À partir des années 1870, le village d’Hochelaga s’industrialise rapidement et le manque de logements est criant. La filature Hudon construit donc des habitations, principalement pour sa main-d’œuvre.
Maisons ouvrières de la rue Saint-Germain - Atlas 1890
On sait que les propriétaires de la filature Hudon ont confié aux entrepreneurs Boismenu & Rhéaume l’édification d’un nouveau bâtiment pour agrandir l’usine et la construction d’un ensemble de résidences privées, sans toutefois que leur nombre soit mentionné. L’analyse de l’Atlas de la ville de Montréal de Goad de 1890 étaye cette hypothèse, qui est renforcée par le témoignage d’Andrew F. Gault, président de la Hochelaga Cotton Mills (compagnie qui résulte de la fusion de la Compagnie des moulins à coton de V. Hudon et de la St. Ann Spinning Co.). Dans le cadre de la Commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail en 1888-1889, M. Gault parle de 50 à 60 maisons ouvrières.
Les locataires des maisons ouvrières
Maisons ouvrières de la rue Saint-Germain
Dans le témoignage mentionné plus haut, le président de la compagnie avoue candidement que l’intérêt de la construction de ces logements réside dans la présence de jeunes filles habitant avec leurs parents, jeunes filles à qui on peut verser de maigres salaires. Rappelons qu’à cette époque, à la filature Hudon, le salaire des jeunes filles et jeunes garçons est le quart de celui des hommes et que celui des femmes équivaut à la moitié. À cette époque, le salaire est considéré comme familial. Il est donc primordial que les jeunes filles et jeunes garçons puissent travailler puisque le salaire d’un père est rarement suffisant pour faire vivre tous les membres de la famille. La majorité des employés de la filature sont des femmes, particulièrement dans la salle de tissage. C’est pour honorer ces femmes et ces filles que la nouvelle place située en face de l’église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga a été nommée « place des Tisserandes » en septembre 2017.
L’architecture des maisons ouvrières
Maisons ouvrières rue Dézéry
Il était fréquent de prévoir une porte cochère donnant accès à la cour arrière. Ces portes étaient utilisées pour faire entrer les chevaux ou, dans d’autres cas, pour permettre d’entrer dans un logement d’arrière-cour. Elles ont pour effet de diminuer l’espace destiné au logement du rez-de-chaussée. D’autres exemples de portes cochères se trouvent dans la rue Rouville.
Maisons ouvrières
Les maisons de la rue Saint-Germain ont été rénovées en 1981, exactement 100 ans après leur construction.
CHARBONNEAU, Réjean et al. De fil en aiguille, Chronique ouvrière d’une filature de coton en 1880, Montréal, Atelier d’histoire Hochelaga-Maisonneuve, 1985.
PAYETTE, Diane. Passeport pour Hochelaga-Maisonneuve, Montréal, Atelier d’histoire Hochelaga-Maisonneuve, 1981.
COUSINEAU, André. Passeport pour Hochelaga-Maisonneuve, 2e édition, Montréal, Atelier d’histoire Hochelaga-Maisonneuve, 1988.