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Alan B. Stone : photographe

19 janvier 2016

Figure de la culture gaie montréalaise, Alan B. Stone est un photographe passionné qui a construit une œuvre inspirée autant par les paysages urbains que les culturistes ou les sites naturels.

Alan B. Stone

Portrait d’Alan B. Stone lors d’une promenade en forêt.
Portrait d’Alan B. Stone, fonds d'archives d'Alan B. Stone, Archives gaies du Québec, ABS_228.
Alan B. Stone est un Montréalais anglophone né en 1928, qui a grandi dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. Durant son adolescence, entre ses études à la West Hill High School et ses activités liées au scoutisme, il développe son intérêt pour la photographie. Dans plusieurs de ses images prises au cours de cette période, on retrouve des thèmes qui reviendront par la suite dans son œuvre, tels le port, le canal de Lachine, la vie des camps scouts et le paysage urbain.

Ce sont les liens étroits qu’il entretient avec le milieu du scoutisme qui lui valent ses premiers contrats. Il s’agissait de produire des images didactiques pour illustrer la manière de faire des nœuds, les méthodes de sécurité aquatique et la vie scoute en général.

Une formation new-yorkaise

À l’âge de 23 ans, il part pour New York, où il fréquente une école de photographie. Cette année d’apprentissage viendra conforter son sens naturel de la composition picturale. À son retour à Montréal, à l’automne de 1951, il débute sa carrière de photographe indépendant qu’il poursuivra le reste de sa vie.

Alan B. Stone - Peintres

Photo de peintres installés le long d’un quai du port de Montréal.
1950. Peintres amateurs sur les quais. Fonds d'archives d'Alan B. Stone, Archives gaies du Québec, ABS 121.
C’est à cette époque que Stone entreprend un volet plus urbain de sa production photographique. En effet, sans doute encore imprégné de l’atmosphère de la grande ville américaine, il se passionne pour certaines parties de Montréal, en particulier le port avec ses marins et ses débardeurs, ainsi que la vie de la rue et le sport. Ce sont ces sujets de prédilection qui, entre 1950 et 1960, le conduisent à la photographie de culturistes. À cette époque, il existe un discret marché pour ces photographies, achetées surtout par des homosexuels. Les photos étaient publiées dans des magazines américains et européens consacrés aux modèles culturistes. Il n’est pas fortuit que cette activité photographique se soit déroulée à Montréal puisque c’est là que s’est exercée l’influence des frères Joe et Ben Weider, qui ont joué un rôle majeur dans l’émergence du phénomène culturiste mondial.

Sur les routes de l’Ouest canadien

Après l’abandon de ce marché, vers la fin des années soixante, Alan Stone voyagea beaucoup, en particulier dans l’Ouest canadien. Durant ces longs itinéraires, il photographiait notamment des sites historiques et naturels, pour des publications de tourisme.

Alan B. Stone - Marins

Photo de marins peignant la coque d’un bateau.
1950, Marins peignant la coque du lord Viking, fonds d'archives d'Alan B. Stone, Archives gaies du Québec, ABS 118.
Bien qu’une maladie arthritique, qui l’affligeait depuis longtemps, l’obligea à ralentir son travail durant les dernières années de sa vie, Stone poursuivit cet art qui le passionna jusqu’à sa mort en 1992. La majeure partie de sa production photographique professionnelle a alors été léguée aux Archives gaies du Québec, ce qui permit la découverte de l’œuvre de cet homme discret.

Cet article est paru dans le numéro 38 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il avait été écrit avec la collaboration de Jean-François Larose.

Références bibliographiques

DEITCHER, David. « Alan B. Stone and the Senses of Place », [En ligne], texte accompagnant l’exposition Alan B. Stone and the Senses of Places, présentée à The International Center of Photography, du 29 janvier au 9 mai 2010. [https://www.icp.org/exhibitions/alan-b-stone-and-the-senses-of-place] (Consulté le 31 mai 2016).