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Le mot de la présidence 

Avec la création du Conseil jeunesse de Montréal (CjM), la Ville de Montréal s’est dotée d’une instance consultative lui offrant un accès privilégié aux réalités, aux besoins et aux préoccupations de la jeunesse montréalaise. Depuis maintenant 20 ans, notre organisation contribue à la vitalité démocratique de notre ville par la production de travaux de recherche et d’événements qui visent à fournir aux élu-es des recommandations constructives à des enjeux concrets.

Bien que la contribution du CjM soit évidente, nous sommes collectivement en droit de nous questionner sur l’espace réservé à la jeunesse par l’entremise d’organisations comme la nôtre. Dans une société démocratique basée sur la représentation, les élu-es ne représentent-ils pas déjà toutes les classes de la population? D’où vient donc ce besoin de consulter spécifiquement les jeunes dans ce contexte? Ce questionnement a le potentiel de nous guider dans notre engagement et de nous aider à mieux concevoir la nature et la portée de nos actions.

La jeunesse est communément affublée d’une signification double et paradoxale. D’une part, la jeunesse est souvent perçue comme une période de la vie marquée par une certaine inexpérience. D’autre part, la jeunesse est le dépositaire de l’héritage collectif. Pour assurer la postérité de l’ordre social, on se fait donc un devoir de former les jeunes pour qu’ils soient un jour en mesure de se porter garants des institutions qui leur seront léguées. L’inexpérience de la jeunesse était donc jusqu’à tout récemment perçue comme un obstacle à la passation de la tradition qu’il était nécessaire de mitiger.

Or, la gravité et l’urgence que supposent les enjeux contemporains constituent un point de rupture historique. Une simple passation des modes de fonctionnement institutionnels supposerait en effet des conséquences sans précédent sur la pérennité de notre avenir collectif. L’inexpérience de la jeunesse — jusqu’alors dotée d’une connotation négative — constitue maintenant une richesse qu’il importe de cultiver. En tant qu’ils ne souscrivent pas complètement aux codes de leur société, les jeunes peuvent constituer notre espoir d’imaginer une société alternative au sein de laquelle notre avenir collectif est possible.

Consulter les jeunes pour éclairer nos choix politiques c’est donc offrir une place à cette indétermination propre à la jeunesse. Celle-ci peut — et doit — constituer le terreau privilégié de nouvelles idées qui surpassent la somme des réflexes habituels compromettant aujourd’hui l’édification d’une société à la hauteur de nos aspirations.

L’avenir est jeune ou il n’est pas.

Pascal-Olivier Dumas-Dubreuil