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Des racines pour grandir, un projet belge adapté au contexte montréalais

Créé en Belgique, le programme éducatif Des racines pour grandir a été adapté par le Centre d’histoire à la réalité montréalaise pendant l’année scolaire 2018-2019. Un succès qui a de l’avenir.

Des racines pour grandir 2

Sur un pupitre est posée une feuille montrant un arbre généalogique. Les noms des membres de la famille se trouvent dans les racines.
Centre d’histoire de Montréal.
En septembre 2012, Vinciane Hanquet lance le projet Des racines pour grandir dans six écoles de Bruxelles. Enseignante au niveau primaire depuis plusieurs années, elle a constaté que souvent ses élèves savent peu de choses de leur histoire familiale, que cela les préoccupe et les rend parfois indisponibles pour l’acte d’apprendre.

Vinciane Hanquet propose alors un projet qui permettra aux enfants de partir à la recherche de l’histoire de leur famille, mais aussi de celle de l’endroit où ils vivent. Elle fait ainsi le pari qu’en apprenant davantage sur leurs racines, les élèves seront plus disponibles pour leurs apprentissages scolaires, et plus aptes à se projeter dans l’avenir. En quelques années, le projet atteint plus de 1500 élèves en Belgique.

En 2017, de passage au Québec pour présenter son projet, Vinciane Hanquet rencontre Josée Lefebvre, agente de programmes éducatifs, et Jean-François Leclerc, alors directeur du Centre d’histoire de Montréal, par l’entremise du Bureau des relations internationales de la Ville. Le projet belge rejoint les objectifs du Centre d’histoire pour plusieurs de ses activités, particulièrement le programme éducatif Vous faites partie de l’histoire! Ce programme est toutefois destiné à une clientèle très spécifique, soit les élèves des classes d’accueil du niveau secondaire. L’intérêt qu’a vu le Centre d’histoire dans le projet de madame Hanquet est qu’il s’adresse à des élèves plus jeunes, du troisième cycle du primaire, et qu’il s’adresse à tous, que ce soit des élèves nouvellement arrivés à Montréal ou ceux qui y sont nés et qui vont dans des classes ordinaires.

Le projet pilote à Montréal

Des racines pour grandir 1

Une jeune fille dessine sa famille sur une feuille.
Centre d’histoire de Montréal.
L’année suivante, en 2018, débute l’aventure de l’adaptation du projet Des racines pour grandir à Montréal avec la mise sur pied d’un projet pilote auquel participent quatre classes de l’école de la Petite-Bourgogne. Le remaniement est mené en collaboration avec l’équipe d’Une école montréalaise pour tous, un programme de soutien du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur qui « vise la réussite et la persévérance scolaires de tous les élèves montréalais qui font face aux enjeux liés à la défavorisation, notamment en contexte pluriethnique ».

Comme le projet belge est réalisé pendant toute une année scolaire et se déroule uniquement dans les écoles, il faut l’adapter au contexte muséal. Le budget du Centre d’histoire ne permettant pas de tenir des ateliers aussi fréquents, l’équipe a d’abord dû revoir les étapes et le matériel pédagogique pour l’ajuster à une moins longue période, et pour combiner journée au musée et ateliers en classe.

Le projet est lancé en octobre 2018 lors d’une rencontre réunissant Richard Moisan, d’Une école montréalaise pour tous, les quatre enseignants qui participent au projet pilote — Émilie Brassard, Geneviève Fréchette-Gilbert, Julie Godbout et Alex Marsolais — et l’équipe d’animation du Centre d’histoire. L’aventure débute avec les élèves le mois suivant et se poursuit jusqu’en mars 2019. Dix activités réparties en deux étapes ponctuent le projet. En novembre et en décembre, les élèves préparent leur arbre généalogique avec l’aide de leurs parents et ils situent leurs lieux de naissance et ceux de leur famille sur une carte. Ils passent ensuite une journée au musée durant laquelle ils découvrent ce que sont des récits de vie, et ils visitent l’exposition permanente pour en apprendre plus sur l’histoire de Montréal grâce à des récits d’enfants. De retour en classe, ils approfondissent leurs recherches sur leur famille et enquêtent sur les métiers et les qualités de leurs parents et de leurs grands-parents. Ils poursuivent leur travail en dressant une ligne du temps qui fait des liens entre leur histoire familiale et l’histoire montréalaise et mondiale.

