Alors qu’en 1760, le Canada bascule dans l’univers colonial anglais d’Amérique, plusieurs marchands britanniques voient Montréal comme un lieu d’affaires prometteur!
Vue de Montréal 1760
Au confluent d’importantes voies fluviales, au cœur du commerce des fourrures, la cité a de quoi séduire les hommes d’affaires. Au lendemain de la guerre de Sept Ans, environ 50 protestants de Montréal sont désignés comme marchands. D’autres suivront, notamment avec l’augmentation des tensions entre l’Angleterre et ses Treize colonies. Ce sont Simon McTavish, James McGill, John Molson, les frères Frobisher, pour ne nommer que ceux-là, qui immigrent alors en sol montréalais.
S’installer en terre conquise
Plan Montréal vers 1760
De leur côté, les marchands britanniques arrivent en terre conquise. Ils usent de leur influence pour établir des règles économiques et politiques qui sont à leur avantage. Ils détiennent les contacts avec les gouvernants et les militaires qui leur garantissent l’accès aux différents marchés. Ils tirent également profit des départs de plusieurs membres de l’élite française en achetant des biens et des propriétés au rabais. Les commerçants de l’import-export profitent aussi du changement de métropole. Les biens autrefois importés de la France, comme certains articles ménagers, sont désormais de fabrication britannique, pendant que des matières premières (sucre, tabac, etc.) arrivent des colonies antillaises anglaises.
Faire ses preuves
Joseph Frobisher
La féroce concurrence entraine l’abandon de plusieurs joueurs, pendant que d’autres gravissent les échelons de la bourgeoisie montréalaise. Dans l’import-export, John Dunlop fait sa réputation avec son rhum et ses whiskies venus d’Écosse, son pays natal. L’Anglais John Molson construit, pour sa part, un empire familial brassicole. Du côté des fourrures, quelques marchands, dont McTavish et Joseph Frobisher, s’associent pour fonder la Compagnie du Nord-Ouest (1776). Elle devient, au début du XIXe siècle, la principale rivale de la Compagnie de la Baie d’Hudson jusqu’à leur fusion en 1821.
Des hommes d’influence
Buste George III
L’Acte de Québec (1774) vient changer la donne : les catholiques ont dès lors accès aux postes administratifs, la liberté de culte est affirmée et le droit civil français est maintenu. L’élite canadienne est désormais sur un pied d’égalité politique avec les Britanniques. Malgré certaines tensions, les bourgeoisies francophone et anglophone s’unissent pour réclamer une instance élue. L’Acte constitutionnel de 1791 leur donne en partie gain de cause. Il sépare le Haut du Bas-Canada et instaure des Chambres d’assemblée consultative. Après les premières élections (1792), la bourgeoisie commerciale, qu’elle soit britannique ou canadienne, domine aux deux tiers la Chambre. Dans l’est de Montréal, John Frobisher, marchand de fourrures, et John Richardson, homme d’affaires, sont élus, pendant que James McGill remporte dans l’ouest.
Entre les murs de Montréal
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IGARTUA, José E. « A Change in Climate: The Conquest and the Marchands of Montreal », [En ligne], Historical Papers / Communications historiques, vol. 9, n° 1, 1974, p. 115-134.
http://id.erudit.org/iderudit/030779ar
LAMBERT, Phyllis (dir.), et Alan STEWART (dir.). Montréal, ville fortifiée au XVIIIe siècle, Centre Canadien d’Architecture (CCA), 93 p.
VIAU, Roland. « Cohabiter avec l’autre : Canadiens et Britanniques avant 1800 », dans FOUGÈRES, Dany (dir.) et autres, Histoire de Montréal et sa région, Les Presses de l’Université Laval, 2012, p. 243-244.