montréal du 15 juin 2011 au 8 septembre 2013.
Quartiers disparus, une exposition marquante
À la fin des années 1990, le Centre d’histoire de Montréal nouait avec les Archives de la Ville une entente de collaboration pour mettre en valeur trois collections photographiques majeures. Parmi celles-ci, une collection de milliers de photographies de commande prises pour documenter une gigantesque opération d’expropriation et de démolition qui allait changer le visage de Montréal. Sous des dehors à première vue austères, ces milliers d’images révélaient dans le détail, à ceux qui savaient les regarder, le paysage et la vie ordinaire de quartiers aujourd’hui disparus. Les figurants involontaires de ces photographies, intrigués, curieux ou souriants, ne savaient pas encore que la présence des photographes annonçait la fin brutale d’une époque et de leur communauté de vie. Cinquante ans plus tard, cette innocence devant les bouleversements imminents dont nous connaissons l’issue, rendait ces images encore plus fortes.
QD - panneau sur le quai du métro

Une nouvelle expertise pour de nouveaux projets
Sans la collaboration de partenaires engagés et compétents, cette aventure professionnelle n’aurait pas été aussi fructueuse. Les Archives de Montréal ont apporté leur fine connaissance du corpus de milliers de photographies et du contexte historique de leur création. Le Centre d’histoire orale et des récits numérisés de l’Université Concordia, spécialisé dans la cueillette et l’archivage de témoignages, a aidé l’équipe du Centre d’histoire à franchir certains obstacles, notamment en fournissant gracieusement un logiciel de traitement d’entrevue audiovisuelle (Stories Matter) créé par son laboratoire. Enfin, des professionnels de l’Office national du film, André Gladu et Monique Pilon, ont initié l’équipe au travail créatif du documentaire. L’expertise acquise grâce à l’apport de ces spécialistes, de l’équipe du Centre d’histoire de Montréal et des contractuels en design, a donné l’assurance nécessaire au musée pour s’engager dans un autre projet alliant histoire, mémoire et patrimoine, présenté à compter de novembre 2013 sous le titre Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal, 1940-1960.
L’exposition Quartiers disparus aura été un moment clé de l’évolution du Centre d’histoire. Elle survivra par le souvenir émouvant qu’en ont gardé le grand nombre de visiteurs – dont une proportion importante de Montréalais ayant connu ces quartiers – et par la reconnaissance accordée à ce projet par la Société des musées québécois, l’Association des musées canadiens et de l’Oral History Association. Qui plus est, en se mettant à l’écoute des citoyens, le Centre d’histoire de Montréal a confirmé qu’en tant qu’institution muséale municipale, il peut contribuer à renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens à leur ville et à leur quartier. Nul doute que le livre tiré de l’exposition y contribuera tout autant, en plus de donner le merveilleux plaisir de déambuler, page après page, dans les rues d’un passé à jamais disparu [le livre est paru en novembre 2014].
Le texte suivant est tiré du livre Quartiers disparus. Red Light, Faubourg à m’lasse, Goose Village, sous la direction de Catherine Charlebois et Paul-André Linteau, Les éditions Cardinal, 2014, p. 35-37.