Durant le congé des fêtes, les élèves collectionnent des objets et des récits de vie de membres de leurs familles, puis, au retour en classe, ils travaillent sur un deuxième arbre généalogique dit « arbre racine », qui leur permet de voir comment les forces de leur famille peuvent les aider à grandir. C’est ensuite le moment de préparer l’exposition finale du projet, qui se déroule à l’école, dans les classes ou dans la bibliothèque. Pendant l’exposition, fiers de ce qu’ils ont appris au courant des derniers mois, les élèves racontent aux parents, membres de la famille, élèves et personnel de l’école tout ce qu’ils ont découvert sur l’histoire de leur famille en leur présentant les objets collectionnés et les œuvres artistiques réalisées dans le cadre du projet.

Valoriser les liens intergénérationnels et interculturels

Des racines pour grandir

Une boite bricolée sur laquelle on peut lire : « Mes trésors de famille ». Un arbre est représenté.
Centre d’histoire de Montréal.
Le projet Des racines pour grandir s’intéresse aux récits de vie des familles des élèves et encourage le dialogue entre générations. Pour réaliser les différentes étapes du projet, l’élève doit demander de l’aide à ses parents et à ses grands-parents pour découvrir les morceaux de son histoire qu’il ne connait pas. En réalisant son arbre généalogique, par exemple, l’élève pose des questions sur des périodes de vie de ses grands-parents et arrière-grands-parents puis, plus tard, il en apprend davantage sur les métiers et les lieux de naissance de ses parents et grands-parents. Ceux-ci lui écrivent des témoignages sur leur vie, qui deviennent des trésors à conserver.

La démarche favorise également le dialogue interculturel, puisqu’elle s’intéresse aux récits de familles qui peuvent être montréalaises depuis plusieurs générations, mais qui peuvent aussi venir d’ailleurs au Québec, au Canada ou dans le monde. La mise en commun de ces histoires lors des discussions en classe et lors de l’exposition finale permet aux élèves de valoriser leur histoire familiale et leurs origines, tout en découvrant celles de leurs camarades de classe. Ainsi est mis en valeur tout ce qu’ils partagent aujourd’hui.

Une rencontre avec les enseignants du projet pilote en mars 2019 permet de peaufiner l’adaptation du projet. L’idée d’inclure une artiste en arts visuels au projet, pour guider les élèves dans la réalisation d’une œuvre collective et d’œuvres individuelles qui seront présentées lors de l’exposition finale, est lancée.

Un projet renouvelé pour 2019-2020

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Onze élèves sont assis à leur bureau et travaillent avec du matériel de bricolage.
Centre d’histoire de Montréal.
Le projet revient à l’année scolaire 2019-2020 mais, cette fois, il ne s’agit plus d’un projet pilote. Huit classes, de deux écoles différentes, se lancent dans l’aventure. Entre les mois de novembre et de janvier, les élèves partent à la recherche de leur histoire familiale et de celle de Montréal. À partir du mois de février, ils travaillent avec l’artiste Sophie Casson pour mettre en valeur les histoires de leur famille qu’ils ont découvertes depuis le début du projet. Ils font leur autoportrait en gravure pour décorer leurs carnets de témoignages, puis fabriquent un diorama (représentation tridimensionnelle d’une scène devant un décor peint) qui illustre un moment marquant de l’histoire de leur histoire familiale. Un élève raconte par exemple le jour où sa mère s’est perdue dans un champ de maïs, un autre relate le mariage de ses parents, puis un autre encore l’histoire de son père qui a été soldat dans son pays d’origine. Ces réalisations pourront être présentées lors de l’exposition finale. À la fin du projet, accompagnés de Sophie Casson, les élèves travaillent à la construction d’un arbre dans lequel ils inscrivent les qualités de chacun, souvent héritées de membres de leur famille.

Le déroulement du projet a été bouleversé par la fermeture des écoles en raison de la pandémie de la COVID-19, et il n’a pas été possible de réaliser l’exposition des travaux des élèves de l’année 2019-2020. Les enfants retiendront malgré tout les précieuses histoires, racontées par leurs parents et leurs grands-parents tout au long du projet.

Références bibliographiques 

CENTRE D’HISTOIRE DE MONTRÉAL. Des racines pour grandir. Guide pédagogique 2018-2019, Montréal, 2018.

HANQUET, Vinciane. Des Racines pour grandir. Guide pédagogique, Bruxelles, 2018.