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Le métier de policier à Montréal avant 1865

21 septembre 2020
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5 minutes

Avant que ne soit créé un service de police municipal indépendant, la sécurité dans Montréal était assurée par diverses organisations, officielles, mais plus ou moins efficaces.

L’affaire Gavazzi

Le 6 juin 1853, Alessandro Gavazzi, ex-moine défroqué devenu patriote italien, prononce un discours anticatholique à Québec qui met la ville en émoi. Trois jours plus tard, à l’invitation des loges orangistes locales, le « destructeur du papisme » se trouve au temple Zion de Montréal, situé dans la côte du Beaver Hall, à proximité du square Victoria. Le maire, Charles Wilson, craignant les débordements agressifs dépêche la police sur les lieux afin d’encadrer la foule qui se masse dans les rues avoisinant le temple. Il demande également à un détachement de la garnison de se tenir prêt à l’action dans une maison à proximité du temple. Parmi la foule, un bon nombre d’Irlandais catholiques, venus de Griffintown, n’hésitent pas à chahuter Gavazzi et ses partisans.

Les propos véhéments de Gavazzi enflamment les protestants à l’intérieur du temple et les catholiques à l’extérieur. Dehors, des pierres sont lancées en direction de l’édifice et des coups de feu sont tirés. Les participants, galvanisés par les mots de l’Italien, n’hésitent pas à riposter. Les policiers, seulement armés d’un bâton, ne font pas le poids et les militaires sont appelés en renfort. Le désordre règne et le tumulte s’accentue. Les officiers n’arrivent pas à se faire entendre et à contenir leurs effectifs. Les soldats, dans la confusion, ouvrent le feu. Au total, cette « Saint-Barthélemy » montréalaise, surnom donné à l’événement par la Montreal Gazette, tue une dizaine de personnes et en blesse environ 50 autres, majoritairement des protestants. Une enquête, déclenchée quelque temps après, ne détermine pas qui a donné l’ordre de tirer. Plusieurs mettent en cause le maire, mais, en fin de compte, personne ne sera reconnu coupable.

Références bibliographiques

GIROUX, Éric. Les policiers à Montréal : travail et portrait socioculturel, 1865-1924, Mémoire (M.A.) (histoire), Université du Québec à Montréal, 1996, 149 pages.

GREER, Allan. « The Birth of the Police in Canada », Colonial Leviathan. State Formation in Mid-Nineteenth Century Canada, sous la direction d’Allan Greer et Ian Radforth, Toronto, University of Toronto Press, 1992, p. 17-49.

LEFEBVRE, Fernand. « L’histoire du guet à Montréal », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 6, no 2, 1952, p. 263-273.

NADEAU, Jean-François. « De rares tensions au nom de la religion à Montréal », Le Devoir, 19 novembre 2016. (Consulté le 7 avril 2020).
https://www.ledevoir.com/politique/montreal/485123/depuis-le-xixe-siecle-de-rares-tensions-au-nom-de-la-religion-a-montreal

SENIOR, Elinor Kyte. « The Influence of the British Garrison on the Development of the Montreal Police, 1832 to 1853 », Military Affairs, vol. 43, n2, 1979, p. 63-69.

SYLVAIN, Philippe. « Le 9 juin 1853 à Montréal : encore l’Affaire Gavazzi », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 4, n2, septembre 1960, p. 173-216.

TURMEL, Jean. Premières structures et évolution de la police à Montréal (1796-1909), Montréal, Service de police de Montréal, 1971, 120 p.